Édition internationale

MEURTRE DU RER D – Le procès de la récidive

Le meurtre en 2007 de la jeune Anne-Lorraine, sur la ligne du RER D, avait bouleversé la France entière. Son agresseur, récidiviste, ne lui avait laissé aucune chance. Son procès vient de s'ouvrir face aux parents de la victime, qui en plus du traumatisme de la perte d'un enfant, cherchent à lutter contre la récidive, trop épargnée par la justice française

Le 25 novembre 2007, Anne-Lorraine Schmitt, 23 ans, prend le RER D vers 10h30 afin de rejoindre son père, le général Philippe Schmitt, qui l'attend à la station de la Borne-Blanche (Oise). Malheureusement, l'étudiante en journalisme croise le chemin de Thierry Devè-Oglou. Elle n'arrivera jamais à destination et son corps sera retrouvé sans vie dans une rame en gare de Creil, le terminus de la ligne. Alerté par un usager, Stéphane Nowak, employé de la SNCF, découvre non sans surprise une scène des plus effroyables qui le "hante" encore.

Un meurtre violent et sordide
Croquis d'audience du procès de Thierry Devé-Oglou fait le 13 décembre 2010 devant la cour d'assises du Val d'Oise à Pontoise (AFP)
Au procès qui s'est ouvert lundi la famille Schmitt, leurs amis et même les témoins peinent à cacher leur émotion. Tout commence en réalité lorsque l'accusé demande à la fille de militaire de "faire l'amour", après qu'il ait repéré qu'elle était seule dans la rame de RER. Anne-Lorraine ne se laisse pas faire, alors même que son agresseur est armé d'un couteau. Elle se défend, "elle donnait des coups avec les bras et les mains" détaille son bourreau. "Elle s'est échappée une première fois, je l'ai rattrapée" poursuit-il. "On voyait qu'elle a lutté, elle a chuté, elle s'est relevée, s'est appuyée sur une vitre, est repartie..." explique Caroline Rohart, sapeur-pompier dépêché sur place. "Elle s'est énormément défendue", raconte Agnès Gorenflot, un officier de police judiciaire rapidement arrivé sur les lieux. L'instinct de survie de la jeune fille la poussera même à s'emparer du couteau de Thierry Devè-Oglou par la lame et à le blesser. Mais rien n'y fait, 34 coups de couteau seront relevés par le légiste dont seize en pleine poitrine. "Je ne voulais pas qu'elle crie, ça me prenait trop la tête" tente en vain de justifier l'accusé. "Quand nous sommes arrivés à Fosses, elle s'est assise. Là, j'ai redonné un coup de couteau, et je suis descendu du train" finit-il par lâcher.

Le même chef d'inculpation en 1996
Au-delà de la douleur de la famille, il faut également savoir que l'accusé n'en est pas à sa première condamnation. En effet, ce dernier avait été jugé en 1996 pour le viol d'une passagère du RER D, qu'il avait blessée d'un coup de couteau. "Pour ce viol, le meurtrier présumé de notre fille encourait dix ans de prison. La cour d'assises de l'Oise l'a condamné à cinq ans, dont deux avec sursis parce qu'il geignait et pleurait à l'audience. La cour a eu pitié de lui et a cru un expert, réputé, qui parlait d'un simple 'écart de conduite' et qui concluait par cette phrase: 'Le renouvellement de l'acte paraît peu probable.'" explique Philippe Schmitt. L'ancien militaire s'était étonné lorsqu'il avait appris "que sa liberté conditionnelle n'ait pas été révoquée dès lors qu'il ne suivait pas ces soins et ne se présentait jamais à son contrôle judiciaire". Désormais, ce papa esseulé se bat pour "qu'Anne-Lorraine ne soit pas morte pour rien, en ce sens que cet individu retrouve un jour la liberté et que de nouveau il récidive". Il cherche à faire en sorte que la justice "neutralise définitivement ces individus qui sont un danger pour la société et pour eux-mêmes. J'attends une mise à l'écart de la société le plus longtemps possible. Une véritable perpétuité perpétuelle". Mais, Philippe Schmitt craint "que le jury populaire inflige une condamnation assortie d'une peine de sûreté et que, par la suite, un juge d'application des peines la détricote en catimini" alors que lui souhaiterait "dénoncer cette cuisine judiciaire. Quand un criminel prend quinze ans, il doit faire quinze ans". "On ne négocie pas avec un meurtrier" martèle-t-il.
Marie Curci (www.lepetitjournal.com) mardi 14 décembre 2010

En savoir plus:
Article Le Figaro: Anne-Lorraine Schmitt, la bataille d'un père
Article RMC: «Ma fille il ne l'a pas tuée, il l'a massacrée»


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