Avec une envolée de 87 % des investissements résidentiels depuis 2020, l’Espagne s’impose comme l’un des marchés les plus dynamiques de la planète, talonnant de près l’Italie. Le coliving et les nouvelles formes d’habitat dopent l’attrait du pays, malgré une pénurie persistante de logements neufs.


Depuis la pandémie, le résidentiel a repris des couleurs dans les radars des investisseurs. Coliving, flex living, habitat partagé ou modulable… Les nouvelles formules attirent les capitaux à grandes lampées. Et l’Espagne s’y taille une place de choix.
D’après le rapport Global Living Investment Universe 2025 de JLL (Jones Lang LaSalle), cabinet de conseil immobilier mondial, le pays affiche une hausse de 87 % des investissements dans le secteur living entre 2020 et 2024. Un score qui le propulse au deuxième rang mondial, juste derrière l’Italie, championne toutes catégories avec +118 %.
L’Espagne, deuxième marché mondial du “living” après l’Italie en 2025
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec 740 millions d’euros injectés dans l’immobilier résidentiel au premier trimestre 2025, l’Espagne signe un démarrage d’année tonitruant. Ce montant représente à lui seul 27 % des investissements immobiliers réalisés dans le pays sur la période, et marque une envolée de 216 % par rapport à l’an passé.

Cottonbro studio, Pexels. / En Espagne, le coliving séduit de plus en plus de jeunes actifs et de nomades digitaux, attirés par un mode de vie flexible et communautaire.
Une fièvre immobilière qui dépasse les frontières. Depuis 2020, près de 70 % des investissements dans le secteur living espagnol viennent de l’étranger. Seuls quelques marchés ultra-attractifs – Irlande, Australie, Finlande, Danemark – font mieux. En première ligne, les fonds américains : deux tiers des capitaux investis dans le living à l’échelle mondiale proviennent des États-Unis. Et si l’essentiel reste dans leur cour, une partie non négligeable trouve son chemin jusqu’en Espagne.
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Le coliving séduit les investisseurs étrangers
Parmi les segments les plus dynamiques figurent le coliving et le flex living, qui ont concentré à eux seuls 630 millions d’euros d’investissements en 2024. L’Espagne s’impose comme l’un des terrains de jeu les plus prisés d’Europe pour ces formats résidentiels hybrides.
Un engouement que Paola Erhardt, directrice du pôle Living chez JLL Espagne, attribue aux atouts structurels du pays : « Les fondamentaux du marché espagnol, combinés à la solidité de son immobilier, agissent comme un aimant pour les capitaux internationaux. » Un afflux d’argent frais qui, espère-t-elle, permettra d’étoffer l’offre et de desserrer un peu l’étau sur le logement.
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Coliving, flex living : de quoi parle-t-on ?
Coliving et flex living désignent de nouvelles formes d’habitat pensées pour s’adapter à des modes de vie urbains, mobiles et communautaires. Le coliving, c’est la colocation version 2.0 : des logements partagés avec des espaces privés (chambres avec salle de bain) et des parties communes soignées (cuisine, salon, coworking). L’idée : créer du lien, réduire les coûts, et offrir des services inclus (ménage, Wi-Fi, activités). Le flex living mise sur la flexibilité : contrats de location simplifiés, durées modulables, logements meublés et prêts à vivre. Il cible les étudiants, jeunes actifs, freelances, ou expatriés de passage.
Madrid et Barcelone : des métropoles à court de logements neufs
Malgré cet engouement, seuls 5 % des logements construits au cours de la dernière décennie en Espagne l’ont été par des investisseurs institutionnels. Une proportion famélique, bien loin des 16 % enregistrés en moyenne dans les grands marchés de la zone EMEA.
Ce déficit structurel pèse sur l’équilibre du marché. L’Espagne figure parmi les grandes économies européennes où l’offre de logements neufs est la plus faible. À Madrid, entre 2019 et 2023, la production annuelle de logements n’a couvert que 0,6 % des nouveaux foyers. Résultat, la pression sur les prix ne faiblit pas. En 2024, la capitale a vu les prix de vente grimper de 21,6 %, et les loyers de 14,5 %. À Barcelone, la hausse a été plus contenue, mais reste significative : +9,7 % à l’achat, +9,9 % à la location.
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Cap sur les nouveaux formats
Pour les analystes de JLL, l’horizon reste toutefois porteur. Le secteur résidentiel mondial devrait capter quelque 1 400 milliards de dollars d’ici cinq ans. En première ligne : le logement collectif (multifamily), les résidences étudiantes et les logements pour seniors.
D’autres tendances devraient façonner les mois à venir. Les grandes transactions, supérieures à 100 millions d’euros, pourraient faire leur retour en force après deux années en sourdine. Les valorisations des actifs résidentiels, déjà en hausse de 4 % en 2024, pourraient bondir de 10 % en 2025.
En parallèle, la demande se tourne vers des logements plus petits, plus abordables, en particulier en coliving. Un segment qui devrait battre tous les records d’investissement en Europe. Mais l’offre, elle, reste freinée par la hausse des coûts de construction et des taux d’intérêt. La pénurie n’a donc pas dit son dernier mot.
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