En France, on vous a rarement pris en flagrant délit de visionnage de football en solitaire. Pourtant vous n'avez jamais vu autant de matchs que depuis que vous êtes en Espagne. Mais que vous arrive-t-il ?
(MorgueFile)
Pour vous, le PSG et l'OM c'est un peu la même façon de brailler, de boire sans modération et de s'énerver sur des types surpayés pour courir derrière un ballon. Certes en 1998 et avec la génération Zidane, vous aviez appréciez la France-qui-gagne et l'ambiance des menus "supporter"de votre Pizza Hut (1 grande pizza, 1 portion de frite et un pack de bière pour 22,50?), mais n'avez jamais compris la règle du hors-jeu ni pourquoi Zidane a bien fait de mettre un coup de boule à Materazzi. Pourtant, en Espagne vous n'hésitez pas à vous revendiquer Madridiste (du Real, ndrl) ou Culé (du Barça, ndrl) ou même à regarder quelques matchs tout seul. Mais enfin, que vous arrive-t-il ?
C'est qu'en Espagne, le foot c'est beaucoup plus que de la sueur, des cris, de la bière et des soirées pizzas. Sur une terre qui s'est déchirée entre voisins, régions et villages il y a 70 ans, la neutralité ferait de vous une cible. C'est peut-être parce que la rubrique Foot dure au moins autant de temps que le journal télévisé en entier, que même le chef du gouvernement y va de ses encouragements personnels envers le FC Barcelone.
Coincé dans une cafétéria bondée un samedi soir, vous comprendrez très certainement que si l'Espagne est une terre de foot, c'est parce qu'elle est une terre de politique. Vos deux voisins de table ne débattront pas de la politique économique du gouvernement, ni même de la crise ou de la visite du président Chinois, ici ça ne se fait pas. Tout cela n'a pas vraiment d'importance. Ce qui compte, au fond, c'est de savoir s'il vaut mieux gagner ou bien jouer. Le résultat ou le processus ? L'utile ou le beau ? Ce n'est déjà plus du football.
Choisissez votre camp
En traînant encore un peu dans ce bistrot bruyant, vous comprendrez mieux Silvia, brune et sévillane de mère en fille. Elle a choisi le Sevilla FC alors qu'elle est née dans une famille de Beticos (du Betis Séville, l'autre grand club de la ville, ndrl). Elle a aussi choisi d'être éducatrice spécialisée plutôt que banquier comme son père ou commercial comme son frère. Elle n'aime pas vraiment le football, mais plus que tout elle hait l'indécision. Macarena ou Esperanza de Triana, Real ou Barça, Mahou ou Cruz Campo, chez moi ou chez toi ? Vous êtes en Espagne, il faut choisir.
TFM (www.lepetitjournal.com) mercredi 18 mars 2009
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