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Nicolas Loupy : "Dassault Systèmes est au cœur de la révolution 4.0"

Nicolas LoupyNicolas Loupy
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Publié le 16 octobre 2018

Responsable de Dassault Systèmes pour la péninsule Ibérique, voilà 22 ans que cet ingénieur originaire de Paris a posé ses valises en Espagne. Sa carrière l'y a conduit à des postes de responsabilité chez plusieurs fabricants de logiciels américains, avant de prendre les rênes à Madrid d'un fleuron français en la matière. Conseiller du commerce extérieur de la France, membre du Conseil d'administration de la Chambre Franco Espagnole de Commerce et d'Industrie, il dispose d'un regard privilégié sur la transformation numérique et ses enjeux dans le pays.


C'est un peu la partie cachée de l'iceberg, un iceberg qui serait la holding Groupe Dassault, dont on connaît forcément les activités dans l'aviation, avec Falcon, ou la presse, avec le groupe Figaro, mais dont la branche Dassault Systèmes reste moins connue du grand public. Dommage, puisqu'elle représente, avec un chiffre d'affaires de 3,3 milliards d'€ et 16.000 employés à travers le monde, un poids presque équivalent en termes de revenus et supérieur en matière de ressources humaines, aux deux autres activités réunies. "Dassault Systèmes est un éditeur de logiciels, dont le métier consiste à aider ses clients dans leur transformation digitale", éclaire Nicolas Loupy. "Nous sommes le 5e ou 6e éditeur de logiciel au monde, après SAP, Oracle ou Microsoft, avec quelque 220.000 clients répartis dans 12 industries et 140 pays". Fin septembre, Dassault Systèmes a intégré le CAC 40.

 

L'Espagne n’est globalement pas pays de pionniers technologiques

 

Créé il y a 37 ans désormais, Dassault Systèmes est né de la conviction de Marcel Dassault que l'informatique devait révolutionner l'industrie. Le pari du magnat français n'est pas anodin : il perçoit très vite dans quelle mesure la maîtrise de l'outil informatique est cruciale pour son activité historique, la construction aéronautique, dont il espère faire bénéficier des avancées de Dassault Systèmes en la matière. Aujourd'hui encore, une part essentielle de l'activité de Dassault Systèmes est dédiée au secteur -et à Dassault aviation. Mais le savoir-faire du groupe lui a rapidement ouvert accès à de nombreuses autres industries, allant de la finance à l'automobile, en passant par le retail, les sciences de la vie ou la marine et le offshore, pour ne citer que quelques-uns des 12 secteurs où le groupe est actif. "Quand on vend du software, les décisions sont prises en centrales. En Espagne et au Portugal, nous travaillons avec les grandes entreprises dont le siège social est basé dans le pays", décrypte Nicolas Loupy, qui estime que le volume d'activité sur son territoire représente entre 1 et 2% de l'activité de l'ensemble du groupe. "L'Espagne n’est globalement pas pays de pionniers technologiques", analyse-t-il encore, "dans d’autres pays les cycles de vente sont plus rapides, la capacité à prendre des risques plus grandes. Ici, les clients ont besoin de beaucoup plus de références pour se décider. On s'adapte et on s'appuie sur les succès de notre marque dans d'autres pays, pour montrer la valeur de nos solutions".

 

Le groupe emploie une grosse centaine de personnes -dont 10% de Français- réparties entre Madrid, Barcelone et Valence

 

"Nous avons tendance à répliquer, en co-développement avec nos clients, des modèles qui ont fait leur preuve dans d'autres zones où le groupe est actif", développe le Français, "avec une forte activité dans l'aéronautique, l'automobile et le transport, l'énergie et le retail". Dassault Systèmes est présent directement en Espagne depuis 12 ans. Le groupe emploie une grosse centaine de personnes -dont 10% de Français- réparties entre Madrid, Barcelone et Valence. "Le centre de télévente de Barcelone emploie une trentaine de personnes, en charge de la commercialisation de certains de nos produits pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique", explique Nicolas Loupy. "Il s'agit de solutions destinées aux petites et moyennes entreprises, vendues via démo à distance et solution clé en main sur le cloud". Une équipe de 40 personnes basée dans la capitale est en charge du développement commercial pour la Péninsule. Le reste du personnel est réparti entre deux centres de recherche, à Madrid et Valence, pour deux types de produits. "Cela fait partie de la stratégie du groupe, qui croît aussi via l'acquisition d'entités complémentaires à notre portfolio", commente Nicolas Loupy. L'analyse de fluide à Madrid et celle des interférences électromagnétiques à Valence constituent les spécificités de Dassault Systèmes en Espagne, qui ouvrent des débouchés dans des industries là encore fort diverses. "L'analyse des fluides peut par exemple permettre de créer des simulations de concentration d'oxygène en cas d'incendie, utiles pour l'industrie du bâtiment. Elle est aussi utilisée pour l'optimisation des coques des bateaux de l'America's cup ou pour des applications de forage pétrolier", décline Loupy. "L'étude des interférences électromagnétiques trouve pour sa part ses applications dons le monde des satellites".

 

Nous sommes avides de profils bilingues, français - espagnol

 

Entre 2012 et 2018, le chiffre d'affaires de Dassault Systèmes en Espagne a été multiplié par deux, une belle performance. Parallèlement les équipes ont été multipliées par 5. "Nous avons la chance de travailler dans des secteurs très diversifiés", se réjouit Nicolas Loupy. "Lorsqu'un domaine se porte moins bien, il y en a toujours un autre pour compenser". "Nous avons des difficultés pour embaucher", s'étonne-t-il pourtant. "Dans tous les domaines, du commercial au technique, nous sommes avides de profils bilingues, français - espagnol". L'industrie, pour sa part, devrait connaître un avenir florissant, avec la révolution technologique du 4.0. "Cela fait des années que l'on ressent les effets, et cela va durer pendant un certain nombre d'années encore", prophétise le Conseiller du commerce extérieur. Et de continuer : "Tous les pays au monde ont une stratégie de transformation de leur industrie, qui passe par la prise en compte du 4.0 et de l'intelligence artificielle". "En Espagne, ce processus est très sélectif, restreint à quelques grands groupes nationaux". "Nous devons, avec les entreprises membres de la CFECI, créer une dynamique qui nous permette de partager et d'apprendre les uns des autres, pour cela a été créée la commission Industrie 4.0 de La Chambre qui organise des journées thématiques chez des industriels comme TECNATOM, PERNOD-RICARD, AIRBUS ou PSA, permettant de découvrir leurs projets de transformation industrielle, de partager et faire connaitre les savoir-faire des membres de La Chambre, tant industriels, technologiques ou services".

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