Difficile de trouver un emploi en Espagne par les temps qui courent. Et pourtant, les Français ont pour la plupart des atouts à faire valoir sur le marché de l'emploi espagnol, où certains secteurs continuent à embaucher. Rencontre avec Sylvie Merle, consultante en ressources humaines
Lepetitjournal.com : Y a-t-il un profil type du Français en recherche d'emploi en Espagne ?
Sylvie Merle : Je n'aime pas faire de typologie, mais globalement, il y a trois profils principaux. Tout d'abord il y a la personne de 45 ans et plus, installée en Espagne depuis de nombreuses années, intégrée dans la vie espagnole, qui travaillait ici avec un contrat de droit local, et qui a perdu son emploi suite à la crise. A cet âge là, pas facile de trouver du travail, même si ces personnes sont généralement bien formées, parlent plusieurs langues dont un espagnol impeccable, sont expérimentées, ont généralement une personnalité plus riche du fait de l'expatriation et sont rodés au travail en milieu interculturel. Avec une bonne expertise et un réseau, ce candidat pourra s'en sortir.
Il y a ensuite le candidat français de 30/35 ans, Souvent arrivé ici par le biais d'un programme d'échange type Erasmus, il n'est jamais reparti. Passionné par l'Espagne, arrivé à un moment où l'économie était encore florissante et dynamique ; il est presque plus espagnol que les Espagnols. Motivé, dominant bien la langue, sa première expérience professionnelle est souvent espagnole, il a commencé à créer ses propres réseaux.
Si l'expérience s'est déroulée dans le domaine commercial (prospection commerciale pour une entreprise française, réseaux boutiques, technico commercial) ou s'il a une formation et une bonne première expérience technique (ingénieur, technicien supérieur), il devrait rebondir facilement.
La situation est bien différente pour le candidat plus jeune, celui qui a entre 25 et 30 ans, qui veut suivre les traces de ses ainés, mais qui en arrivant découvre le niveau des salaires... et une crise profonde dans un pays où 20% de la population active est au chômage. Ici en moyenne, les bac + 5 gagnent en début de carrière maximum 29000? brut par an. Soit 1500? par mois.
Ils découvrent, dépités, la difficulté de trouver un premier emploi, même situation qu'en France, ils ne dominent pas encore très bien la langue, et se retrouvent cantonnés aux « petits boulots » aux « contratos basura » comme on les appelle ici, précarité garantie.
Sans parler de la résurgence du travail au noir et des salaires extrêmement bas proposés à un jeune débutant qu'il soit espagnol ou français.
Malgré la crise, y a-t-il des secteurs qui embauchent ?
Oui ! Dans l'informatique, les SSII, les réseaux sociaux cherchent toujours des « Community managers », il y a tous les nouveaux métiers. Mais aussi des techniciens, des câbleurs, des électriciens...et bien entendu toujours des commerciaux. Je constate que de nombreuses entreprises qui avaient mis des projets en suspend l'an dernier commencent à les redémarrer. J'ai l'impression qu'il y a donc un certain regain.
Quels sont les principales qualités que les candidats français peuvent mettre en avant ?
En Espagne, il n'y a pas d'équivalent au BTS. Ici les étudiants font cinq années d'études théoriques, de bon niveau mais sans expérience pratique. Le candidat français peut offrir une expérience acquise au cours des stages obligatoires, de la méthode dans son travail, la maîtrise des langues anglaise et française, la curiosité d'esprit et l'autonomie liées à l'expatriation, également la mobilité géographique, car il acceptera de changer de ville en Espagne, là où un catalan n'acceptera que difficilement un poste à Séville.
Mais attention : les jeunes Espagnols profitent eux aussi de plus en plus d'expériences à l'étranger pour s'ouvrir, apprendre des langues et acquérir de l'expérience. La concurrence locale va donc être de plus en plus forte.
Dans quels secteurs les Français sont-ils les plus recherchés ?
Je dirais dans tous les secteurs où des entreprises ayant un lien avec la France se développent en Espagne : l'aéronautique, la distribution, le luxe, l'industrie, il y a de nombreuses PME françaises ou filiales de groupes multinationaux qui sont présentes en Espagne et peuvent offrir de belles perspectives à un jeune enthousiaste et motivé.
Mais le candidat qui a toutes les chances de trouver un emploi ici devra impérativement parler correctement espagnol et faire comprendre le souhait qu'il a de rester.
Propos recueillis par Bruno DECOTTIGNIES (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Mercredi 13 octobre 2010
Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2012
Publié le 13 octobre 2010, mis à jour le 14 novembre 2012
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