ECO - Les Espagnols travaillent plus que les Allemands (et que les Français)

En mai dernier, Angela Merkel avait provoqué la ire ibérique avec ses remarques sur le temps de travail des pays du sud de l'Europe, faisant notamment référence au nombre de jours fériés et à l'âge de départ à la retraite en Espagne. Une étude menée par la banque Natixis remet les pendules à l'heure. Synthèse

(Les Espagnols travaillent 264 heures de plus par an que leurs homologues Allemands / Photo AFP)
C'était avant la crise du concombre. Mais déjà, Angela Merkel n'y était pas allée par quatre chemins : "Nous ne pouvons pas avoir une devise (commune), tandis que certains pays ont beaucoup de vacances et d'autres peu", avait-elle lancé au cours d'une réunion du CDU, l'Union chrétienne-démocrate. Pas normal non plus à son goût, que les départs à la retraite en Grèce, en Espagne ou au Portugal, se fassent plus tôt qu'en Allemagne. Bref, la chancelière laissait entendre que si les pays du sud souhaitaient recevoir des aides du nord de l'Europe, il faudrait se retrousser les manches, et se mettre au boulot. La presse ibère a largement rebondi sur l'affaire.

Le cliché de la siesta
Il semblerait qu'une nouvelle fois, les Espagnols ont été victimes du cliché de la siesta, qui a la dent dure. L'étude menée par la banque Natixis et publiée fin mai, permet de relativiser. En 2009, selon les données sur lesquelles s'appuie l'étude, les Allemands ont travaillé 1.390 heures par an en moyenne, les Français 1.554 et les Espagnols 1.654. Au total, 264 heures supplémentaires, que la chancelière a omis de prendre en compte dans ses calculs, mais qui s'expliquent facilement. Les chiffres publiés par l'OCDE en avril dernier indiquent eux aussi que les Espagnols travaillent un plus grand nombre d'heures par jour qu'en Allemagne. De façon générale, si les indicateurs sont plus élevés en Allemagne (durée hebdomadaire maximale de 48 heures contre 40 en Espagne, âge de départ à la retraite de 67 ans contre 65 etc.), c'est l'application des conventions collectives qui change largement la donne. Et au final, le temps de travail effectif est plus élevé au sud qu'au nord.
"Nous montrons que les Allemands travaillent beaucoup moins (sur l'année, sur leur vie) que les européens du Sud ; ils ne travaillent pas non plus, plus intensément" conclue l'étude Natixis, rajoutant : "la performance économique supérieure de l'Allemagne s'explique surtout par l'effort d'innovation et par le taux d'épargne plus élevé des ménages et des entreprises".

Antoine TESSON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 8 juin 2011