MONÔME - Le Lycée français de Madrid est un des derniers établissements à perpétuer la tradition

Vendredi dernier, les élèves de Terminale du Lycée français de Madrid ont participé à l'occasion de leur dernière journée de cours, à une manifestation d'adieu attendue par tous depuis longtemps. Dès les premières heures de la matinée, la Plaza del liceo était envahie d'adolescents frénétiques, barbouillés de la tête au pied, sous le regard étonné des passants. Déguisements, concerts et distribution de bonbons ont apporté par la suite une touche conviviale à cette tradition haute en couleurs.

(Photo lepetitjournal.com)

Farine, oeufs, mousse à raser, ketchup, colorant, mayonnaise, miel, poulpes et chantilly. Un menu qui chaque année, à l'occasion de la fin des cours se répète, convertissant pendant une bonne paire d'heures l'entrée du Lycée français en un champ de bataille. Une bataille bon enfant, cela va de soi. Criant et gesticulant, les élèves se donnent à coeur joie à un jeu du chat et de la souris, consistant à recouvrir les camarades d'un maximum d'ingrédients. Objectif : profiter un maximum de cette journée d'adieu, dans une ambiance de défouloir absolu. Sous le regard d'un détachement policier venu s'assurer qu'aucun incident n'émaille leur jeu, les gamins s'approprient, l'espace d'un instant, le fameux rond-point et les quelques rues adjacentes qu'ils ont fréquentés tout au long de leur scolarité, et qu'ils quittent désormais. Un adieu un peu turbulent, un dernier défi à l'autorité... Une fête avant tout. A l'abri des jets de toutes sortes, une maman amusée décrypte : "C'est un moment de liberté, mais aussi un joli au revoir. Les enfants adorent leur lycée, ils y sont très heureux. Le monôme, c'est un jour très important pour eux, ils l'attendent tout le long de leur scolarité avec impatience".

Le monôme du bac fut interdit par la Préfecture de police en 1968
Mais qu'est ce que le monôme ? "Une manifestation étudiante française apparu à la fin XIXe siècle", nous renseigne Wikipedia.  "Un des plus fameux monômes était le monôme du bac auquel participaient à Paris la masse des candidats qui venaient de finir de se présenter à l'examen du baccalauréat (...) Il disparut interdit par la Préfecture de police en 1968". "C'est une fête d'adieu qui n'a rien de négatif", explique une élève. "C'est le contraire d'un bizutage, parce que le but n'est pas de discriminer l'autre, mais plutôt de s'amuser". A Madrid, la tradition génère un tel engouement qu'une certaine coordination entre administration, parents d'élèves et municipalité est nécessaire, afin de contenir la phase de défoulement au mieux, et rendre au plus vite aux abords du Lycée leur aspect habituel. Dès 10 heures, les services de nettoyage actionnent leurs lances à eau. Les élèves, eux, se sont déjà dispersés, partis se changer pour participer à un tour d'adieu des classes du Lycée. Déguisés selon un thème établi à l'avance et qui change chaque année, les Terminales reviennent dans l'établissement pour effectuer une dernière visite aux classes et aux professeurs. Un moment émouvant, au cours duquel ils offrent des bonbons (achetés par l'administration) aux autres élèves, notamment les Primaires. A midi, un grand barbecue festif est organisé dans l'enceinte de l'établissement, réunissant élèves et corps enseignant, avec des concerts. Et si, comme l'avance Midi Libre,  "le monôme n'existe plus qu'à Sète, Roanne, Chambéry et au Lycée français de Madrid", pour les élèves du LFM c'est à n'en pas douter une grande revendication, défendue chaque année par les délégués de Terminale, auprès de l'administration.

VG (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 3 juin 2013
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