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"L’expatrié représente un pourcentage minime de la communauté française en Espagne"

Jean-Michel Béranger vit en Espagne depuis 30 ans. Arrivé à Madrid pour vendre du jambon cru aux Espagnols - il fallait le faire!-, il est aujourd'hui l'un des plus grands experts du secteur agroalimentaire. Il est aussi un membre très apprécié de la communauté française. Il vient d'ailleurs d'être nommé vice-président 1er de l'UFE.

jean-michel beranger expatrié en Espagnejean-michel beranger expatrié en Espagne
DR
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 21 novembre 2023, mis à jour le 2 décembre 2023

Même s'il n'aime pas le mot "expatrié" – on y reviendra-, le fait est que Jean-Michel Béranger a quitté son pays pour l'Espagne il y a 30 ans. "Je voulais faire mon VSNE, le service militaire pour une entreprise à l’étranger. J'effectuais justement mon stage dans une grande société qui avait une filiale en Espagne et ils m’ont demandé si je parlais bien espagnol et j’ai dit oui". Bon… Ce n'était pas complètement faux, ni complètement vrai, mais comme on dit, l'avenir appartient aux audacieux!

 

"En fait, mon espagnol était plutôt basique et au début, ça a vraiment été très dur. C’était un peu du 'hola quiere mi jamon?', et pas beaucoup plus. Et puis je devais prospecter en costume cravate sous 40 degrés! Les quatre premiers mois ont vraiment été galère". Et, petit "détail" important, ce qu'il devait vendre, c'était du jambon d'Aoste, un comble dans le pays du 'jamon serrano'! "Comme je racontais -ajoute Jean-Michel en riant, "j'étais venu vendre du jambon cru aux Espagnols"!

Sa vie, c'était son travail. Jusqu'au jour où tout va basculer pour lui et sa famille

Et quel chemin parcouru depuis lors! Jean-Michel est finalement resté en Espagne, où il a connu sa femme, et a engrangé une profonde expérience, toujours dans le secteur agroalimentaire. Il fait ainsi une grande partie de sa carrière dans des multinationales. Le jeune cadre voyageait constamment et aurait pu d'ailleurs chanter la chanson "Le blues du business man", entre aéroports, hôtels, aéroports, etc. Bref, sa vie, c'était son travail. Jusqu'au jour où tout va basculer pour lui et sa famille.

 

des français à un diner ufe Espagne
Les Français d'Espagne de l'UFE se retrouvent régulièrement autour d'une table. Bonne ambiance garantie!

 

"Il y a huit ans, j’ai fait un AVC. On m'a retrouvé inconscient dans ma chambre d’hôtel et j’ai été opéré à cœur ouvert. J’ai vraiment vu la mort, et d’ailleurs ce qui m’est arrivé, les médecins l’utilise aujourd'hui comme un cas d’étude! C’est à ce moment-là que j’ai dit stop. J’étais toujours hyper stressé, je passais ma vie à voyager, parce qu'avant, le travail était ma priorité. En fait il a fallu ça pour que je change de vie. Sans cet AVC, je n’aurais sans doute pas changé". Et il ne serait sans doute plus là… Alors que paradoxalement, s'il faisait tout ça, c'était pour sa femme et ses filles dont il est si fier.

J’ai vraiment vu la mort. En fait il a fallu ça pour que je change de vie

Jean-Michel quitte donc son travail et décide d'utiliser son expérience et ses contacts pour se mettre à son compte. "Ne plus avoir de patron, mais avoir des clients, c'est fantastique. J’organise mon temps. C'est une qualité de vie que j’ai gagnée".

 

Professionnellement, sa nouvelle vie s'organise autour de deux activités principales: la première est le conseil aux entreprises dans leur développement de marque ou de produits. C’est par exemple le cas des pommes de terre 'Princesse Amandine'. "Je m'occupe de développer la marque en Espagne et au Portugal et ça marche très bien. Princesse Amandine connait une croissance spectaculaire de plus de 30% par an et le produit est presque dans la totalité des chaînes de supermarchés".

 

Jean Michel beranger reçoit pour princesse amandine le prix saveur de l'année 2023 en Espagne
Jean-Michel Béranger reçoit en Espagne pour Princesse Amandine le prix 'Saveur de l'année 2023'

 

Un autre exemple est celui d'une entreprise espagnole pour laquelle il développe des produits plus élaborés. "Cette société produit des brocolis et du chou-fleur et donc on a créé une marque avec de nouveaux produits plus élaborés qui sont par exemple des soupes de brocolis ou de chou-fleur, du guacamole ou de l’houmous de brocoli, etc. En fait, la vente n’est qu’une toute petite partie de ce que je fais. Je travaille sur des projets".

Ne plus avoir de patron, mais avoir des clients, c'est fantastique. J’organise mon temps. C'est une qualité de vie que j’ai gagnée

Et des projets, il en brasse également beaucoup dans sa deuxième activité, le conseil en M & A (fusions et acquisitions), pour lequel il apporte son 'expertise' dans le secteur agroalimentaire. "Je me suis incorporé à One to One Corporate Finance, qui a été monté par un ancien banquier de Banif. Les grandes banques ont toutes une activité de M&A dont les clients sont de grosses entreprises. Or, l’Espagne est faite à 90% de petites sociétés familiales et donc il s’est rendu compte qu’il manquait une organisation qui puisse répondre à leur besoin. Moi j’apporte mes connaissances sur l’agroalimentaire et le cœur du marché sont des sociétés entre 10 et 300 millions de chiffre d’affaires. C’est un métier passionnant, cela demande une grande connaissance du secteur".

 

Jean-Michel Beranger et francis huss au gala de l'entraide en Espagne
Francis Huss, président de l'UFE , et Jean-Michel Beranger au gala de l'Entraide

 

En plus de son travail, Jean-Michel Béranger est bien connu de la communauté française pour son grand investissement dans le social. Quand il énumère toutes ses actions, on se demande quand il trouve le temps pour tout faire. Une journée n'a que 24 heures, même pour lui! "Justement, précise-t-il- depuis que je suis à mon compte, je suis beaucoup plus libre. Et c’est ce qui me permet maintenant de mener toutes mes activités, et sans stress".

 

Ainsi, cela fait tout juste 22 ans que Jean-Michel Béranger s'est investi au sein de l’Union des Français de l'Étranger UFE. "J’ai rencontré Francis Huss, qui venait tout juste d’être élu président de l’UFE, lors d’une soirée chez des amis. Il s’est rapproché de moi pour me demander si j'accepterais de le rejoindre pour rajeunir l’association et j’ai relevé le défi. C'est comme ça qu'a débuté cette belle aventure avec d'autres amis, consacrant notre énergie à organiser des sorties, des déjeuners, et des événements ludiques". Quelques années plus tard, Jean-Michel rentrait au conseil d’administration de l'UFE et, il y a quelques semaines, il a été élu premier vice-président.

L’UFE figurait alors sur la dernière page de tous les passeports français comme l’organisme à contacter en cas de déplacement ou de séjour à l’étranger

Pour rappel, l'UFE est restée jusque dans les années 1980 la seule association représentative des Français de l’étranger, et d'ailleurs, l’UFE figurait alors sur la dernière page de tous les passeports français comme l’organisme à contacter en cas de déplacement ou de séjour à l’étranger! Les choses ont évolué depuis mais l'association, qui organise pléthore d'activités de tout genre, reste en permanence à l'écoute des Français expatriés en Espagne.

 

"Je n’aime pas parler de 'Français expatrié' -tient à préciser Jean-Michel-. En fait, l’expatrié représente un pourcentage très petit de la communauté française en Espagne et à l’UFE nous sommes plutôt tournés vers le Français qui réside depuis plus de sept ans dans le pays" Pourquoi 7 ans?, à l'instar du film '7 ans de réflexion? Jean-Michel, qui connait bien le modus operandi du Français qui arrive en Espagne, est très clair: "En fait le processus est à peu près le même pour beaucoup des Français: ils arrivent en Espagne, pas comme expatrié mais en contrat local, et ils veulent juste se mêler à la culture espagnole, et ne veulent rien savoir des Français! Puis, après quelques années, à peu près 7 ans, ils commencent à avoir envie de faire des activités avec des Français. La plupart de nos membres résident depuis longtemps en Espagne. En général, il s’agit de binationaux, beaucoup de couples où l'un d'eux est Français et l'autre Espagnol ou d'une autre nationalité. C’est comme ça que je définis les membres de l’UFE". 

 

Atelier cuisine avec princesse amandine
Atelier cuisine de Princesse amandine: apprendre à cuisiner les pommes de terre avec de célèbres chefs espagnols

 

Jean-Michel Béranger est également membre du club Madrid international du Rotary. L'humain encore une fois est au centre des projets dont il s'occupe, en particulier le bien nommé "Sandia" (pastèque). "Nous cherchons des entreprises qui acceptent de donner des fruits et légumes pour des "comedores" (soupe populaire). Le problème des aliments donnés pour les soupes populaires, c’est que ce ne sont que des produits secs, c’est-à-dire des pâtes, du riz, des biscuits, bref, une alimentation pas très équilibrée, sans fruits et légumes. On cherche donc à améliorer la qualité de la nourriture des 'comedores'".

 

Et, le moins que l'on puisse dire, c'est que Jean-Michel a vraiment une vocation pour les organisations caritatives. Aux côtés de l’œuvre de Saint-Louis, il soutient des associations telles que Lazard, qui aide les sans-abris à retrouver aussi leur dignité ou les "Petites sœurs de l’agneau" qui cherchent du financement pour la construction d’un monastère à Madrid. "Il s'agit d'un très beau projet où se mélangeront des gens du quartier d'Usera et des sans-abris. Ces petites sœurs sont fantastiques et elles ont vraiment besoin de toute l'aide possible pour financer leur projet".

 

Armelle Pape van dyck
Publié le 21 novembre 2023, mis à jour le 2 décembre 2023

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