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François Musseau, le Français qui fait monter le journalisme sur scène

françois musseaufrançois musseau
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Écrit par Géraldine Bordère
Publié le 16 novembre 2018, mis à jour le 19 novembre 2018

Correspondant à Madrid depuis 20 ans pour le journal Libération, François Musseau est avant tout un conteur d’histoires. Avec le spectacle Diario Vivo (11 décembre), il fait monter sur scène des journalistes qui racontent, tour à tour, des histoires édifiantes, drôles ou émouvantes dont ils ont été les témoins.


Le lieu qu’il a choisi ne doit rien au hasard. 13h30, jour de fête de l’Almudena, rendez-vous est pris sur la symbolique Plaza 2 de Mayo au Pepe Botella, un bar typiquement madrilène resté dans son jus qui affiche quelques années au comptoir. L’occasion d’une première anecdote… "C’est un peu ironique de se retrouver là pour des Français. La Plaza del 2 de Mayo représente la résistance des Madrilènes contre l'invasion napoléonienne en 1808. Et Pepe Botella, c’est Joseph Bonaparte ! Pepe est le diminutif de Jose et Botella, c’est parce qu’il était alcoolique !" Rires. Le bonhomme aux yeux rieurs, aussi sympathique que volubile, savoure son effet sur son exclusif public. Au-delà de ses 20 années de correspondance pour le prestigieux quotidien français Libération, voici ce qui fait maintenant vibrer le quinqua érudit : partager des histoires et en écouter. En direct. Sans l’intervention d’un média ou d’une voix étrangère. "Dans cette époque d’immédiateté des réseaux sociaux et de décrédibilisation de la presse à cause des fake news, il faut revenir à l’essentiel : raconter, partager, exposer, relater. C’est l’origine de notre métier".

 

Il faut revenir à l’essentiel : raconter, partager, exposer, relater. C’est l’origine de notre métier

 

De ce constat, François Musseau a fait naitre Diario Vivo. Un spectacle vivant et éphémère, OVNI sur la scène espagnole. L’idée ? Huit journalistes se succèdent sur scène, dix minutes maximum, pour raconter une histoire de journalisme qui les implique, avec sons ou images à l’appui. Un journal vivant avec ses différentes rubriques (international, cuisine, culture…) que l’on regarde au lieu de feuilleter. Ephémère car il n’est ni enregistré ni filmé. "La première fois que j’ai vu ce type de spectacle, c’était en France il y a 4 ans. Là-bas, ça s’appelle Live Magazine mais le format est directement inspiré des Etats-Unis où chaque fois, il remplit des théâtres de 1.000 personnes ! J’étais subjugué, je me suis dit qu’il fallait absolument que je fasse ça en Espagne".

 

diario vivo madrid

 

La prochaine édition de Diario Vivo avec la première femme cyborg au monde

Pari réussi, le succès est au rendez-vous. Chaque édition s’est jouée à guichets fermés. Et la prochaine promet de ne pas déroger à la règle. Le programme est déjà bouclé mais François restera muet sur son contenu. "Ca fait partie du concept : le public ne sait pas à l’avance quelles seront les histoires". A peine saura-t-on que le spectacle pourra compter avec la présence exceptionnelle de Moon Ribas, première femme cyborg au monde qui s’est fait implanter des capteurs sismiques dans les pieds pour sentir les tremblements de terre. "Elle viendra raconter son histoire en dansant avec une voix off…"

 

Plus je vis ici, plus je me sens Espagnol et plus je me sens Français


 
Directeur, metteur en scène, coach, François Musseau assistera à la performance comme à chaque fois en coulisses, dans l’ombre. Fébrile. Et pourtant, des histoires édifiantes sur son métier, lui aussi en aurait un paquet à raconter. Parti dans les Balkans juste après son école de journalisme pour couvrir le conflit, il s’installe ensuite 5 ans en Inde et parcourt toute l’Asie du Sud Est pour son job. Avant le Brésil, un an. Mais c’est finalement en Espagne que le globe-reporter pose ses valises en 99. "J’avais déjà vécu 6 mois à Madrid pendant mon Erasmus en 87, j’avais beaucoup aimé l’ambiance de la ville. Quand j’ai su que Libération cherchait un correspondant ici, j’ai proposé mes services", se souvient-il.  La suite, on la connait. Vingt ans qu’il fait le lien entre la France et l’actualité espagnole (et portugaise). Sans perdre son identité. "Plus je vis ici, plus je me sens Espagnol et plus je me sens Français. Je ne veux pas choisir, je prends le meilleur des deux pays. La convivialité et l’énergie positive des Madrilènes d'une part. L’attachement à ma langue maternelle et à la culture française d’un autre côté". Espagnol autant que Français, journaliste de presse écrite autant que show-man, amoureux de son quartier bouillonnant de Malasaña mais toujours à la recherche d’un coin calme pour lire tranquille, François Musseau est sans aucun doute un homme de compromis. De paradoxe diront certains.


Diario Vivo, prochaine édition le 11 décembre au Teatro Cofidis Alcázar.
Plus d’infos et places en vente sur http://diariovivo.es/ 14€ l’entrée

geraldine bordere
Publié le 16 novembre 2018, mis à jour le 19 novembre 2018