Une douzaine d’hommes et de femmes en Espagne exercent la mission de Consul honoraire. Ils ne sont pas des agents de l’Etat mais des particuliers altruistes qui ont décidé de dédier une partie non négligeable de leur temps à leurs compatriotes installés ou de passage. Leur mission principale est décrite sur le site de l’ambassade : « la protection des Français et de leurs intérêts et le devoir de rendre compte aux autorités consulaires françaises des événements intéressant ces autorités. »
Un rôle méconnu au service de la France
« Mes grands-parents se sont installés en France dans les années 1960. J’ai été boursier de l’éducation nationale. Ma famille et moi-même sommes extrêmement reconnaissants de ce que le pays nous a offert. J’ai souhaité lui rendre ce qu’il a donné à ma famille. » Pedro Diebra, consultant dans le secteur financier, est consul honoraire de Las Palmas depuis 2016. Entre remises de papiers d’identité, situation d’urgence sur cette île qui accueille un demi-million de touristes par an, organisation des élections et participation à des événements autour de la francophonie, il compte environ 20 heures de travail bénévole chaque semaine.
Les consuls honoraires sont les relais de l’action du Consulat général de France. En contact permanent avec ce dernier, ils peuvent fournir des informations, aider des Français en difficulté et faciliter certaines démarches administratives.
Professionnels ancrés sur leur territoire, ils ont accepté d’exercer localement une mission de représentation et d’appui à l’action diplomatique, culturelle et économique de la France. Désignés pour cinq ans, en fonction de leur disponibilité, de leur connaissance de la langue et des arcanes territoriales, c’est l’ambassade qui choisit les candidats après entretien. L’Espagne donne son visto bueno.
Il n’y a pas de profil type. Ce qu’il faut d’abord, c’est l’envie de dédier son temps libre à ses concitoyens. C’est plus une question d’attitude que d’aptitude.
Philippe Cazeaux, directeur général d’une multinationale et consul honoraire à Murcia depuis 10 ans, raconte avec pragmatisme son quotidien. « Pendant que mes collègues vont jouer au golf, moi je vais à l’agence consulaire. »
Dynamisme et sens du service
« Si vous tenez à vos 35 heures et au temps libre de vos week-ends, ce rôle n’est pas pour vous ! » Benjamin Pocheron a 29 ans. Il est directeur de La maison de France à Grenade et consul honoraire depuis 2023. Curieux et débrouillard, il a eu envie d’aider les autres « de façon efficace ». Alors quand l’ancienne consule a pris sa retraite, il y a vu une opportunité concrète de mettre en œuvre son sens du service. « La reconnaissance dans les yeux des gens, c’est magnifique. C’est aussi pour ça que je fais ça. »
Consule honoraire de France à Valence depuis cinq ans et professionnelle de l’export, Karin Nylund insiste sur les valeurs de solidarité et d’empathie : « On est là quand un Français en a besoin, pas seulement pour retirer son passeport. C’est rassurant. » En octobre 2024, elle participe à la répartition de l’aide internationale pour les victimes de la Dana, via un groupe WhatsApp regroupant les cinquante consuls de Valence. Plus récemment, elle a organisé les 100 ans de Monsieur Lucien, un Français résident sur place depuis une quarantaine d’année.
Notre journaliste Paul Pierroux-Taranto au cœur de la DANA
Intégration dans le tissu local et appui du réseau consulaire en Espagne
L’ancrage local des consuls honoraires accélère souvent la résolution des problèmes. Le jour où une société française de location de bateaux a appelé Philippe Cazeaux parce que deux de leurs embarcations volées avaient été géolocalisées à Murcia, il a tout de suite pu prévenir le commandant de la Garde civile. « On a un accès facile aux autorités. C’est une petite région, ça aide beaucoup. » Malgré l’absence de statut diplomatique, le consul honoraire est intimement lié au territoire dans lequel il accomplit sa mission.
Côté réseau consulaire, « on se soutient. Si on a une question, on la pose à un collègue ou au consulat général », explique Benjamin Pocheron. « C’est un travail d’équipe, on partage un groupe WhatsApp entre consuls français et le site du consulat général est une mine d’informations », souligne Karin Nylund. Et chaque année, ils se retrouvent à Madrid pour s’échanger les bonnes pratiques et bénéficier d’ateliers de formation.
« Il faudrait tous nous réunir pour écrire le livre des « perles des consuls honoraires. J’ai des appels pour absolument tout : des demandes pour obtenir un permis de pêche, pour acheter des entrées à la Tour Eiffel ou des conseils touristiques… », raconte Philippe Cazeaux. Et Benjamin Pocheron de conclure : « La grande majorité des Français pensent qu’on est fonctionnaires et exigent une attention immédiate. Mais on reste des bénévoles jonglant avec d’autres obligations professionnelles. » Une agence consulaire n’est pas un consulat ou une ambassade. Elle ne possède donc pas toutes les compétences dévolues aux consuls généraux et aux ambassadeurs.
Plus d’informations sur le rôle et les coordonnées des consuls honoraires de France en Espagne.
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