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YO COMPRO SANO – Olivier Quero et Grégoire Destre : le combat des mauvaises habitudes culinaires

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 28 février 2014

Olivier Quero et Grégoire Destre ont fondé leur petite entreprise en ligne Yo Compro Sano afin de changer les mauvaises habitudes culinaires de ce 21e siècle. La toute jeune entreprise madrilène, créée il y a moins d'un an par ces deux Français, propose à ses membre un market-place qui leur permet d'acheter des produits frais directement auprès des producteurs sans passer par l'intermédiaire de la grande distribution. Pour mieux comprendre comment marche ce micromarché ?autonome- de produits frais, ils ont décidé de nous dévoiler les dessous de ce qui est bien plus qu'une entreprise, l'ambition de changer ?un peu et à leur échelle- notre façon de manger, sinon de consommer.

(Photo lepetitjournal.com)

Le concept regroupe actuellement une cinquantaine de producteurs et quelque 1.400 membres divisés en une vingtaine de groupes. Installé dans Madrid et sa périphérie, l'essentiel de la démarche se passe en ligne, gratuitement et sans engagement. Passer commande du lundi au samedi, récupérer son panier de produits frais la semaine d'après à jour fixe entre 17h30 et 20h30 voilà le concept. Un peu à la façon du modèle français ?La ruche qui dit oui?, le mini-marché voulu par Yo Compro Sano répond à une sensibilité écologique et environnementale flagrante. Ce qui a impulsé le projet et qui le motive encore aujourd'hui, pour l'un comme pour l'autre, c'est l'envie de ?donner du sens à leur activité d'entrepreneurs tout en impulsant du changement social? affirme Olivier Quero. L'ambition est grande, l'entreprise est encore petite, mais la volonté, ce n'est pas ce qui manque aux deux hommes.
 
Yo Compro Sano, comment ça marche ?
Le système est simple, s'inscrire gratuitement sur le site, choisir le groupe le plus près de son quartier de résidence, passer commande, effectuer le paiement en ligne et puis tout simplement, aller chercher ses fruits et légumes, sa viande, en bref son panier garnis une semaine sur deux au point de rendez-vous. Le consommateur peut choisir s'il veut manger bio mais surtout ce qu'il veut manger tout court. Contrairement à d'autres plateformes du même genre, Yo Compro Sano, basé sur ?un modèle de panier ouvert? se démarque par l'absence de quantité ou de prix minimum, indique Grégoire Destre. En bref, commander deux tomates et un concombre est possible, bien que dans la logique du groupe ?qui possède lui un minimum de commande- ce ne soit profitable pour personne. L'avantage peut en effet se transformer en inconvénient lorsque les commandes d'un groupe, jugées insuffisantes, se soldent sur l'annulation de la livraison au point de transit. Si cela arrivait plus fréquemment au début de l'aventure Yo Compro Sano, les deux associés affirment que c'est de moins en moins le cas. Et si cela arrive, ils sont catégoriques, le consommateur est automatiquement remboursé.

Pour Olivier Quero et Grégoire Destre, la seule contrainte suppose que les membres aillent chercher leur panier au point de rendez-vous. Un lieu de transit fixe, pas de livraison à domicile donc. Mais pour ces derniers, cela permet de créer une communauté de voisins unis autour de l'idée de consommation responsable et saine, mais aussi un lien avec les producteurs et les autres membres du groupe.

En plus de la gestion de l'entreprise, les deux associés se charge de chercher des producteurs, de recruter des responsables de groupe et de gérer les relations entre les membres via la plateforme en ligne. Mais à en croire leur témoignage, leur rôle va bien au-delà. Pour Grégoire Destre, il s'agit avant tout de ?rendre les producteurs actifs et impliqués au sein de la plateforme (?) afin de construire avec eux quelque chose basé sur la confiance et la transparence?. Le responsable de groupe se charge, quant à lui, de recruter des nouveaux membres et de ?dynamiser son mini-marché?. S'ils rappellent qu'un profil plutôt commercial est requis, tout le monde ayant un peu de temps libre et beaucoup d'envie peut potentiellement endosser la tâche du responsable de groupe.

Qu'est ce qu'on y trouve et à quel prix ?
Dans le panier de Yo Compro Sano, il n'y a pas que du bio, mais il y en a. Il y a surtout des produits frais insistent les fondateurs. Alors même si le fruit ou le légume n'est pas absolument lisse, poli et sans cabosses, il est frais et parfois même frais de la veille selon les produits. Il ne connait ni la congélation ni la chambre froide des grandes surfaces. Pour Olivier Quero, si cela paraît anodin, c'est en réalité primordial. Selon lui, les marchés madrilènes ne proposent pas cette prestation et la plupart du temps les produits ne sont pas frais, et ?peuvent parfois provenir de la grande distribution?. Autre gage de qualité et de respect de l'environnement, selon les fondateurs on ne trouve parmi les produits proposés que des produits de saison.

Ce marché indépendant de la grande distribution représente un avantage considérable pour les producteurs de proximités. Le prix des produits est à leur discrétion et ce, sans aucun contrôle des gestionnaires. Toutefois comme dans tout marché économique, même de moindre taille, le prix de la concurrence fait loi. Pour cette raison ?entre autres- les clients aussi sont avantageux affirment les deux associés. Sans l'extraordinaire marge des distributeurs intermédiaires, même avec des prix fixés par les producteurs, les tarifs restent inférieurs à ce que proposent les supermarchés, et pour une qualité supérieure. Comme partout, les produits bios ont des prix plus important que le reste. ?Tout dépend des produits, mais pour la viande il existe une grosse différence? indique Olivier Quero. Quant à l'entreprise, elle n'empoche que 20% des revenus remportés par la vente des produits, le reste revient aux producteurs. Parmi les 20%, 10% revient aux responsables de groupes pour toutes les ventes effectuées par son groupe.

Les objectifs? Aller encore plus loin
Au-delà du certificat bio de certains producteurs, l'objectif est également de réduire au maximum l'empreinte carbone en choisissant des producteurs de proximités, sur un périmètre de moins de 150 kilomètres de Madrid. ?Plus de 60% sont certifiés bio, mais ce qui est plus important, c'est la proximité, le contact, connaitre le producteur et travailler main dans la main avec eux, c'est le type de producteur qu'on recherche?, affirme Grégoire Destre.

Bien que ce micromarché, qui regroupe ?95% de consommateurs espagnols?, commence à se faire connaitre chez les Madrilènes via le bouche-à-oreilles et les réseaux sociaux, les deux associés espèrent que davantage de membres, consommateurs et responsables de groupe, souscriront à ce nouveau modèle de consommation. L'objectif au long terme étant d'étendre l'activité à davantage de membres, de quartiers, et de producteurs. Et peut-être même, d'ici peu, aller voir ce qu'il se passe du côté de Barcelone et du Pays Basque.

Laura LAVENNE (www.lepetitjournal.com/madrid) vendredi 28 février 2014

En savoir plus : http://yocomprosano.wordpress.com/

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Publié le 27 février 2014, mis à jour le 28 février 2014
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