Édition internationale

TRAFIC D'ORGANES – Une première en Espagne

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 mars 2014

Cinq suspects ont été arrêtés cette semaine en Espagne pour avoir eu l'intention d'acheter des organes. Un citoyen libanais aurait proposé jusqu'à 40 000 euros à des personnes sans ressources et en situation irrégulière, en échange de leur foie. L'Espagne, leader en transplantations d'organes, avait anticipé le commerce clandestin avec la réforme de son code pénal en 2010. L'OMC s'associe au gouvernement espagnol afin d'enrayer ce marché noir.

(Photo CC Naftanel MA, Harlan DM )

La brigade judiciaire de Valence a détenu cinq personnes de nationalité étrangère dans l'implication d'une tentative de transaction impliquant des organes humains. Le receveur, un politicien libanais de 61 ans, atteint d'une hépatite, aurait aménagé en Espagne pour tenter d'obtenir une greffe de foie. Dès l'été 2012 et suite à la plainte d'une ONG valencienne qui s'occupe d'étrangers en situation précaire, la police nationale a ouvert une enquête sur un éventuel trafic.

Rapidement, les autorités sanitaires ont constaté que plusieurs personnes avaient été soumises à des tests médicaux complexes dans une clinique privée de la région valencienne. Un intermédiaire aurait payé des factures médicales estimées à 15 000 euros pour des examens et analyses effectués sur les candidats afin de tester la compatibilité de leurs organes. Selon El Pais, deux candidats avaient été jugés compatibles, un citoyen roumain et une femme. C'est le premier qui aurait été choisi et se serait rendu dans une clinique barcelonaise afin d'entamer le processus de greffe.
Pour autant, et d'après El Periodico, l'opération n'a pas eu lieu grâce au système espagnol de contrôle des transplantations. Les responsables de la clinique barcelonaise auraient douté du lien entre le receveur et le donneur et donné l'alerte.
 
Espagne : première affaire judiciaire pour le leader de la greffe d'organes
L'arrestation du receveur et de ses complices constitue la première affaire de trafic d'organes en Espagne. La réforme du Code pénal de juin 2010 prévoit des peines de prisons pour ce genre de délits. Si d'après Reuters l'Espagne serait leader en matière de transplantations et donations, avec 500.000 transplantations en 25 ans, la législation espagnole interdit le négoce d'organes, que ce soit la vente ou l'acquisition. Pour autant elle permet des dons post mortem, avec l'accord de la famille et de l'expression de la volonté du défunt. Les donations du vivant sont limitées et contrôlées.

L'OMS tente d'enrayer le commerce clandestin d'organes  
En mars 2007, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) lançait un nouvel observatoire mondial des transplantations en coordination avec l'Espagne. L'organisation internationale s'alertait du marché noir en la matière, estimant les opérations en lien avec ce dernier à environ 5% du volume total des greffes réalisées dans le monde. Le rein est l'organe le plus demandé dans le monde selon l'OMS. Son trafic suivrait une logique Nord/Sud, comme le soulignait en 2003 l'anthropologue Nancy Scheper-Hugues "La circulation des reins suit des voies de transfert de capital biologique toutes tracées, qui mènent massivement du Sud au Nord, de l'Est à l'Ouest, des corps des pauvres vers ceux plus fortunés, des corps bruns ou noirs vers des corps blancs, des corps de femmes vers des corps d'homme, ou des corps d'hommes à statut subalterne vers des corps d'hommes à statut social plus élevé." En 2005, 66 000 reins ont été greffés, ce qui représente seulement 10 % des besoins estimés par l'OMS. Cette même année, 21 000 transplantations de foie ont également été réalisées.

Léa JOURDAN (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 13 mars 2014
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Publié le 12 mars 2014, mis à jour le 13 mars 2014
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