Le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a annoncé jeudi dernier des "mesures exceptionnelles" pour lutter contre la déflation et le ralentissement de l'économie européenne. Une solution de dernier recours qui pourrait avoir des effets bénéfiques sur la croissance espagnole.
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La Banque centrale européenne a décidé de mettre de côté ses préceptes orthodoxes, en faveur d'une monnaie forte et d'une inflation faible, pour relancer le crédit des entreprises et des ménages. Pour cela, l'institution bancaire européenne a "sorti l'artillerie lourde", selon l'expression du quotidien El Mundo, avec deux mesures phares. La première, abaisser le taux d'intérêt directeur de la BCE à un taux historiquement bas, proche de 0%, pour encourager les banques commerciales à prêter. La seconde, ramener le taux d'intérêt des dépôts des banques commerciales à la BCE à un taux négatif, -0,10%. Cela doit les inciter à investir dans l'économie réelle au lieu de laisser dormir leurs avoirs à Francfort. En outre, la BCE prévoit d'injecter 400 milliards de liquidités supplémentaires aux banques européennes à condition qu'elles s'en servent pour prêter aux entreprises et aux consommateurs.
En augmentant la somme des liquidités disponibles dans la zone euro, la BCE espère que les ménages et entreprises auront plus d'argent disponible pour investir et consommer, et ainsi relancer la croissance. Il s'agit également de dynamiser les exportations par un euro plus faible par rapport au dollar.
Des mesures qui doivent bénéficier aux économies en difficultés, notamment à l'Espagne
Les banques espagnoles devraient se financer plus facilement, ce qui est source d'espoir pour l'économie. Guillem López Casasnovas, conseiller de la Banque d'Espagne et professeur à l'université Pompeu Fabra à Barcelone, a affirmé vendredi à Europa Press que les effets de la réforme seront "immédiats" et voit les 400 milliards d'euros comme une "carotte" qui incitera les institutions financières à prêter. Il regrette cependant qu'un taux d'intérêt des dépôts à -0,10% ne soit pas suffisamment "spectaculaire" pour inciter les banques espagnoles à réactiver les mécanismes de crédit.
D'autant plus que, pour l'instant, les mesures n'ont pas eu l'effet escompté. Certes, les bourses européennes ont affiché une hausse à l'annonce de la nouvelle vendredi dernier. Mais le rendement des bons du Trésor espagnol à 10 ans ?qui mesure le niveau de confiance des investisseurs? est resté à un niveau historiquement bas selon El Pais. Ces inquiétudes quant à l'inefficacité de cette réforme sont relayées par les économistes allemands de la Deutsche Bank, réticents à l'idée de remettre en question la politique monétaire d'austérité adoptée jusqu'alors. De son côté, Mario Draghi n'envisage pas de changement de cap et laisse la porte ouverte à d'autres mesures, pourquoi pas un programme de rachat de dettes.
Sur le terrain, voilà déjà plusieurs années que les entreprises espagnoles sont confrontées à la difficulté d'accès au crédit, pourtant essentiel à leur développement. De l'avis d'Ismael Lara, fondateur de Compack Equino SL, une société spécialisée sur le lancement et la commercialisation d'inventions espagnoles, le vent serait de fait en train de tourner. "Depuis le printemps, les banques s'intéressent à nouveau à nos projets et nous contactent pour connaître nos besoins en matière de financement". Plutôt bon signe, quand on sait l'extrême prudence dont ont fait preuve les établissements de crédit jusque là. Et si les entrepreneurs ont jusque là dû faire preuve d'inventivité et se tourner vers des sources alternatives (financement privé, crowdfunding ou subventions publiques notamment), il semblerait bien que dans un avenir proche de nouvelles sources devraient leur être acquises.
Lison RABUEL (www.lepetitjournal.com - Espagne) mardi 10 juin 2014
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