Des chercheurs catalans ont découvert la molécule du VIH responsable de la propagation du sida dans l'organisme humain. Une trouvaille pleine d'espoir, qui laisse la porte ouverte à une nouvelle branche de médicaments, voire à un vaccin
(Photo archive lepetitjournal.com)
"Gangliosides", retenez bien ce mot barbare. Il désigne une molécule présente dans la membrane du VIH, dont le rôle n'était pas tout à fait défini. Mais voilà, un groupe de chercheurs de l'Institut de Chimie avancée de Catalogne du CSIC (conseil supérieur investigations scientifiques en Espagne), et de l'Université de Heidelberg en Allemagne, a fait une découverte fondamentale, présentée par la revue britannique Plos Biology : les gangliosides ont un rôle clé dans la propagation du virus du sida dans les cellules de l'organisme.
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Les molécules-clés découvertes
Leur mode d'opération : à la manière d'un virus informatique, ils pénètrent dans les cellules dentritiques, celles qui doivent activer les défenses immunitaires contre le VIH. "Les cellules dentritiques circulent dans l'organisme pour capter les microbes, déchets, et les transportent jusqu'aux globules blancs qui exterminent ces envahisseurs", a expliqué le responsable du groupe de recherche, Javier Martínez-Picado de l'Université de Barcelone, avec son coéquipier Bonaventura Clotet. L'équipe a donc découvert les cellules qui "déguisent" le VIH, et lui permettent, à la manière d'un cheval de Troie, d'entrer dans les cellules immunitaires.
Un nouvel espoir de guérison
Pour le prouver, il a suffi à l'équipe de Martínez-Picado de démontrer que l'absence de ganglioside inhibait l'effet néfaste du VIH. Une éclaircie pour la médecine : jusqu'aujourd'hui, les traitements de trithérapie permettaient seulement de limiter la propagation du virus. Une nouvelle famille de médicaments, qui bloqueraient l'action des gangliosides, pourrait donc voir le jour. Les chercheurs ont déjà synthétisé cette molécule inhibante. Celle-ci empêcherait non-seulement l'infection des cellules immunitaires présentes dans le sang, mais également celle des ganglions lymphatiques. Ce qui signifierait l'éradication du VIH de l'organisme.
La Catalogne, championne de la recherche
Et ça ne s'arrête pas là : le groupe de cerveaux catalans et allemands s'est mis à plancher sur un prototype de vaccin basé sur cette découverte. Cependant, les projets médicamenteux en cours ne sont pour le moment qu'à l'état de projet, et le coût très élevé de nouveaux traitements reste un obstacle majeur à leur diffusion.
La découverte du rôle des gangliosides témoigne une nouvelle fois de la grande efficacité de la recherche en Catalogne. La région, par le biais du Conseil Interministériel de Recherche et Innovation Technologique (CIRIT), est la plus active de la recherche espagnole, en favorisant par exemple les partenariats internationaux. La Catalogne contribuait à 21.6% de la production scientifique espagnole fin 2010, d'après le rapport trimestriel de la CIRIT.
Lucie BARRAS (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 26 avril 2012