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SANTÉ - La Communauté de Madrid face au problème du surpoids infantile

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 21 mars 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

D'après les données d'Eurostat, près de la moitié des Européens serait en surpoids, avec une proportion de personnes souffrant d'obésité en constante augmentation. En Espagne, et notamment dans la Communauté de Madrid, les chiffres sont aussi parlants et témoignent d'une situation préoccupante pour les enfants. Les problèmes liés au poids, par les répercussions qu'ils peuvent avoir sur la santé et le reste de la vie, sont aujourd'hui un enjeu à prendre en compte. 

(photo domaine public) Un rapport réalisé par le ministère de la Santé, "Étude de la prévalence de la malnutrition infantile dans la Communauté de Madrid", met à jour la situation préoccupante concernant la santé des enfants de la région. En effet, 30,8% de ces derniers souffrent de malnutrition et 96,4% d'entres-eux pour des raisons de surpoids ou d'obésité. Analyse effectuée à partir un échantillon de 1.938 jeunes de toute la région, elle montre également que plus les enfants grandissent, plus ils sont nombreux à souffrir de ces problèmes de santé. En effet, pour la tranche d'âge 2-4 ans, 5,1% des enfants sont en surpoids et 2% souffrent d'obésité, chiffres atteignant respectivement 23% et 14,7% pour les 5-14 ans. Ces données sont d'autant plus préoccupantes que ces chiffres sont supérieurs à ceux du reste de l'Union européenne où 20% des enfants sont en surpoids et 5% soufrent d'obésité. Ils restent toutefois moins élevés que dans le reste de l'Espagne, qui compte 26,2% d'enfants en surpoids et 18,3% en situation d'obésité, preuve que la péninsule fait partie des pays présentant un des taux les plus hauts de surpoids et d'obésité infantile. À ce titre, 64% des enfants de la Communauté de Madrid doivent introduire des changements dans leurs comportements alimentaires afin de veiller à avoir une alimentation plus saine et s'éloigner de ces potentiels problèmes de santé.

Des habitudes alimentaires en question
Afin de comprendre l'importance de la population infantile en surpoids, il faut s'intéresser aux pratiques alimentaires et aux habitudes de consommation des habitants de la Communauté de Madrid. On constate depuis quelques années une perte des habitudes alimentaires saines avec une diminution des personnes suivant la diète méditerranéenne pour se tourner vers la consommation de nourriture rapide et hypercalorique. De même, on s'aperçoit que la consommation de fruits et de légumes diminue, mais que celle de produits comme la charcuterie, la viande rouge ou encore les sucreries augmente fortement. En effet, les enfants sont 73% à suivre les recommandations de consommation de fruits, mais seulement 51,2% à suivre celles de la consommation de légumes, et seraient donc bien loin des recommandations faites par l'OMS (au moins cinq fruits et légumes par jour). On définit une situation d'obésité lorsque la balance énergétique de la personne est positive, à savoir quand les calories ingérées sont supérieures aux calories dépensées. Ceci tient notamment à la consommation de sucre que les nutritionnistes tendent généralement à faire baisser. Une étude publiée dans la revue Nutrienst, réalisée à partir de données récoltées en 2013 par la Fondation Espagnole de Nutrition, met ainsi à jour les aliments consommés par les Espagnols trop riches en sucre. D'après cette étude, on s'aperçoit que les plus jeunes dépasseraient de 10% la consommation maximale de sucre recommandée par l'OMS. Cela tiendrait essentiellement à la consommation de boissons sucrées et de soda (24% de la consommation en sucre et même 30% pour les adolescents), au chocolat mais aussi à celle de gâteaux et viennoiseries, ou encore aux céréales (produits qui ne seraient pas aussi sain que l'on pourrait le penser). 

Une mauvaise gestion des repas
D'après les analyses effectuées, il semblerait que cette forte proportion d'enfants en surpoids ou en situation d'obésité résulte aussi de la façon dont ils prennent leur repas, et notamment le petit-déjeuner. Considéré comme l'un des repas les plus importants de la journée et responsable de la régulation du poids, le petit-déjeuner est parfois occulté par les enfants ou alors pris de manière incomplète. D'après l'étude Aladino de 2015, 15,5% des petits Espagnols ne prendraient que de l'eau, du lait ou un jus, 8,4% rajouteraient un fruit, 6,4% des aliments comme des œufs ou du jambon et 12,3% des viennoiseries. Concernant la Communauté de Madrid, il s'avère que 96,9% des enfants de la région prennent un petit-déjeuner normal. D'autre part, c'est également le goûter qui est pointé du doigt avec la forte proportion d'enfants qui prennent des pâtisseries, des viennoiseries ou encore des donuts (aliments très sucrés) pouvant être mauvais pour la santé. En effet, 7,8% d'entres-eux en consomment chaque jour et jusqu'à 39% le font une à trois fois par semaine.

Des facteurs socio-économiques
Toutefois, le surpoids et l'obésité infantile ne sont pas uniquement dus aux pratiques alimentaires. Ils s'expliquent aussi par la conjoncture de plusieurs facteurs. On s'aperçoit en effet que des facteurs socio-économiques et les habitudes de vie jouent également un rôle. Le rapport du ministère de la Santé montre ainsi que le pourcentage d'obésité le plus élevé est souvent associé au bas niveau d'éducation et au faible niveau économique de la famille du jeune. On remarque en effet que les enfants de la région sont 6,5% à être affectés par le surpoids ou l'obésité lorsque leur mère a fait des études à l'université, chiffre qui atteint 19,5%, soit presque le triple, pour ceux dont la mère a fait des études primaires. Ils sont également plus nombreux à souffrir de ces pathologies lorsqu'ils font moins de trois repas par jour en sautant notamment le petit-déjeuner (souvent du à des problèmes économiques), lorsqu'ils dorment moins de huit heures par nuit ou encore lorsqu'ils passent plus de trois heures par jour devant la télévision, l'ordinateur ou les jeux vidéos, activités souvent alliées à la consommation de produits très caloriques (sodas, chips...). De ce fait, on s'aperçoit que l'obésité infantile résulte d'une relation complexe entre le style de vie et des facteurs biologiques et environnementaux.

Des campagnes d'information
Pour faire face à cette situation problématique, des initiatives sont développées notamment par la Communauté de Madrid afin de sensibiliser parents comme enfants à l'importance d'avoir une alimentation saine et équilibrée. On peut notamment faire référence au programme concernant les petits-déjeuners sains: "Desayunos saludables e Higiene Bucodental" qui cherche à informer la population sur l'importance du petit-déjeuner dans la journée d'une personne et les apports qu'il procure. De même, ce sont des exemples de petit-déjeuner qui sont proposés et dont bénéficient près de 30.000 élèves de la région. D'autre part, la Direction Générale d'attention à l'école primaire a mis en place une salle de santé publique pour les scolaires, située calle San Martín de Porres. Elle a pour but d'informer et d'éduquer la population afin que les gens adoptent dès le début de leur vie des habitudes saines. Elle organise ainsi des activités ludiques pour les scolaires (ateliers, projection de films, concours) et insiste sur les bonnes pratiques à adopter pour éviter les problèmes de surpoids et d'obésité.

Clémentine COUZI (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 22 mars 2017
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Publié le 21 mars 2017, mis à jour le 7 janvier 2018