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SAINT ANTOINE - Milous, Médors et Minets d'Espagne bénis vendredi dernier, jour du patron des animaux

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 19 janvier 2014, mis à jour le 20 janvier 2014

C'est une tradition qui trouverait ses origines dans l'Antiquité. Tous les 17 janvier, dans plusieurs églises d'Espagne, et notamment celle de San Antón, dans le centre de Madrid, bénédiction est donnée aux animaux domestiques apportés pour l'occasion par leurs maîtres. Si mirons et toutous constituent l'essentiel des bêbêtes à recevoir sur le porche de l'église la bienveillance divine, certains propriétaires aux goûts plus exotiques n'hésitent pas à apporter des compagnons moins ordinaires, au grand plaisir des badauds réunis pour l'occasion.

Il vient chaque année en bus depuis Vallecas, avec une panière pour transporter ses deux furets. Tito ne manquerait pour rien la cérémonie du 17 janvier : c'est pour lui l'occasion de bénir ses deux animaux de compagnie, de les "protéger". L'occasion aussi de chanter à un petit attroupement médusé, les louanges de cette sorte de belette domestique, "plus douce et plus propre que le chien". Dans la foule qui occupe la rue Hortaleza, en cette fin d'après-midi pluvieuse, un concert d'aboiements couvre les paroles de Tito, qui admet posséder par ailleurs un cobaye et deux chiens, restés cette fois-ci dans son appartement de la banlieue est de Madrid. De fait, du Chihuahua au Saint Bernard, la race canine est à l'honneur sous le goupillon du prêtre de l'église San Antón. Tremblotants ou retroussant les babines, tous reçoivent à la queue leu leu et dans les bras de leur maître, une bénédiction bien méritée.

saint antoine madrid
Entre tradition et croyances
A l'image de Sakura, 5 ans, adorable Dogue allemand d'un petit mètre vingt au garrot, qui s'ébroue après la session. "Nous avions depuis longtemps très envie de l'amener. Cette année l'occasion s'est enfin présentée", expliquent ses maîtres. "S'il était possible d'aller à la messe avec elle, nous le ferions, mais c'est malheureusement interdit". Si la religion explique la venue d'un certain nombre de personnes, c'est avant-tout la tradition qui semble motiver la majorité des spectateurs, avec ou sans animal pour leur tenir compagnie. Comme Loli, Bichon maltais sous le bras, qui estime "qu'il faut respecter les goûts de tout le monde". Ou encore Saias, Basset hound en laisse et couple d'Epagneuls contre la poitrine, venu pour "le côté amusant de la tradition".

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Du Bouledogue au cochon vietnamien

A quelques pas de l'attroupement, un stand de l'ANAA, association nationale des amis des animaux, informe les passants. "Tous les ans, nous sommes invités à participer à cette festivité", explique une bénévole. "C'est l'occasion de montrer aux gens d'autres réalités du monde animal, qui incluent les mauvais traitements et l'abandon des compagnons domestiques". Pas de grande surprise pour 2014 : hormis un cochon vietnamien, "très tendance dernièrement", les bénévoles n'ont pas vu défiler de bestiole improbable, à l'image de ce lynx qui s'est fait bénir sous leurs yeux il y a quelques années de cela. Et d'exprimer leur réserve quant à l'engouement des citoyens qui se procurent des animaux comme s'il s'agissait de produits de consommation courante, avec les modes, les enthousiasmes et les lassitudes desdits consommateurs. "Il y a quelques années c'était les Bouledogues, dernièrement les cochons vietnamiens...", commente-t-on depuis le stand. Chaque année, l'association recueille un grand nombre d'animaux abandonnées, chiots bâtards sans valeur commerciale ou chiens d'arrêt délaissés en fin de saison des chasses.

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Une coutume remontant à l'Antiquité

Si certains les abandonnent donc, d'autres recommandent à Saint-Antoine le Grand sa protection pour leur compagnon favori. Cette coutume remonterait à l'Antiquité, au cours de laquelle les paysans demandaient au Saint de protéger leur bétail des maladies ou des attaques des prédateurs. Un peu partout en Espagne, la tradition perdure, sous une forme ou une autre. A San Bartolomé de Pinarés, dans la province d'Avila, ce sont les chevaux que les habitants font bénir, avant de les faire s'élancer par-dessus le feu, dans une procession qui se répète depuis plusieurs siècles. On estime que c'est au début du 19e siècle que la bénédiction des animaux s'est popularisée.

Antoine TESSON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 20 janvier 2014
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Publié le 19 janvier 2014, mis à jour le 20 janvier 2014