La 7e édition du prix de la Chambre Franco-Espagnole de Commerce et d'Industrie a été célébrée lundi. C'est José Manuel Lara, Président de Grupo Planeta et Atresmedia, qui a été récompensé par l'institution, qui reconnaît l'exemplarité de son parcours et l'audace de ses choix entrepreneuriaux, dans un univers en pleine révolution : celui de l'édition et de l'information. "Autrefois, les changements étaient générationnels, aujourd'hui c'est tous les 5 ans", a commenté le lauréat.
(Photos octv.es)
Plus de 250 personnes étaient présentes au repas de gala de la CFECI, lundi soir, pour célébrer l'esprit d'entreprise, à un moment crucial pour l'économie espagnole qui perçoit les premiers frémissements d'une sortie de crise. Membres de la diplomatie économique, organismes français et espagnols, responsables d'entreprises, membres de la La Chambre et anciens lauréats étaient présents afin d'assister à la remise du prix à un personnage particulier de la sphère entrepreneuriale en Espagne, la Catalan José Manuel Lara. A la tête du groupe Planeta, premier groupe d'édition en Espagne et en Amérique Latine, deuxième groupe en France, le lauréat s'est distingué par sa capacité à s'adapter aux changements constants de son secteur, développant l'édition et la distribution de supports de communication, dans le contexte numérique. Son investissement dans l'Hexagone, avec l'acquisition en 2008 du 2e groupe éditorial français, Editis (entre autres grandes marques Robert Laffont, Bordas, Plon, Perrin, Editions XO, Le cherche midi, Nathan...), marque un moment "culminant" de sa carrière, comme l'a souligné l'intéressé lors de son allocution, mais en fait également un symbole de la réussite entrepreneuriale, "de part et d'autre des Pyrénées", comme a tenu à le souligner Domingo San Felipe, Président de la CFECI.
Le trophée a été remis à José Manuel Lara des mains de l'Ambassadeur de France en Espagne. Auparavant, Jérôme Bonnafont avait tenu à rappeler que l'industrie culturelle constitue une force économique primordiale dans l'ère de la globalisation. Il a aussi évoqué la sortie de crise, avançant que "c'est sur la capacité des entreprises à produire que repose notre avenir", soulignant ainsi l'importance de l'entretien et du développement de l'esprit d'entreprise chez les jeunes générations. "Nous avons à réussir le combat pour l'Europe de la croissance et de l'emploi" a par ailleurs déclaré l'Ambassadeur devant le parterre d'entrepreneurs. "Il faut convaincre nos partenaires européens que la machine doit repartir avec de l'investissement, qu'il faut remettre de l'énergie dans le système". |
130 millions d'ouvrages vendus dans le monde
Domingo San Felipe, après avoir retracé les grandes dates du développement du groupe Planeta, a souligné la capacité d'innovation dont a su faire preuve son Président. "Depuis sa création, le groupe a su introduire dans son fonctionnement de nouvelles formes de comprendre l'édition, la promotion et la distribution des contenus", a-t-il déclaré. Avec plus de 100 labels éditoriaux, 15.000 auteurs publiés et 130 millions d'ouvrages vendus dans le monde (en français, espagnol, catalan et portugais), le groupe Planeta se pose de fait comme un mastodonte incontournable du livre. Avec son développement dans la presse (La Razón, notamment), la radio (OndaCero, Europa FM) et la télévision (Antena 3, la Sexta), il a su se diversifier dans l'information et la communication. "Le groupe compte aussi sur une offre importante de contenus audiovisuels, avec la distribution de films et de séries télé", a complété Domingo San Felipe, ajoutant "c'est aussi une référence dans le monde de la formation professionnelle, avec les écoles de commerce EAE Business School et OnLine Business School, ainsi que le centre de formation à distance CEAC, ou encore l'enseignement des langues".
"Francophone et francophile"
De l'entreprise familiale créée en 1949 à Barcelone par son père, José Manuel Lara a su faire un groupe à envergure mondiale. "Pour entreprendre, il faut certes avoir un intérêt économique", à expliqué le lauréat dans une vidéo présentée au cours de l'acte, "mais aussi, et c'est indispensable pour la réussite de l'entreprise, un intérêt social". "Francophone et francophile", tel qu'il s'est présenté au public lundi, José Manuel Lara s'est dit impliqué avec son groupe "dans la grande guerre du livre digital". Une thématique particulièrement sensible à l'ère "de la globalisation et de la glocalisation", où la défense des particularités culturelles de chaque pays pourrait bien être remises en cause par les nouvelles formes de distribution des contenus et de rémunération des auteurs (voir à cet égard notre article sur la venue de Pierre Lescure à Madrid). "La France et l'Espagne, nous avons en commun, à la différence de la majorité des autres pays d'Europe, d'avoir une langue universelle", a rappelé le lauréat. "Cela nous unit dans une même défense d'intérêts communs". Rebondissant sur les spécificités de son secteur José Manuel Lara a analysé la rapidité des changements auxquels étaient forcés de s'adapter les entrepreneurs d'aujourd'hui : "Autrefois, les changements étaient générationnels", a-t-il expliqué, "aujourd'hui ce concept de génération se réduit à une période de 5 ans". Et d'ajouter : "Dans notre secteur, soit on investit pour se développer, soit on disparaît".
Enfin, si ce 7e prix à l'esprit d'entreprise était particulièrement symbolique du fait de son lauréat, c'est aussi, à la veille des 120 ans de la Chambre Franco-Espagne de Commerce et d'Industrie, le prélude de célébrations qui devraient, tout au long de l'année 2014, marquer "de manière ambitieuse", cet anniversaire. On peut dès lors se permettre d'être impatients de souffler les bougies avec La Chambre.
Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 20 novembre 2013
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