L'Espagne est une monarchie parlementaire et la Princesse Leonor a prêté serment à la Constitution le jour de ses 18 ans, comme l'avait fait il y a 37 ans son père, aujourd'hui roi d'Espagne, Philippe VI. Mais les circonstances politiques ont bien changé depuis.
"Je jure de remplir fidèlement mes fonctions, de respecter et de faire respecter la Constitution et les lois, les droits des citoyens et des communautés autonomes, ainsi que la loyauté envers le Roi". Tels sont les mots que l'héritière de la Couronne d'Espagne, la princesse Leonor, a prononcés à Las Cortes (la chambre des députés), comme le prévoit l'article 61 de la Constitution approuvée en 1978.
L'Espagne étant une monarchie parlementaire, la princesse Leonor a prêté serment devant les représentants des trois pouvoirs de l'État, législatif, exécutif et judiciaire: L'assemblée des députés (las Cortes Generales), dépositaires de la souveraineté nationale; le gouvernement de la nation et les plus hauts membres du pouvoir judiciaire.
Des circonstances politiques bien différentes
Cependant, Leonor a prêté serment dans des circonstances politiques très différentes de celles qui ont entouré l'accession de son père, en 1986. Le gouvernement était alors aussi présidé par un socialiste, Felipe González, mais il comptait sur une majorité solide de 202 députés et aucun des ministres n'était absent de la cérémonie. En outre, six des onze partis siégeant sur les bancs ont boudé l'acte, se déclarant contre la monarchie parlementaire, qu'ils définissent comme le "régime de 78", né de l'approbation d'une Constitution dont ils désapprouvent les fondements essentiels: la forme de l'État et l'unité indissoluble de la nation. De plus, tous les présidents de région n'ont pas été présents, comme en 1986. Ainsi, les présidents de la Catalogne et du Pays Basque n'ont pas assisté à la cérémonie, alors qu'en 1986, Jordi Pujol et José Antonio Ardanza étaient présents.
Leonor deviendra-t-elle la 4e reine d'Espagne?
La princesse Leonor régnera-t-elle un jour? Sera-t-elle proclamée reine d'Espagne, la quatrième après Isabelle la Catholique, Juana "La loca" (la folle) et Isabelle II? Difficile à dire. En 1978, la monarchie parlementaire était vue comme nécessaire pour la démocratie. Santiago Carrillo, leader du PCE, avait d'ailleurs déclaré qu'"au nom de la démocratie et de la paix civile, nous avons voté pour la monarchie". Mais il avait averti : "Tant que la monarchie respectera la Constitution et la souveraineté populaire, nous respecterons la monarchie".
Aujourd'hui, selon un sondage effectué en 2021 par 40dB pour la Plate-forme des médias indépendants, 39,4% des Espagnols soutiendraient la république lors d'un référendum et 31% la monarchie. L'ancien roi Juan Carlos, qui a abdiqué en faveur de son fils en 2014 pour des raisons encore à ce jour inconnues ou tout du moins officiellement, faisait alors encore parlé de lui au milieu de scandales qui ont peu à peu entaché l'image de la famille royale.