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OPUS DEI - Dans le sillage des conservateurs ?

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 5 janvier 2018

La récente victoire du Parti Populaire aux élections pourrait permettre le retour de l'Oeuvre de Dieu aux affaires, alors même qu'elle n'a jamais accepté la révolution morale entreprise par le le gouvernement Zapatero

(Photo Lepetitjournal.com)
Le goût du secret. C'est ce qui, depuis la naissance de l'ordre, le 2 octobre 1928 en Espagne, caractérise l'Opus Dei. A cela une raison : l'anticléricalisme qui ravageait alors le pays et prendrait encore plus d'ampleur dès l'avènement de la Seconde République. C'est dans ce contexte troublé que, pourtant, le père José-Maria Escriva de Balaguer, va réussir à développer l'ordre qu'il a fondé. Dans le secret. Un secret tel que l'Opus Dei en fera un dogme (article 191 de ses Constitutions -secrètes- rédigées en 1950 remplacé en 1982 par l'article 89) obligeant ses membres à la plus grande discrétion.
Mais discrétion ne veut pas dire inaction. L'Opus Dei réussit au fil des ans à s'infiltrer dans le gouvernement franquiste (12 ministres sur 19 en étaient membres à la fin des années 1960. Et quand Franco a décidé de restaurer la monarchie, c'est l'Opus Dei qui aurait fait penché la balance en faveur de Juan Carlos au dépend de son père Don Juan de Bourbon. L'Opus Dei poursuit aussi son action au sein de l'Église. Cette fois-ci, c'est Jean Paul II qui lui devrait le trône de saint Pierre. Le Pape rendra d'ailleurs à l'Ordre ce qu'il lui a donné, en faisant de l'Opus Dei une prélature personnelle (en 1982) et de son chef, un saint (en 2002).

80.000 membres environ dans le monde, près de 30.000 en Espagne...
Voilà pour la partie la plus visible de l'iceberg. Car, en parallèle, l'ordre n'a cessé de se développer. Il compterait aujourd'hui plus de 80.000 membres (dont plus de 1.500 en France et près de 30.000 en Espagne) sur les cinq continents (98 % laïcs), présents dans le monde politique et financier ainsi que dans l'éducation. Outre l'université de Navarre, fondée et gérée par l'Opus Dei depuis 1952, plusieurs établissements scolaires espagnols seraient sous la coupe de l'organisation. Mercredi dernier, à Madrid, c'était là un des axes de mécontentement des enseignants du service public, en grève pour la huitième fois depuis la rentrée. 
Sa lutte initiale, contre le communisme, aurait aujourd'hui été remplacée par sa volonté de freiner l'expansion de l'islam... Pour le reste, l'Ordre, qui se perçoit comme fondé "pour sauver l'Église et la Papauté" reste fidèle à ses principes, les fameuses trois "tâches" définies par Escriva et qui, selon lui, "salissent le monde": le matérialisme et l'athéisme marxistes ; la libération des femmes ; la laïcité.


"Tous les choix sociétaux que le gouvernement socialiste a pris furent en complète contradiction avec ses idées"
"C'est dire", explique Alain Vicondelet, universitaire membre de l'Académie catholique de France, "si la movida et les années Zapatero en Espagne furent sans cesse combattues par l'Opus. Tous les choix sociétaux que le gouvernement socialiste a pris furent en complète contradiction avec ses idées : mariage homosexuel, liberté sexuelle, évolution des m?urs, divorce et avortement facilités, etc. L'image de l'Espagne très catholique est balayée par ces années de profonde révolution morale, et l'Opus Dei a toujours travaillée à la fois ouvertement et en silence devant ce qu'elle a estimé être un désastre pour le pays".
Du coup, le retour des conservateurs pourrait bien lui redonner quelques couleurs : "Évidemment le retour des conservateurs au pouvoir et l'échec de Zapatero doivent la réjouir. Durant ces années 'noires', elle n'a pu cependant contrer les révolutions morales et politiques. L'Opus Dei s'est constituée en rempart spirituel contre les forces de gauche. L'institution l'a toujours soutenue en cela, persuadée que le pouvoir de l'Église et de Dieu surmontent toujours les temps de 'persécution'. Il est possible que certains des membres de l'?uvre se retrouvent dans le sillage du nouveau gouvernement, comme il y eut sûrement dans le gouvernement précédent ou dans ses officines, des anticléricaux notoires et des francs-maçons, de zélés opposants à l'Église". 
Une situation que l'on peut difficilement imaginer en France -bien que certains membres du gouvernement, sous Jacques Chirac, aient été proche ou appartenaient à l'Ordre. "C'est surtout dans les cabinets ministériels ou dans les milieux financiers", souligne Alain Vircondelet, "que l'on peut reconnaître des membres de l'Opus Dei. Mais leur vocation est discrète. Il n'y a pas de prosélytisme affiché." Le secret, toujours le secret.

Benjamin IDRAC (www.lepetitjournal.com - Espagne) jeudi 24 novembre 2011

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Publié le 24 novembre 2011, mis à jour le 5 janvier 2018
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