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MON AUBERGE ESPAGNOLE – Neuf mois de colocation à Madrid : témoignage

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 6 janvier 2018

J'ai débarqué à Madrid en janvier pour un an d'Erasmus, comme de très nombreux Français chaque année. Avec, en tête, l'image d'un Romain Duris déboulant à Barcelone dans L'auberge Espagnole, de Cédric Klapisch, devenu un mythe dans le genre. Et, à la manière de Xavier dans le film, j'ai expérimenté la colocation. Par deux fois. Un souvenir inoubliable.

(Photo lepetitjournal.com) Française, anglaise, hollandaise. Puis française, hollandaise encore, mais aussi chinoise, écossaise, espagnole, belge et américaine. Ce n'est pas une liste faite au hasard, mais la nationalité de toutes les personnes avec qui j'ai vécu à Madrid. Six mois à cinq dans un appartement, puis trois autres mois avec sept colocataires. Une expérience efficace pour s'immerger plus facilement dans un pays, une ville, à l'instar de Romain Duris en 2002.

Une histoire de culture
Voulant profiter au maximum de mon année, j'ai donc cherché un appartement à partager avec des étudiants ou travailleurs venant de pays différents. Une façon de découvrir la ville pour la première fois en même temps que d'autres, de se sentir rassuré d'une certaine manière. Et surtout, d'être confronté à d'autres cultures, américaine, européenne, asiatique. "On a souvent des choses en commun. Juste le fait de ne pas être chez soi, pas dans son pays, en fait une. Et puis souvent, on se retrouve avec des gens qui ont voyagé et qui peuvent parler différentes langues", commente Christine, Américaine de 27 ans. Des univers différents dans tous les domaines, donc, du rythme de vie aux habitudes alimentaires, en passant par la langue. Anglais, espagnol, français, hollandais, chinois. Une multitude de langues, d'interactions ou d'échanges différents entre les membres de la colocation, qui peut parfois donner le tournis. Espagnol dans la journée, anglais le soir, français de temps en temps, le cerveau fonctionne à 200%. C'est passionnant, mais parfois fatiguant.

Une histoire de partage
La colocation, c'est une histoire de partage avant tout. D'un lieu, d'abord, où seulement quelques mètres carrés sont réellement privés. Il faut s'habituer à être tout le temps entouré, rarement seul. Le bruit peut très facilement être une source de dispute. Mais, avec quelques règles et un peu de souplesse, tout se passe bien. Sandra, Hollandaise de 21 ans, retient surtout de cette proximité continue la disponibilité à tout moment d'un ou plusieurs colocataires. "Quand tu rentres, il y a toujours une personne qui n'est pas occupée et avec qui tu peux parler. Ça donne des conversations intéressantes, grâce au vécu de chacun, et ça me permet d'en apprendre plus sur les autres mais aussi sur moi-même", réfléchit-elle. Se créent des histoires, ensuite, avec un groupe de personne que l'on n'a pas choisi mais que l'on découvre très vite. "Ça donne un sentiment de famille que l'on quitte lorsqu'on déménage à l'étranger. Il y a toujours quelqu'un avec qui traîner, que l'on peut aider quand c'est nécessaire. Et puis ça fait des souvenirs en commun, des choses que l'on gardera", pose Louis, Belge de 25 ans.

julie erasmus madrid

Le mois de juillet marque la fin de l'aventure en Espagne pour des milliers de jeunes étudiants français, qui achèvent à cette occasion leur année d'échange universitaire à l'étranger, dans le cadre du célèbre programme de mobilité européen. Derniers cours et examens, dernières soirées, derniers échanges entres étudiants étrangers issus du même programme et bientôt ou déjà l'au-revoir... Quelles images garderont-ils ? Ressentent-ils une certaine appréhension à l'idée de rentrer au pays ? S'estiment-ils plus "employables" et plus "européens" désormais, alors que le programme emblématique a été menacé d'extinction cet hiver ? Témoignages.

Une histoire d'organisation
Le réfrigérateur, la salle de bain, les placards, la cuisine. À huit dans un appartement, il faut savoir s'organiser. Agathe, Française de 26 ans, vivant dans l'appartement depuis plus d'un an, l'explique : "L'organisation s'est mise en place facilement et nous n'avons jamais, ou presque, de difficultés pour partager les espaces communs. Chacun a son rythme, ses horaires, ses activités. Et tout cela se goupille au final assez bien". Trouver une place dans le réfrigérateur, un placard de vide pour sa nourriture, un moment de libre pour lancer une machine à laver. Donner cinq euros par mois pour les achats communs, attendre que la cuisine se libère un peu pour se préparer à manger. Une vraie organisation à élaborer. Le point le plus épineux reste le ménage : (heureusement !) chez nous, une femme de ménage passe chaque semaine pour nettoyer les parties communes.

Une histoire de chance
La vie en colocation n'est pas toujours aussi rose. Les retours que j'ai pu avoir de la part d'amis m'ont fait état de cohabitations difficiles, chaotiques. Peut-être ai-je été chanceux. Peu importe car, de mon côté, l'expérience aura été inoubliable. Et rien n'est plus juste que les paroles de Romain Duris, à la fin de L'auberge espagnole, pour résumer la vie en colocation : "Je suis elle, lui, elle, et elle aussi. Je suis français espagnol, anglais, danois. Je suis pas un mais plusieurs. Je suis comme l'Europe, je suis tout ça. Je suis un vrai bordel."

Baptiste LANGLOIS (www.lepetitjournal.com) Lundi 2 novembre 2015
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Publié le 1 novembre 2015, mis à jour le 6 janvier 2018
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