Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Madrid, toujours plus près du confinement

confinement madridconfinement madrid
Jorge Fernández Salas
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 30 septembre 2020

Le bras de fer continue entre Moncloa et Madrid. Quatre régions et Ceuta, qui représentent plus de la moitié des espagnols, ont voté contre le plan du gouvernement de confiner les grandes villes selon ses critères. Mais le gouvernement persiste et signe. Dix villes seront finalement confinées…

 

Tout semble indiquer que le week-end prochain dix villes de la Communauté de Madrid, dont la capitale, seront confinées. Le gouvernement publiera dans les prochains jours au Bulletin officiel de l'État (BOE) les restrictions approuvées ce mercredi par le Conseil interterritorial de la santé, malgré l'opposition de Madrid, de la Catalogne, de l'Andalousie, de la Galice, de Murcie et de Ceuta au plan du ministre de la Santé Salvador Illa et qui touche les municipalités avec une incidence de 500 cas pour 100 000 habitants.

Les communautés qui ont voté contre ont critiqué le "caractère arbitraire" des mesures imposées par le ministère de la Santé et demandé des "critères communs" qui tiennent également compte de facteurs déterminants tels que la densité de population ou la transmission épidémiologique. En bref, que les services d'épidémiologie puissent évaluer une situation en fonction des caractéristiques spécifiques de la ville, ainsi que de l'extension territoriale de la pandémie dans la municipalité en question, de l'effet sur les services de santé ou de l'impact de la pandémie sur les personnes âgées, entre autres. 

Dans le cas de la Communauté de Madrid - dont les mesures de restriction lancées dans 45 districts commencent à porter leurs fruits sans confiner entièrement la capitale -  elle demande que le gouvernement tienne compte du critère de capacité "d'élasticité" des lits d'hôpitaux et des postes de soins intensifs. Madrid se dit prête à augmenter sa capacité hospitalière et fait valoir que sa capacité en matière de soins intensifs est supérieure à celle reconnue par le ministère. 

Selon la proposition du gouvernement, pour les villes de moins de 100.000 habitants, ce seront les Communautés autonomes qui prendront la décision sur les éventuelles restrictions. Par contre, dans le cas des municipalités de plus de 100.000 habitants, le gouvernement central imposera des mesures visant à limiter la mobilité dans les grandes villes de plus de 100.000 habitants avec une incidence cumulée de plus de 500 cas pour 100.000 habitants sur une période de quinze jours, et qui ont également une positivité de plus de 10 pour cent dans les PCR et un taux d'occupation de plus de 35% dans les unités de soins intensifs de leur communauté autonome respective. 

Jusqu’ici, le gouvernement voulait appliquer ce barème uniquement dans la Communauté de Madrid, raison pour laquelle cette dernière avait demandé que les mesures soient les mêmes pour tous. Madrid (avec un taux d'incidence cumulé de 746 cas pour 100.000 habitants) est depuis plusieurs jours au centre de toute l'attention politique et médiatique, mais il existe d’autres villes d’Espagne qui ont des niveaux de contagion similaires ou supérieurs à ceux de la capitale espagnole. 

Selon les données de 2019 de l'Institut national de la statistique (INE), cette décision pourrait concerner au total 63 municipalités dans toute l'Espagne, et près d'un tiers de la population du pays: 18,8 millions d'habitants. Dix de ces 63 municipalités ont une incidence cumulée supérieure à 500 cas pour 100.000 habitants. Il s’agit de Madrid(746), Alcalá de Henares (525), Alcobendas (979), Alcorcón (754), Fuenlabrada (1.166), Getafe (773), Leganés (725), Móstoles (629), Parla (1.156) et Torrejón de Ardoz (795). 

Ces dix villes, qui toutes appartiennent à la région de Madrid, seront donc confinées dans les prochains jours, puisque ces mesures entreront en vigueur dès leur publication dans le journal officiel. Il s’agira cependant d’un confinement plus "light", rien à voir avec celui de mars. Quoiqu’il en soit, on devrait en savoir plus avant vendredi. En attendant, la Communauté de Madrid a définitivement déterré la hache de guerre. Elle a en effet déclaré il y a quelques heures qu’elle n’appliquerait en aucun cas ces mesures car elles ne sont pas "juridiquement valables". La balle est à nouveau dans le camp du gouvernement.

La seule bonne nouvelle nous vient de l’ECDC (Centre Européen de prévention et de Contrôle des Maladies. Certes, les chiffres de l’Espagne dans son ensemble, et de ses 17 Communautés Autonomes, sont très mauvais, mais la transmission du virus n'est pas "communautaire" ; elle reçoit le qualificatif de "foyers de contagion" (cluster of cases), qui sont donc susceptibles d'être détectées, localisées et isolées.

Sur la carte établie par l'ECDC (par régions), on peut ainsi voir que l'Espagne, l’Italie ou l’Allemagne sont colorées en orange foncé, ce qui correspond au fait qu’il y a ces foyers. Par contre, d'autres pays comme la France ou la République tchèque sont représentés en rouge foncé, la couleur qui représente les zones où il y a une transmission communautaire. C'est le plus haut niveau de transmission parmi ceux établis par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).


 

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions