Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 1

Le débat sur l'euthanasie secoue le parlement espagnol

euthanasie espagneeuthanasie espagne
Martha Dominguez
Écrit par Perrine Laffon
Publié le 12 février 2020, mis à jour le 17 février 2020

Le gouvernement espagnol vient de poser la première pierre pour construire une loi encadrant le droit à une mort digne pour certains malades. Une proposition qui a provoqué de violents débats dans l'hémicycle. 

 

Le congrès des députés a donné mardi le feu vert à l'examen d'un projet de loi afin de reconnaître le droit à l'euthanasie en Espagne. Dans la lignée de la législation existante en Belgique par exemple, la proposition de loi prévoit le droit à l'euthanasie pour des patients souffrant d'une maladie incurable "provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable", et qui vivent cela comme une situation "indigne et inacceptable". Le processus devrait passer par la formulation de la demande expresse du patient, l'accord d'un premier et d'un second médecin, puis le patient devra à nouveau confirmer sa volonté d'être euthanasié avant de pouvoir accéder à l'intervention. Le processus final, dont les modalités restent encore à définir, viserait l'administration au patient d'une substance lui provoquant une mort "rapide, efficace et indolore". 


Laissez-nous mourir dignement

La député socialiste María Luisa Carcedo a commencé la présentation du texte de loi en citant les paroles de Fernando Cuesta, un Espagnol atteint d'ELA qui a dû partir en Suisse pour mourir par euthanasie, loin de chez lui et à ses frais : "Que ceux qui veulent continuer à vivre le fassent, mais qu'ils laissent les autres mourir dignement". Selon la députée socialiste, qui a lancé un appel au rassemblement autour de cette question de société, "peu importe notre parti, la douleur humaine n'a pas d'idéologie". La proposition a été vivement soutenue par les députés de Podemos, qui avaient déjà porté ce débat au parlement, ainsi que par les partis nationalistes catalans et basques, qui ont tous applaudi le lancement d'un cadre légal pour un droit à une mort digne pour les personnes en souffrance. Même le parti Ciudadanos, qui avait lui aussi déjà lancé ce débat, soutient l'idée générale du projet et reconnaît que le droit "à mourir dignement et sans douleur est compatible avec la loi présentée sur l'euthanasie". 


À ceux qui approuvent cette loi : que Dieu vous pardonne

La proposition de loi formulée par le parti socialiste espagnol, qui va a l'encontre des principes de la droite espagnole et de l'Église catholique, a suscité des échanges tendus entre les différents groupes. Le Partido Popular et Vox se sont opposés au projet et accusent le gouvernement de vouloir économiser en coûts sociaux en éliminant les malades. Pour le député du PP José Ignacio Echániz, pour qui "toute vie est digne d'être vécue", il faut prendre soin des malades et développer les soins palliatifs. "En finir avec les malades n'est pas la solution", a-t-il déclaré à la tribune. Les députés du parti Vox ont accusé le gouvernement socialiste de ne pas trouver de meilleure solution au problème des retraites, et ont été encore plus incisifs en accusant ce projet de loi de "convertir l'État en une machine à exterminer", et les médecins "en leurs complices et bourreaux". Lourdes Méndez Monasterio, représentante du groupe d'extrême droite, a terminé son intervention par cette phrase accusatrice : "À ceux qui vont approuver cette loi, que Dieu vous pardonne". 

Tous les députés du Congrès ont soutenu la proposition, à l'exception de ceux du PP et de Vox. Avec 201 votes pour, 140 contre et 2 abstentions, le projet de loi va être débattu au Congrès puis au Sénat pour pouvoir être définitivement inscrit dans la législation espagnole cette année.

perrine laffon
Publié le 12 février 2020, mis à jour le 17 février 2020