

Quelques heures après le déclenchement du processus d’investiture, le dialogue entre PSOE et Unidas Podemos n'est toujours pas des plus fluides. Les accords entre les socialistes et la gauche radicale mèneront-ils au premier gouvernement de coalition depuis la transition démocratique ?
La première séance du processus d’investiture a eu lieu ce lundi à midi. Comme prévu, le PP refusera de s’abstenir comme l’avait demandé Sánchez. Pour l'intéressé, c'est en quelque sorte œil pour œil, dent pour dent, puisqu'il avait lui-même refusé de s’abstenir il y a deux ans lors de l’investiture de Rajoy. Sans surprise Ciudadanos et Vox n’approuveront certainement pas non plus l’investiture du socialiste. Un des cofondateurs de Cs, Francesc de Carreras, a quitté le parti, marquant son désaccord avec la direction de Ciudadanos. On en était là en fin de semiane dernière, avec la perspective de nouvelles élections générales d'ici la fin 2019, quand Pablo Iglesias a lancé un pavé dans la marre : le leader de la gauche radicale, contrairement à toutes ses annonces effectuées antérieurement, acceptait d'apporter son appui à l'investiture de Sánchez, sans exiger d'entrer personnelement dans le gouvernement. La condition constituait le principal blocage à un gouvernement de coalition de la gauche. Depuis les deux formations négocient contre la montre et ce lundi matin Pedro Sánchez a effectué un premier discours d'investiture de deux heures, qui s'est conclu par une main tendue vers Unidas Podemos.
No debo ser la excusa del PSOE para que no haya un gobierno de coalición de izquierdas. Estar o no en el Consejo de Ministros no será un problema siempre y cuando no haya más vetos y la presencia de Unidas Podemos en el Gobierno sea proporcional a los votos pic.twitter.com/UcBoukAj7H
— Pablo Iglesias (@Pablo_Iglesias_) 19 juillet 2019
Le parti d’Iglesias tente de se frayer un chemin aux portes du gouvernement dans les meilleures conditions qui soient. Podemos réclame des ministères en proportion au nombre de voix (et non de députés) et quel que soit l'issue des négtociations, Sánchez devra se faire à l’idée d'un gouvernement penchant plus vers la gauche que vers le centre, s’il veut espérer avoir la majorité simple jeudi lors de deuxième séance d’investiture. Une coalition serait une première depuis la transition démocratique. Des accords programmatiques ne devraient pas poser de problèmes, en revanche c’est bien sur les postes au gouvernement que les accords coincent, et ce problème ne devrait pas être résolu avant jeudi.
Tenemos la oportunidad de progresar en:
— Pedro Sánchez (@sanchezcastejon) 22 juillet 2019
-Empleo digno
-Revolución digital
-Transición ecológica
-Feminismo
-Justicia Social
-Más Europa
Pido la confianza de la Cámara para desbloquear la formación del Gobierno y hacer que España pueda avanzar.#SánchezSí #SesiónDeInvestidura pic.twitter.com/AuAv4YAR9l
Les indépendantistes mécontents
Lundi, les indépendantistes ont néanmoins réagi de façon plutôt négative au discours de Sánchez, estimant que ce dernier n'a rien proposé pour la question catalane. De fait, Pedro Sánchez a à peine effleuré la question au cours des deux heures qu'a duré son discours. JxCat et l’ERC affirment donc que leur vote dépendra de la position de Sánchez sur la crise catalane. Le républicain catalan Gabriel Rufián estime que "c’est irresponsable et négligeant de ne pas traiter une seule seconde du principal conflit politique [en Espagne]" avant de rajouter "Nous sommes encore plus loin d’un accord qu’il y a 24h"... Encore une difficulté supplémentaire à l'investiture.
Casi una hora y media y parece que Sánchez tenga mayoría absoluta.
— Gabriel Rufián (@gabrielrufian) 22 juillet 2019
0 referencias a Catalunya y a Podemos.
Pour ce premier tour, le PSOE doit obtenir la majorité absolue, soit 176 sièges. Pour y parvenir, les socialistes peuvent compter sur leurs 123 sièges, mais devront tout de même faire des alliances, ce qui semble compliqué. Si la confiance n’est pas accordée par une majorité absolue, le candidat se soumettra 48 heures plus tard à un nouveau vote de confiance où la majorité simple sera requise. Il est possible que Pedro Sánchez n’obtienne pas la majorité simple non plus. Si ce cas de figure arrivait, un remplaçant lui serait désigné, et si dans les deux mois qui suivent le premier scrutin, aucun candidat n’obtient l’investiture du Congrès, le roi en prononcera la dissolution. Cela conduirait à de nouvelles élections générales. Depuis 2015, il y a déjà eu 3 élections.