Avec l'amnistie en toile de fond, ces élections régionales en Espagne étaient particulièrement importantes. Le PP a réussi à conserver sa majorité absolue tandis que le PSOE s'effondre, laissant la place au parti nationaliste BNG qui remporte un tiers des voies.
Alfonso Rueda (PP) est le vainqueur incontestable des élections régionales en Galice, avec 40 sièges, et renouvelle la majorité absolue. Toutefois, ce 18 février, les Galiciens ne décidaient pas seulement le sort de leur région mais l'avenir de l'Espagne. Une victoire du BNG (Bloque Nacionalista Galego) en Galice, avec déjà deux fronts indépendantistes en Catalogne et au Pays Basque, aurait encore affaibli le pays. Le projet nationaliste du parti d'extrême gauche BNG n'est en effet pas très différent des approches d'ERC en Catalogne ou d'EH Bildu au Pays Basque, avec lesquels le BNG se présentera d'ailleurs aux élections européennes.
5ème majorité absolue du PP en Galice
Malgré les sondages qui prévoyaient une possible victoire du BNG, le PP d'Alfonso Rueda, avec 47,36% des voies, a remporté la majorité absolue héritée d'Alberto Núñez Feijóo, qui avait abandonné il y a deux ans la Galice pour présider le PP national. Ni la crise des pellets déversés sur les plages, ni l'étonnant faux pas de Feijóo au sujet de l'amnistie pour les personnes impliquées dans le processus d'indépendance de la Catalogne, n'ont eu raison du Parti Populaire. Avec cette victoire, le PP consolide non seulement son hégémonie en Galice (c'est sa 5e majorité absolue), mais aussi soutient clairement son leader, Alberto Núñez Feijóo, qui s'était investi personnellement tout au long de la campagne dans son ancien fief.
Une chute des socialistes au profit du BNG
Une autre lecture inévitable est celle de la profonde érosion subie par les socialistes en Galice, atteignant un nouveau seuil historique qui fait sombrer le parti, de 14 à 9 sièges, dans un territoire où il a été traditionnellement la deuxième force politique (on comptait encore 25 députés en 2009). Les socialistes ont en effet obtenu les pires résultats de leur histoire lors de leur première élection après l'engagement du gouvernement en faveur de l'amnistie. Le PSOE, avec sa stratégie de faire de facto campagne en faveur du BNG, a réussi à catapulter le nationalisme galicien à plus de 30%, mais au prix d'une véritable implosion. Selon le dernier baromètre SocioMétrica, 20,1% de ceux qui avaient voté pour le PSdeG en 2020 voteraient désormais pour les nationalistes galiciens. Au vu des résultats des élections, ce pourcentage est bien supérieur. Le BNG obtenait 6 députés en 2016, 19 en 2020 et 25 en 2024.
Une perte de pouvoir du PSOE dans les régions
C'est la énième fois depuis l'arrivée au pouvoir de Pedro Sánchez que le PSOE obtient un échec retentissant. Rappelons que le PSOE n'avait pas gagné les dernières élections législatives en juillet dernier; il était arrivé en 2e position, derrière le PP. A l'exception de la Catalogne, les socialistes sont allés de défaite en défaite, ruinant une implantation territoriale de plus de quarante ans.
Élections 2023 en Espagne: PP gagne mais PSOE pourrait finalement gouverner
C'est ainsi que le PSOE ne conserve que les communautés Autonomes des Asturies (avec à peine 1000 voix de différence sur le PP lors des élections régionales du 28 mai 2023), Castilla-La Mancha et Navarra. Les bastions historiques tels que l'Andalousie ou l'Estremadure sont désormais gouvernés par le PP. Le prochain rendez-vous electoral au Pays Basque renforcera encore cette tendance, où le PNV et Bildu devancent nettement le PSOE. La transformation du PSOE opérée par Pedro Sánchez et le blanchiment de partenaires comme EH Bildu, ERC, Junts ou le BNG lui-même, témoignent du démantèlement d'un parti dont les sigles PS correspondent davantage à 'Pedro Sanchez' qu'à 'Parti Socialiste'.