

Dimanche dernier, après 25 années à la tête de El Mundo, Pedro J. Ramirez, son fondateur, a été démis de ses fonctions et remplacé par Casimiro Garcia-Abadillo. Dans son dernier édito, l'ancien directeur a laissé entendre qu'il ne partait pas de son propre grès : "si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais continué toute ma vie comme directeur".
(Photo CC Irekia)
Directeur du "Diario 16" dès l'âge de 28 ans, Pedro J. Ramirez a acquis la reconnaissance de ses pairs et du lectorat espagnol, en dénonçant les rapports entre le ministre de l'intérieur socialiste Felipe González et le GAL. Le Groupe Anti-terroriste de Libération était une organisation parapolicière établie dans les années 1980 par le gouvernement socialiste afin de lutter contre l'ETA, oeuvrant aux limites de la légalité. A la suite d'un différent avec les propriétaires du journal, le directeur fondait dans la foulée de cette affaire El Mundo, journal indépendant de centre-droit, en 1989.
Tout le long de sa carrière Pedro J. Ramirez a fait preuve de prises de positions tranchées, parfois polémiques : en s'opposant farouchement à l'indépendance catalane, ou à la négociation avec les membres de l'ETA. Ou encore en portant une accusation de bâclage de l'enquête policière des attentats de la gare d'Atocha du 11 mars 2004, à la faveur du parti d'opposition socialiste, élu 3 jours seulement après les évènements. Proche du PP, ce journaliste d'investigation observait depuis un an une ligne très critique envers le gouvernement de Mariano Rajoy. Soupçonnant des cas de corruption au sein du parti populaire, il s'est attaché à donner une résonnance inattendue pour un journal conservateur, à l'affaire Barcenas, du nom du trésorier du PP, qui aurait tenu pendant de nombreuses années une comptabilité parallèle au bénéfice des hauts responsable du parti gouvernemental.
Pedro J. Ramirez, familièrement nommé "Pedro J.", n'a pas non plus épargné la famille royale en soulevant le scandale économique et politique dans lequel serait impliqué le gendre du roi Juan Carlos. Pour autant et depuis la crise économique, El Mundo aurait accusé le coup des prises de positions de son ancien directeur, perdant de nombreux lecteurs, accusant aussi une baisse de ses rentrées publicitaires, notamment d'origine institutionnelle, comme l'ont soulignés divers observateurs. En novembre 2013, le groupe italien Rizzoli-Corriere della Sera Mediagroup (RCS), détenteur du journal de centre-droit, a été contraint d'injecter 400 millions d'euros dans le journal afin de maintenir la rédaction à flot. Dans un communiqué, Unidad Editorial a donc finalement annoncé le départ du turbulent Pedro J., afin de "commencer une nouvelle étape". Casimiro Garcia-Abadillo a pris la tête du journal lundi matin.
Léa JOURDAN et VG (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mardi 4 février 2014
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