DIETE MEDITERRANEENNE – En voie de disparition ?

Le régime alimentaire antique de la région méditerranéenne, longtemps considéré comme le modèle d'une vie durable et en bonne santé, semble être menacé par la mondialisation, les échanges de produits alimentaires et les changements des modes de vie, rapporte l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Retour sur les caractéristiques d'un modèle bien connu et sur les menaces auquel il fait face aujourd'hui.

(Photo CC Marcus Guimarães)
La diète méditerranéenne est une pratique alimentaire traditionnelle des pays situés autour de la mer du même nom, caractérisée par la consommation en abondance de fruits, légumes, céréales et huile d'olive, et une faible consommation de viande et de produits laitiers. Depuis longtemps considérée comme un modèle de bonne santé, cette diète permettrait de diminuer la mortalité, le risque de maladie d'Alzheimer et de Parkinson, et d'améliorer les chances de fécondité.
Le régime méditerranéen est inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO comme un "ensemble de savoir-faire, connaissances, pratiques et traditions". Sont concernées plusieurs communautés qui partagent les mêmes traditions culinaires : l'Italie, la Grèce, l'Espagne, le Maroc, Chypre, la Croatie et le Portugal. Bien sûr, les pratiques alimentaires varient selon chaque pays, mais sont caractérisées par des goûts communs pour le farci, le feuilletage, les herbes aromatiques, etc? Les bénéfices de ce modèle alimentaire sont bien connus : il permettrait d'une manière générale une plus grande longévité et une plus longue espérance de vie en bonne santé. Enfin, le régime méditerranéen est célèbre pour être majoritairement constitué de plantes, ce qui lui confère un impact faible sur l'environnement.

Menacée par la mondialisation
Le 11 juin 2015, un nouveau rapport de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) a été publié. Il avertit sur la possible disparition de la diète méditerranéenne si les changements de mode de vie et la mondialisation continuent d'influencer l'environnement et les producteurs locaux. En effet, les régions concernées apparaissent en pleine mutation concernant leurs habitudes alimentaires, qui sont de plus en plus caractérisées par une consommation croissante de viande et de produits laitiers, contre moins de fruits et de légumes.
Les raisons principales d'un tel changement proviennent du développement de la monoculture, et de la modification des habitudes alimentaires. Le tourisme, l'urbanisation croissante, l'épuisement des ressources naturelles et la perte des connaissances traditionnelles contribuent également à la diminution de la consommation de fruits et légumes issus de la production locale. El Pais rappelle que cette "diète méditerranéenne historique" considérée pendant des siècles comme une "forme de vie et d'alimentation" se transforme aujourd'hui peu à peu en un "modèle médical" et perd sa caractéristique de "coutume sociale". Les propos de la FAO rapportés par le quotidien alertent sur le fait que les conséquences de cette disparition ne sont pas seulement alimentaires : "L'abandon des coutumes traditionnelles et le nouveau mode de vie qui y est associé sont des changements sociaux-économiques qui représentent une menace importante pour la conservation et la transmission du régime méditerranéen aux futures générations [?]". En effet, le point clé de l'enquête concerne le fait que la diète méditerranéenne n'est pas seulement une "forme d'alimentation équilibrée" mais également une "manière de promouvoir la consommation et la production locale, tout en ayant un impact très faible sur l'environnement".

Des mesures concrètes
Pour minimiser la disparition de ce modèle alimentaire, la FAO appelle à mieux appréhender les systèmes et les tendances nutritionnelles de ces régions. Ainsi, l'objectif est aujourd'hui d'accorder plus d'attention à la production alimentaire locale et de faire prendre conscience aux populations des richesses de leur alimentation. De plus, il est question de mettre en place des campagnes de sensibilisation visant à stimuler la demande des consommateurs pour les produits traditionnels méditerranéens. A travers ces mesures, la FAO souhaite à long terme redonner de la valeur à ce modèle alimentaire et préserver les agro-écosystèmes méditerranéens.

Alexia RICARD (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Mercredi 15 juillet 2015
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