Madrid est devenue en très peu de temps le principal foyer de Coronavirus en Espagne. La moitié des plus de 2.000 cas positifs se sont produits sur son sol, de sorte que le gouvernement espagnol n'exclurait pas d'appliquer des solutions radicales, comme celles prises en Italie.
Le 26 février dernier, on apprenait avec stupeur que Madrid comptait son premier cas de Coronavirus, un jeune homme qui avait voyagé dans le nord de l’Italie. Autrement dit, en à peine quinze jours, la propagation du virus a été non seulement exponentielle, puisqu’on en est à plus d’un millier de malades, mais elle montre que la contagion ne provient plus seulement de personnes provenant des régions dites "à risque" (Chine, Corée, Iran et Italie principalement).
Dans de telles circonstances, et alors que l’OMS considère désormais le Covid-19 comme une pandémie, il est logique qu’une mesure drastique visant à fermer les entrées et les sorties de la Communauté de Madrid soit envisagée, mais elle a été démentie par un porte-parole du gouvernement. "Pour l'instant, il n'est pas question de bloquer la Communauté de Madrid", a déclaré hier le directeur du Centre de coordination des urgences sanitaires, Fernando Simón. Après le Conseil des Ministres mardi dernier, les vols venant d'Italie sont interdits. Un coup dur pour les relations entre les deux pays lorsque l’on sait que plus de 240.000 Italiens vivent en Espagne et le trafic aérien en provenance d'Italie représente pas moins de 9% du trafic international en Espagne.
Nouvelle réunion jeudi
La décision de restreindre les sorties et les accès à la Communauté de Madrid pourrait toutefois être prise au cours des prochains jours, selon certaines sources. Le gouvernement espagnol a d’ailleurs prévu de se réunir à nouveau jeudi pour analyser la situation et prendre de nouvelles mesures si nécessaire. L’Espagne est restée jusqu'à présent dans le premier des trois scénarios pour faire face à la crise sanitaire : celui de la contention. Madrid est depuis lundi en "contention renforcée". Le stade 2 comprend des contrôles aux points d'entrée et la suspension des activités de toutes sortes, ainsi que toutes les formes de réunions dans les lieux publics et privés. Le stade 3, d'alerte maximale, implique en plus des mesures telles que la fermeture généralisée d'écoles ou d'entreprises, des quarantaines dans tout le pays, la suspension de tous les événements sportifs, fêtes et autres réunions, et les contrôles aux frontières.
Si le gouvernement passe à la vitesse supérieure, la Communauté de Madrid franchirait le scénario 2 et deviendrait alors une zone d'isolement, où plus de 6,5 millions d'habitants seraient mis en quarantaine sans pouvoir rentrer ni quitter par voie terrestre ou aérienne la Communauté de Madrid. Ce serait une mesure sans précédent en Espagne, mais déjà appliquée en Italie, dans un premier temps au Nord puis à l’ensemble du pays où il n’est plus possible de se déplacer sans un sauf-conduit qui le justifie, sous peine de trois mois de prison.
Près d'1,5 million d'élèves sans école
Jusqu'à présent, le gouvernement régional de Madrid a décrété la suspension de toutes les activités éducatives dans les centres publics et privés pour 15 jours qui pourraient être renouvelables, une mesure qui touche environ 1,5 million d'élèves. Par ailleurs, Madrid a fermé les bibliothèques et les théâtres municipaux et suspendu un nombre infini d'activités dérivées de la fermeture de ces centres publics. Il en est de même pour la BNE, l’Institut français, Casa America ou des salles d’exposition comme la Fundacion Mapfre.
De son côté, le gouvernement régional a renforcé le personnel sanitaire avec un total de 1.658 nouveaux contrats de travail, 707 correspondant à la prolongation des contrats du Plan Hiver et 951 spécifiques au Coronavirus. En outre, un huitième laboratoire a été mis en route pour effectuer les tests. La Communauté de Madrid rappelle que les habitants de Madrid qui pensent être infectés ne doivent pas appeler le 112, mais plutôt le numéro de téléphone gratuit établi à cet effet, le 900 102 112.