Édition internationale

Retour en force du cinéma espagnol : deux films en lice au Festival de Cannes 2025

Le cinéma espagnol signe son grand retour sur la scène cannoise. Pour la première fois depuis des décennies, deux longs-métrages — Romería de Carla Simón et Sirat d’Oliver Laxe et Santiago Fillol — figurent en compétition officielle du Festival de Cannes 2025. Un doublé inédit qui consacre l’essor d’une nouvelle génération de cinéastes.

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Photo : Facebook
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 19 mai 2025, mis à jour le 22 mai 2025

Longtemps restée à la marge, reléguée aux sections parallèles ou portée par quelques noms totems, la création espagnole s’invite cette année au cœur du jeu cannois.

Avec Romería et Sirat, ce ne sont pas seulement deux films que l’Espagne place en compétition, mais deux visions singulières, sensibles et radicales. Deux récits, loin des artifices, qui racontent l’intime, l’exil et la quête de soi — et dessinent les contours d’une nouvelle génération prête à s’imposer.

 

Festival de Cannes 2025 : Simón et Laxe dans la course à la Palme

Révélée avec ÉtÉ 1993, sacrée à Berlin grâce à Alcarràs, Carla Simón creuse encore un peu plus la veine intime avec Romería. Une jeune femme, orpheline d’un père junkie et séropositif, part à Vigo chercher ses origines. Ce qu’elle découvre, ce sont des secrets enfouis et des liens brisés, dans une œuvre sensible sur les racines et la mémoire.

À ses côtés, Sirat. Trance en el desierto marque les débuts en compétition d’Oliver Laxe, accompagné cette fois du co-réalisateur Santiago Fillol. Le film, tourné en 16 mm, suit un père (interprété par Sergi López) et son jeune fils à la recherche de leur fille et sœur disparues, après une rave dans les montagnes marocaines. Une odyssée brute et hallucinée, fidèle au style mystique et sensoriel de Laxe, déjà remarqué dans O que arde.

 

Le cinéma espagnol s’affirme aussi en marge de la compétition

Au-delà de la compétition principale, l’Espagne s’impose aussi dans les sections parallèles. La misteriosa mirada del flamenco, du cinéaste chilien Diego Céspedes, coproduit par la société basque Irusoin, est présenté dans Un Certain Regard. Un film poétique et étrange, qui flirte avec le réalisme magique.

Du côté de la Semaine de la Critique, Guillermo Galoe signe avec Ciudad sin sueño un premier long-métrage de fiction, qui plonge dans la réalité marginalisée de la Cañada Real, à Madrid. Pas d’acteurs, pas de vernis : du brut, porté par un réalisateur déjà doublement primé aux Goya pour ses incursions documentaires.

 

Du sang neuf sur la Croisette

Du 13 au 24 mai, la Croisette déroule le tapis rouge à la nouveauté. Sur les 22 films en compétition, un tiers sont réalisés par des femmes, sept sont signés par des cinéastes novices sur la Croisette, et la majorité propose des récits audacieux et ancrés dans le réel. Cette année, c’est la découverte qui prime !

La présidence du jury est assurée par Juliette Binoche, actrice emblématique du cinéma d’auteur européen. Elle aura la lourde tâche de départager des œuvres venues du monde entier, entre vétérans et jeunes voix émergentes.

L’édition 2025 marque un tournant pour la production espagnole. Longtemps cantonnée à des apparitions sporadiques en compétition – souvent réservées à Pedro Almodóvar ou Albert Serra – elle bénéficie cette année d’une visibilité sans précédent. L’ICAA (Institut de la cinématographie et des arts audiovisuels) joue un rôle clé en soutenant les films sélectionnés, ainsi que de nombreux projets présents au Marché du film.

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