Édition internationale

CHRISTIAN CLAVIER - "Raciste est un mot énorme "

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 11 décembre 2014

Quel est le seul acteur français à avoir joué dans quatre films ayant dépassé les 10 millions d´entrées ? Qui est intervenu dans des films aussi connus que "Les Bronzés", "Le Père Noël est une ordure", "Les Visiteurs" ou plusieurs "Astérix" ? C'est Christian Clavier, bien sûr, l'un des acteurs les plus populaires de France. Son dernier film, "Qu´est qu´on a fait au bon Dieu ?", une comédie époustouflante de Philippe de Chauveron, sort en Espagne le 19 décembre. Clavier incarne M. Verneuil, un bourgeois provincial qui a du mal à accepter le mariage de ses quatre filles avec des hommes de races et de confessions distinctes. Clavier, venu à Madrid en octobre dernier à l´occasion du "Rendez-vous avec le cinéma français", nous parle du film.

Lepetitjournal.com : Vous êtes un des acteurs les plus populaires et admirés de France. Comment vivez-vous cela?
Christian Clavier : C´est une grande chance que j´ai. J´ai une communication avec le public depuis très longtemps. Très forte. Dans ce film-là, de nouveau, ça s´est produit. Je suis toujours très reconnaissant. Je ne suis pas du tout blasé et je suis très étonné de cette chose-là. Je suis à la fois étonné et content.

Dans votre carrière, vous avez joué surtout des comédies. Est-ce que ça a été un choix ?
Oui, c´est un choix de goût. J´ai toujours beaucoup aimé faire rire. J´ai toujours eu des acteurs emblématiques à qui j´avais envie de ressembler. J´ai toujours adoré l´énergie que demandait la comédie. Et puis, quand il m´est arrivé qu´on me propose des rôles plus sérieux ou plus graves qui m´intéressaient, j´y suis allé. C´est vrai qu´on pense souvent à moi pour de la comédie. Ça me fait plutôt plaisir. La comédie en France est une tradition. Depuis Molière, la France a la tradition de regarder les problèmes sérieux avec beaucoup d´ironie et d´esprit, en s´amusant et en se moquant des personnages puissants. Dans la comédie de situation, il y a quelque chose de très français.

Comment a été l´expérience de travailler avec de jeunes acteurs dans "Qu´est qu´on a fait au bon Dieu"?
C´était vraiment passionnant parce que c´est toute une nouvelle génération, qui a été très traversée par les films que j´ai pu faire. Il y avait un rapport paternel dans la vie et dans le film. Ils sont extrêmement sympathiques, talentueux?Ils ont très envie d´y arriver et je trouve que passer le relais à une nouvelle génération, c´est très plaisant. Ça m´a beaucoup plu et j´ai envie de reproduire ce genre de choses-là.

Comment décrivez-vous votre personnage dans le film ?
Moi, je ne le vois pas comme quelqu'un de raciste. Ce personnage est bourré de préjugés mais je ne pense pas qu´il soit raciste. Raciste est un mot énorme. On pense immédiatement à des points de vue ethniques ou à des affrontements comme il y a aujourd´hui, absolument terribles. Le film est une comédie. Ça reste un film extrêmement léger. Le personnage n'est pas un Nazi. C´est le personnage d'un Français catholique, traditionnel et conservateur, qui dit tout ce qu´il ne devrait pas dire. Il est à la fois maladroit et à la fois plein de préjugés. Mais il n´a pas mauvais fond même si c´est quelqu´un qui, par moments, peut avoir des points de vue xénophobes.

On dirait que votre personnage a une certaine nostalgie d´une France disparue ?
Certainement, mais les ¾ des Français ont la nostalgie d´une France qui a disparu. La France des temps glorieux de De Gaulle qui marchait bien, dans laquelle on était en plein emploi? Comment ne pas avoir la nostalgie de ce moment-là? On était après la guerre, tout était marrant, tout était gai, les musiques étaient un petit peu grotesques? Aujourd´hui, c´est beaucoup plus lourd. C´est beaucoup plus dur pour les jeunes. Donc mon personnage a en effet la nostalgie d´un monde beaucoup plus sain, plus facile, qui n´existe plus. Et donc, il est conservateur sur ce plan- là. Sa nostalgie, elle est très partagée.

Le film est un bon reflet de la situation politique actuelle de la France ?
C´est un bon reflet de la façon de penser de certaines gens. Mais le film n´est pas un film politique. Pour un film qui a fait 12 millions d´entrées, c´est trop réducteur. Il est beaucoup plus large que le simple point de vue politique. Surtout qu'en France sa se réduit facilement à Droite ou Gauche. C´est un film de caractères, de personnages et de situations. Après on en pense ce qu´on veut et ça traite d´un vrai sujet, mais je ne crois pas qu´il y ait une réponse politique dans le film.

Vous avez réalisé un film. Aimeriez-vous répéter l´expérience ?
Je ne pense pas pour l´instant. Ça reviendra peut-être. C´est intéressant de diriger les acteurs et c´était amusant pour moi de voir si je pouvais raconter une histoire en images. Je me suis conforté dans l´idée que je pouvais y arriver.

Quels sont vos projets ?
J´ai tourné une comédie, tirée d´une adaptation théâtrale, intitulée "Une heure de tranquillité" sur un personnage complètement égoïste, avec beaucoup de défauts qui ne s´intéresse ni à son fils, ni à sa femme, ni à sa maîtresse, ni à ses employés, ni à ses amis, ni à personne et dont la vie se détruit en une journée. C´est une situation incroyable et c´est très drôle. Il y a Rossy de Palma qui joue dedans. Je me suis bien amusé. Je suis aussi en train de préparer le troisième volet des Visiteurs.

Vous voyez beaucoup de films espagnols en France ?
On voit un certain nombre de films espagnols, ceux d´Almodovar? Mais, moi, comme j´habite en Angleterre, je vois des séries de TV espagnoles comme "Grand Hotel". Il y a de grands acteurs espagnols qui font de belles carrières aux Etats-Unis. La culture espagnole est une chose importante. Je vis dans une ville où toutes les cultures se mélangent, on parle plein de langues. C´est très intéressant. C´est un peu le film.

Comment vous sentez-vous à Londres ?
Il y a cette dimension. Il y a le fait de s´intégrer ou pas dans un pays. Il y avait un film italien extraordinaire qui s´appelait "Pain et chocolat", sur un personnage qui arrivait en Suisse et qui n´arrivait pas à s´intégrer? et il n´y avait pas encore l´Europe !

La semaine prochaine, sera publiée l´interview à Philippe de Chauveron, réalisateur du film

Carmen PINEDA (www.lepetitjournal.com - Espagne) Vendredi 12 décembre 2014
Membre-électeur de l´Académie Francophone du Cinema (Association des trophées francophones du cinema) qui décerne chaque année dix prix dédiés au cinema des pays de la francophonie. Collaboratrice comme critique de cinéma dans plusieurs magazines : "Estrenos", "Interfilms" et "Cinerama". Envoyée spéciale à des festivals de cinéma en France pour les journaux "Diario 16" et "El Mundo". Jury du Prix du CEC (Círculo de Escritores Cinematográficos) au Festival international de Cinéma de Madrid (1997). Actuellement membre du CEC et critique dans cinecritic.biz et lepetitjournal.com

logo lepetitjournal madrid espagne
Publié le 11 décembre 2014, mis à jour le 11 décembre 2014
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.