Véritable vitrine du "miracle espagnol", lorsque le crédit facile boostait un secteur du bâtiment en état de grâce, la Cité des Arts et des Sciences de Valence vieillit mal. Le complexe construit par l´architecte Calatrava, a coûté 1,3 milliards d´euros. Les installations de 1998 s'abiment et ne sont pas entretenues, faute de budget. Qui va payer les réparations ? Il a fallu réparer dans l´urgence pour éviter les accidents. Sept ans seulement après son inauguration, les travaux de réparation du Palais des Arts coûtent 250 millions d´euros au Gouvernement valencien.
Le 26 décembre dernier, une partie des carreaux de céramique qui recouvrent le toit du Palais de la Musique, est tombée. Visibles à l´œil nu, les plaques de la façade de ce bâtiment sont très abimées. La fermeture temporaire a alors été décidée jusqu´au 28 février. Le 10 janvier, le gouvernement, la firme Architects & Engineers de Santiago Calatrava et les constructeurs Acciona et Dragados JV ont décidé de travailler ensemble pour résoudre le problème. Depuis le début de la controverse, née en 2005, sur le coût de l´entretien de ces bâtiments, le gouvernement a dit à plusieurs reprises que la réparation de la façade du Palais de la Reine Sofia ne coûterait pas un centime aux fonds publics. "La solution devra être trouvée dans un consensus constructif avec l´architecte."Les voilà aujourd´hui "au pied du mur".
Il faut refaire toute la façade en céramique ! Qui va payer?
Des rapports ont été commandés pour évaluer les dégâts. En conférence de presse, Max Buch, le ministre de l´économie et Président du conseil de la Cité des Arts et des Science, a estimé que "60%, voire la totalité de la surface de la couverture du Palais des Arts est perdue. Il devient nécessaire de tout démonter entièrement." Le coût total de cette seule opération s´élèvera à 3 millions d´euros alors qu´1,1 millions ont déjà été versés en décembre pour une réparation de première urgence. Le bâtiment est aujourd'hui sérieusement endommagé, la couche externe s'écaille et l´architecte a exprimé son désir de trouver un accord à l´amiable avec Max Buch.
L´architecte valencien défend "à tout prix" son œuvre
Santiago Calatrava, qui a conçu la Cité, appelé aussi Calatravaland, fait aujourd´hui face aux critiques. Il a reconnu que le coût du projet avait largement dépassé le budget initial, passant de 300 millions à 1,2 milliards d´euros juste pour le Palais des Arts, tout en minimisant les choses : "Cela ne représente que 60 millions d´euros par an ; un pourcentage "mineur" du budget total de la municipalité". En outre, l´architecte insiste sur le rôle qu´a joué le Palais des Arts dans une zone "sinistrée" en faisant la promotion du tourisme et de la culture à Valence. "Non seulement il a mis Valence sur la carte, mais il est devenu le deuxième complexe culturel le plus visité d´Espagne, après l´Alhambra. C´est grâce à ce projet ambitieux que nous attirons les meilleurs musiciens du monde."
Par souci de sécurité, les travaux de détachement des plaques de céramique ont commencé. Effectués par des ouvriers tels des funambules en équilibre sur les façades arrondis et lisses, harnachés à des câbles tenus on ne sait où. Ce "spectacle" n´est que la première partie de celui qui se joue actuellement au Palau de las Artes. Le second acte se jouera en fonction de l´évaluation des risques, et du budget.
Cécile PANISSAL (www.lepetitjournal.com- Espagne) lundi 3 février 2014