Des tartines à la mie raplapla. Des croissants gras, sucrés, congelés, fourrés d'un trop plein de chocolat. Après avoir goûté aux baguettes et viennoiseries ? à la française ? dur dur - mais pas impossible ? de trouver dans la Péninsule un bon petit plaisir à se mettre sous la dent
(Du beurre, pas de la margarine, c'est un des secrets d'une pâtisserie de bon goût / Photo Lepetitjournal.com de Madrid)
Chaque Espagnol en consomme en moyenne 22 kilos par an. C'est deux fois et demie moins qu'un Français (58 kilos) et beaucoup moins qu'un Chilien (98 kilos). Le meilleur proviendrait des fournils de Séville. Le pire, de Madrid, selon une enquête de l'organisation de consommateurs Ocu. Dans la cité madrilène, les vraies ?boulangeries? se comptent sur les doigts de la main.
A l'intérieur, les baguettes sont bien plus petites et plus tassées que celles pétries par les "artisans boulangers" français. Quant aux croissants, ils brillent d'un glaçage "sans saveur ou trop sucré, dans l'unique espoir d'attirer l'?il du client", commente Almudena Petez Roman, de la société Pan Rustico.
Des références tricolores
Une demi-baguette ?. "Impossible", arrête net la vendeuse de Pan Rustico. "Ce serait mal perçu par le client d'après de se voir proposer un produit en partie déjà acheté. Et puis c'est une question d'hygiène". Chez les Petez Roma, cela fait quatre générations que l'on est "fabricants de pain". Depuis 1913 exactement.
A la tête de cinq boutiques dans la capitale madrilène, Almudena indique avoir "beaucoup de clients français. La majeure partie de nos produits viennent de France. Ici, tout est préparé le jour même contrairement à la pistola de supermarchés, ce pain basique et très bon marché que consomment en masse les Espagnols".
L'industrie dicte son goût
De la farine de blé, un peu d'eau, du sel, de la levure et surtout "du bon beurre, pas de la margarine", insiste Almudena Petez Roman. La recette est simple, mais l'appétit de produire toujours plus et à moindre coût lui, est bien trop grand. Entre une baguette traditionnelle et sa cousine achetée en grande surface, le prix peut varier de près de 60%.
Alors qu'en France, la tendance est au retour des saveurs anciennes et authentiques, l'Espagne continue d'avaler des petits pains qui n'ont pas eu le temps de lever et des viennoiseries bourrées de sucres et de graisses. Un paradoxe culinaire pour un pays qui, pour la première fois de son histoire, vient de remporter la Coupe du monde de la pâtisserie.
Mathilde BAZIN (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 23 février 2011
PanRustico http://www.panrustico.com
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