Depuis les premières informations du journal El Confidencial le 29 février dernier, les accusations de trafic d'influence et de corruption pèsent sur la femme du premier ministre espagnol. Elle vient d'être appelée à comparaître le 5 juillet prochain devant le juge d'instruction madrilène pour corruption.
Dans un bref communiqué, le Tribunal Supérieur de Justice de Madrid précise que Begoña Gómez est citée à comparaître en relation avec "des délits présumés de corruption dans le secteur privé et de trafic d'influence". Le juge Juan Carlos Peinado a en effet convoqué l'épouse du président du gouvernement, Begoña Gómez, pour qu'elle témoigne le 5 juillet à 10 heures, en tant qu'inculpée pour les délits de trafic d'influence et de corruption dans le secteur privé. Par cette décision, l'enquêteur inculpe formellement l'épouse de Pedro Sanchez.
Begoña Gómez faisait l'objet d'une enquête depuis le 16 avril, date à laquelle le juge Peinado a ouvert l'affaire après avoir reçu une plainte du syndicat Manos Limpias. Cependant, elle n'avait pas encore été appelée à témoigner. En cours de route, le ministère public avait fait appel de l'ouverture de l'affaire, estimant que les preuves contenues dans la plainte initiale étaient peu convaincantes.
Existence d'indices criminels
L'Audience provinciale de Madrid s'est toutefois rangée à l'avis du juge d'instruction, estimant que "les faits envisagés ne sont pas manifestement faux et que l'on ne peut pas non plus nier l'existence d'indices criminels, sans l'enquête qui permet de connaître toutes les circonstances". Dans la résolution, les juges avaient trouvé des "indices objectifs" qui justifient la poursuite de l'affaire et la réalisation d'enquêtes, dénonçant la position du ministère public dans la mesure où sa réticence à enquêter pourrait générer des "brèches d'impunité".
Dans son arrêt, le tribunal a limité l'enquête à l'aide qu'a reçue l'UTE (union temporaire d'entreprises) du consultant Juan Carlos Barrabés -Innove Next SLU- de la part de Begoña Gomez. L'enquête se concentre donc sur les contrats publics attribués à l'homme d'affaires Barrabés et les lettres de recommandation signées par Begoña Gómez, révélées par El Confidencial. À son tour, cet homme d'affaires, témoin clé dans l'affaire, est celui qui a organisé le master en transformation sociale compétitive de l'université Complutense, qui est dirigé par la femme de Pedro Sanchez.
Le juge Peinado cherche à savoir si Begoña Gómez, en tant qu'épouse du président du gouvernement, a usé de son influence personnelle pour recommander l'attribution d'importants contrats publics en faveur de certaines entreprises qui, parallèlement, l'ont soutenue dans le développement de sa carrière professionnelle.
Une enquête journalistique est derrière ce qui entoure "l'affaire Begoña Gomez", qui avait déjà fait trembler les murs de la Moncloa, lorsque Pedro Sanchez avait annoncé par surprise fin avril qu'il suspendait son agenda et prenait 5 jours pour réfléchir si cela "valait la peine" de continuer, face à ce qu'il avait décrit comme une campagne de harcèlement basée sur de fausses informations.