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CAROLINE LAPORTE - "Permettre l’importation des bonnes pratiques dans le débat national"

Écrit par Lepetitjournal Luxembourg
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 mai 2017


Engagée auprès des Français de Belgique depuis longtemps, élue municipale à Ixelles, conseiller consulaire, à 41 ans Caroline Laporte se présente pour la première fois à la députation sous l'étiquette UDI-divers droite. Handicap, éducation, fiscalité, sans langue de bois, elle présente son parcours et ses priorités pour les Français du Benelux

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous résumer votre parcours ?

Caroline Laporte : Née à Saint-Germain en Laye, je suis mariée à un Italo-Néerlandais que j'ai rejoint en Belgique en 2000. J'ai mis deux ou trois ans à me sentir vraiment bien ici, du fait notamment de problèmes linguistiques. J'ai commencé un peu par hasard à travailler dans l'administration publique belge à 26 ans, j'ai été détachée dans les cabinets politiques, au ministère de la coopération et du développement, au sénat?  Je suis mère de deux enfants, scolarisé dans des écoles belges. Aujourd'hui je travaille à mi-temps dans un ministère à la Direction de la lutte antidopage.

Quelles ont été vos motivations pour entrer en politique ?
On m'a proposé de figurer sur une liste municipale à Ixelles, et je suis devenue la première Française élue conseillère municipale sur une commune de Bruxelles, en 2006. J'ai été réélue en 2012. Je me consacre bénévolement à l'action sociale, aux écoles etc. J'ai parallèlement fait beaucoup d'associatif, en cofondant notamment l'UFE Avenir pour les jeunes. Ma passion pour l'action publique est venue du terrain, j'y ai appris des méthodes, et ai développé une expertise sur les rouages institutionnels du pays. Les Français de Belgique faisaient souvent appel à moi pour des questions techniques, administratives, j?étais un relai pour les problématiques du quotidien, et c'est tout naturellement que j'ai choisi d'être candidate aux élections des Conseillers consulaires en 2014, comme Indépendante, avec la liste « Français d'Ici ».  Ce job, je l'exerçais déjà avant d'être élue ! « Français d'Ici » était une liste de femmes et d'hommes issus de la société civile.  Après avoir mené avec succès cette campagne, j'ai décidé de rejoindre l'Union des Démocrates et Indépendants (UDI) à l'été 2014. En cohérence avec mon parcours et mes convictions je me présente aujourd'hui aux Législatives, sous la double étiquette UDI/Divers Droite.

Etre députée de la 4e circonscription des Français de l'étranger, qu'est ce que ça représente pour vous ?
C'est la continuité de mon travail au quotidien sur le terrain. Je comprends la colère des Français. La députation ne doit pas être réservée à certains membres du sérail, les élus de terrain ont leur place. J'ai un BTS d'action commerciale donc autant dire que je suis « déformatée » par rapport au personnel politique habituel ! Mais la classe politique française a besoin de renouvellement et les élus des Français de l'étranger doivent maitriser les rouages des pays d'accueil, comprendre les démarches relatives à l'expatriation et l'impatriation. Ou alors ça n'a pas de sens ! Autant dire que je suis très opposée aux parachutages ! Avec ma candidature, après 10 ans d'action, d'interventions, je veux m'investir pour permettre l'importation des bonnes pratiques dans le débat national.

Quel bilan portez-vous sur l'action du député sortant, Philip Cordery ? Sur quel (s) plan (s) auriez-vous agi différemment ?
Philip Cordery a siégé dans la majorité PS et il faut reconnaître qu'il est sur le terrain dans sa circonscription. J'aurais voulu qu'il coopère plus avec les élus consulaires, il aurait dû s'appuyer sur eux, les réunir, assister aux commissions de temps en temps, notamment celles qui concernaient le renseignement, la sécurité. Et puis il y a la réserve parlementaire, cette somme qui sert aux députés à financer des associations et des collectivités de leur circonscription. Difficile alors d'éviter le clientélisme. Je pense que cet argent public devrait principalement être mis dans une enveloppe gérée en fonction des priorités par les élus consulaires et contrôlée.

Quelles sont vos 3 priorités parmi les problématiques concernant les Français vivant à l'étranger ?
Je lutte pour attirer l'attention sur le handicap. Nous accueillons en Belgique plus de 8.500 Français, des familles en grande détresse, atteint de « trouble du spectre autistique ». L'Etat français se décharge sur l'état belge, en versant par ailleurs 400 millions d'euros, parce que nous ne savons pas prendre en charge ces patients. Il faut absolument qu'en France on forme les professionnels, que l'on développe l'inclusion, et que l'on prépare l'avenir en amenant ces patients à l'autonomie lorsque c'est possible. La Belgique a une approche beaucoup moins médicalisée, d'ailleurs ici c'est le ministère de l'Education qui est en charge du handicap, alors qu'en France c'est le secteur médico-social. Cela fait une grosse différence et c'est un de mes grands combats, sans doute parce que j'ai un frère atteint du syndrome d'Asperger. J'ai inauguré récemment un « potager thérapeutique », 60% des bénéficiaires étaient des patients français souffrant d'Alzheimer. Il y a un « exil du handicap » alors qu'il faut soulager les familles en France.

Deuxième priorité, l'enseignement. Il y a un boom démographique, et les scolarités dans des lycées français à 7.000 euros sont trop chères. Soyons réalistes, la gratuité n'est pas possible à l'étranger, les lycées français sont excellents, c'est un privilège d'y étudier. Alors il faut trouver des alternatives. Je propose de coopérer avec des établissements belges francophones, avec des cours en commun tout en différenciant quelques matières, comme l'histoire par exemple, où l'on suivrait le programme français. Ces classes seraient labellisées, ce qui permettrait de réintégrer plus facilement un cursus français à la fin de l'expatriation. Aux Pays-Bas ou en Flandres, il faut développer les écoles FLAM car leur nombre est insuffisant. Au Luxembourg, il existe des classes pour Français dans des établissements locaux, dont le coût est largement pris en charge par l'Etat luxembourgeois.
Je me préoccupe aussi des étudiants, il y en a 7.000 dans le paramédical à Liège, et ils ne sont pas inscrits au consulat. Il y a des problèmes pour les équivalences et au retour en France. Il faudrait rendre les formations plus accessibles chez nous. 

Enfin, il y a la fiscalité. Je souhaite l'harmonisation de la fiscalité européenne, et donc la fin de l'ISF en France. Il faut libérer, simplifier l'économie et mettre fin à une politique fiscale confiscatoire. Je souhaite l'abrogation de la CSG-CRDS pour les non-résidents.
Je veux porter la voix des Français du Benelux, avec les spécificités de cette circonscription, avec mon expérience du terrain et mon dynamisme.

Vous vous présentez au centre droit, serez-vous dans l'opposition à Emmanuel Macron si vous êtes élue ?

J'ai soutenu Alain Juppé, puis François Fillon, je souhaite l'alternance. En tant que centriste, j'ai des points communs avec le Président Macron sur le plan social, sociétal, libéral. J'ai des doutes sur le plan régalien et j'estime que le renouveau ne lui appartient pas, pour autant il ne faut pas de blocage institutionnel. J'exercerai mon mandat de manière constructive.

Propos recueillis par Marie-Pierre Parlange (www.lepetitjournal.com) mardi 9 mai 2017
En savoir plus : http://carolinelaporte2017.eu

Retrouvez l'ensemble des candidatures sur la 4e circonscription.

 

Lepetitjournal Luxembourg
Publié le 9 mai 2017, mis à jour le 9 mai 2017

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