Le Portugal a connu de nombreux bouleversements politiques depuis la fin de l’année 2023.
De récents changements politiques au Portugal
Le 7 novembre 2023, l’ex Premier Ministre António Costa démissionne, éclaboussé par une affaire de corruption. Le Président de la République Marcelo Rebelo de Sousa a programmé des élections anticipées qui ont eu lieu le 10 mars. L’Alliance Démocratique rassemblant des partis de droite en est sortie gagnante avec une majorité relative, totalisant 28,9% des voix.
Cela représente un défi pour l'Alliance Démocratique qui succède à un gouvernement de gauche qui bénéficiait d'une majorité stable à l´Assemblée nationale. Ce dernier doit donc faire avec un exécutif fragile comme l'a souligné Marcelo Rebelo de Sousa le 2 avril, lorsque ce dernier s’est exprimé à l’issue de la formation du nouveau gouvernement. Luis Montenegro, en qualité de nouveau Premier Ministre du Portugal, a en effet présenté il y a un une dizaine de jours, la composition du nouveau gouvernement qui est entrée en fonction le 2 avril. Ce dernier confie le ministère des Finances à Joaquim Miranda Sarmento, professeur d'économie. L'économie est confiée à Pedro Reis. L’ Eurodéputé Paulo Rangel est, lui, nommé nouveau chef de la diplomatie portugaise. Les membres de ce nouveau gouvernement, moins paritaire que le précédent, est composé de 10 hommes et 7 femmes. Un seul de ses membres appartient au CDS-PP, le ministre de la Défense, et le reste est composé de membres du PSD et d'indépendants dans la liste PSD.
Des défis à relever pour le nouveau gouvernement portugais
L’AD à la tête de ce nouveau gouvernement a tenu sa promesse en excluant tout accord avec l'extrême droite représentée par le parti Chega, qui a été le grand gagnant des élections avec la plus forte croissance en matière de représentation au parlement. De nombreux défis attendent ce gouvernement, qui a peiné à trouver un président pour diriger la nouvelle Assemblée Nationale, il aura fallu trois rondes de vote pour y parvenir. Finalement, Pedro Aguiar-Branco, député du PSD, assurera la présidence de l'Assemblée qui reviendra ensuite au PS en septembre 2026. Les responsables politiques se sont accordés sur une présidence tournante de l´Assemblée nationale. Néanmoins, des dossiers restent en suspens pour le moment comme ceux concernant la santé, sujet qui reste sensible puisque aucune position n’a été prise par le gouvernement sortant. En matière d'économie, le nouveau gouvernement bénéficie néanmoins d'une conjoncture favorable. Le taux de chômage est historiquement bas et le pays connaît un excédent budgétaire à hauteur d´1,2% du PIB annuel pour la première fois depuis l´ entrée du pays en démocratie. Quant à la privatisation de la TAP, le gouvernement ne s’est pas non plus prononcé. Il revient à António Leitão Amaro, nouveau ministre de la Présidence, d'éclaircir la situation dans les prochains mois.
L’avenir politique du pays dans les prochains mois reste incertain car la majorité relative de l’AD l’oblige à composer avec le PS et les autres partis de gauche alors même que Luís Montenegro a affirmé qu´ il ne fera pas d’ alliance avec l´ extrême droite de Chega. L’ art de la négociation devient central dans un tel contexte.