

Les spectateurs ont pu découvrir lors de la Festa do Cinema Francês le premier long-métrage de la jeune réalisatrice française Céline Devaux, qui signe une production franco-portugaise avec son film Tout le monde aime Jeanne.
Après avoir été diffusé au cinéma São Jorge de Lisbonne le 26 octobre dernier dans le cadre de la session d'ouverture de la 23 ème édition de la Festa do Cinema Francês, le film Tout le monde aime Jeanne est sorti en salle au Portugal le 10 novembre 2022. Les spectateurs peuvent y suivre les mésaventures de Jeanne, le personnage principal interprété par l'actrice Blanche Gardin, aux côtés de ses compères Laurent Lafitte et Nuno Lopes, qui jouent respectivement les rôles de Jean et Vítor.
L'acteur portugais Nuno Lopes a accordé un entretien exclusif au Lepetitjournal, afin de nous livrer son ressenti par rapport au film, au personnage qu'il interprète mais aussi pour nous parler de son parcours en tant qu'acteur.
Lepetitjournal : Vous êtes ici dans le cadre de la Fête du Cinéma Français, pour la projection du film d'ouverture Tout le monde aime Jeanne de Céline Devaux. Qu'est-ce que cela représente pour vous d'ouvrir cet évènement à Lisbonne ?
Nuno Lopes : Je suis très heureux d'être là pour ouvrir la Fête du Cinéma Français à Lisbonne. Je trouve que la relation entre le Portugal et la France est toujours très importante en terme culturel. Encore plus pour la génération de mes parents, car le Portugal était très francophone à cette époque, et grâce à eux j'ai toujours eu de très bonnes références en terme de cinéma français. Donc c'est un honneur pour moi d'être là et de pouvoir participer à l'ouverture de cet évènement. C'est très important pour moi car il y a beaucoup de films français qui ne sortent pas en salle au Portugal, donc c'est génial de pouvoir permettre aux Portugais de voir des films qui ne seraient jamais sortis au cinéma en temps normal.
Dans le film vous jouez le rôle de Vítor, l'ami portugais de Jeanne. Comment s'est déroulé le tournage pour vous ? Comment avez-vous vécu le fait de tourner avec des acteurs français ?
J'avais déjà fait des films en France, et même ici au Portugal avec des comédiens français. Je pense que c'est mon cinquième film français donc je suis habitué à la relation entre les comédiens portugais et les comédiens français. Pour moi, travailler avec des comédiens d'une autre nationalité relève toujours d'un apprentissage car il y a des façons de travailler très différentes, et c'est incroyable comme on peut apprendre de cette expérience pour notre épanouissement personnel et professionnel.
Quand vous parlez de différences, s'agit-il plutôt de la façon de tourner ou bien des scénarios ?
De tout, par exemple en France les équipes sont généralement beaucoup plus grandes que pour les productions portugaises. La façon de jouer est également différente, le traitement des comédiens aussi, cela change tout.
Cela doit être vraiment intéressant pour vous de pouvoir participer à la culture cinématographique de tous ces pays, comment considérez-vous ces opportunités ?
Oui bien sûr, rien que pour la façon de jouer cela est très différent. Les français par exemple sont beaucoup plus intellectuels, ils parlent beaucoup, par rapport aux Brésiliens qui sont davantage tournés vers une relation corporelle entre les personnages. Donc voir cette différence et devoir s'adapter à cela s'est toujours très enrichissant pour moi.
Avez-vous apprécié le tournage ?
Bien sûr. C'était sympa pour moi car normalement quand je tourne des productions françaises je me retrouve toujours seul en France, très solitaire, sans ma famille, mais là c'était l'inverse, je tournais dans ma ville à dix minutes de chez moi.
Connaissiez-vous déjà Blanche Gardin et Laurent Lafitte ?
Je les connaissais en tant qu'acteurs, mais pas personnellement non. Ils m'ont très bien accueillis.
Pour parler un peu de votre personnage, que pensez-vous de Vítor ? Avez-vous apprécié jouer ce rôle ?
C'est drôle car normalement quand je fais des films français, je suis assez souvent la « main latente », celui qui arrive et qui casse une relation. Quand Céline m'a demandé de jouer ce rôle, elle m'a dit : « justement, je ne veux pas que tu sois le "sex-symbole", je veux que tu sois quelqu'un de très honnête, un ex-compagnon de Jeanne qui est très drôle et absolument pas séducteur ». Je pense que mon personnage est un peu l'opposé de Jeanne, qui vit sa vie dans l'ombre de ce qui lui est arrivé, de son échec professionnel mais aussi de son échec en tant que femme, qui pense beaucoup sans vraiment l'exprimer. Elle dit une chose mais on voit qu'elle pense exactement l'inverse. Dans le film, les hommes sont beaucoup plus directs, et on voit que dans la relation de Jeanne avec ces deux hommes il y a une volonté d'être honnête qui se développe. Je pense que le final du film se conclut là-dessus, elle se laisse aller et se sent proche d'un homme qui est totalement perdu comme elle, mais qui est honnête, et avec qui elle peut être elle-même sans avoir peur de se confier.
Vous avez étudié à l'Ecole Supérieure de Théâtre et de Cinéma de l'Institut Polytechnique de Lisbonne. D'où vous est venue cette passion pour le cinéma ?
J'étais très timide à l'école, alors j'ai commencé par la musique. Je cherchais un moyen de m'exprimer et d'exister, et le jour de mon premier concert je me suis rendu compte que je n'étais pas du tout timide sur scène. Donc cela a été une sorte de déclic pour moi, et j'ai découvert que je voulais faire de la scène. Puis un jour j'ai été voir un spectacle de ma soeur, et il y avait une petite classe de théâtre. J'ai vu cela et je me suis dit que j'allais essayer. Et à partir de ce moment-là je savais que je voulais être comédien. J'ai commencé par le théâtre, puis j'ai fait des programmes de télévision, des choses plus comiques aussi, des programmes de sketch. Pourtant dans le cinéma et le théâtre je joue plus souvent des rôles tragiques. J'ai aimé tourner ce film et je pense que cela doit être la deuxième fois que je fais un film français de comédie.
Préférez-vous tourner des films dramatiques ou comiques ?
C'est difficile, parce que je préfère les films dramatiques, mais je me sens plus à l'aise dans le registre comique. Même si les projets qui m'intéressent sont, pour la plupart, dramatiques.
À quel âge avez-vous tourner votre premier film ?
J'avais 20 ans, puis mon premier rôle principal à 23 ans, dans le film portugais Alice de Marco Martins, et puis après tout s'est enchaîné naturellement.
J'ai entendu que vous étiez actuellement en tournage. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?
C'est confidentiel, mais je peux vous dire que je suis en tournage à Paris pour une série d'Apple+.
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