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Rétrospective - Nicole Fernández Ferrer se souvient de Delphine Seyrig

Nicole Fernández FerrerNicole Fernández Ferrer
©Z. Paloyan
Écrit par Zadig Paloyan
Publié le 14 octobre 2020, mis à jour le 14 octobre 2020

 
Dans le cadre de la 21èmeFesta du cinéma français du Portugal qui a débuté le 8 octobre dernier à Lisbonne; Delphine Seyrig est au coeur d'une rétrospective conduite par Nicole Fernández Ferrer déléguée générale du Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir à Paris. Où est-ce qu'on se « mai »? de Ioana Wieder  avec Delphine Seyrig sera diffusé ce mercredi 14 octobre à la Cinémateca portuguesa de Lisbonne dans le cadre de la rétrospective. A cette occasion, Lepetitjournal s'est entretenu avec Nicole Fernández Ferrer afin de mieux comprendre sa vision du militantisme féminin aujourd'hui, sur le travail de Delphine Seyrig et sur sa relation avec le Portugal.
 
 

Lepetitjournal : Que représente  pour vous le fait  d'être à la 21èmeFesta du cinéma français de Lisbonne pour la rétrospective de Delphine Seyrig  ?

Nicole Fernández Ferrer : C'est très important pour moi car cela permet de découvrir d'autres facettes de la vie de Delphine Seyrig : son féminisme et surtout le fait qu'elle soit réalisatrice. Cela va permettre de découvrir qu'au-delà du fait que ce soit une grande actrice de cinéma et comédienne de théâtre, elle est aussi militante et réalisatrice. Elle était donc aussi de l'autre côté de la caméra et avait la capacité de filmer d'autres personnes et de faire des vidéos militantes très importantes qui ont permis de faire avancer certaines causes. Ça redonne à Delphine Seyrig son « entièreté » car elle a souvent été découpée : « d'un côté la femme, d'un côté la militante, d'un autre l'actrice... ». De plus, malgré les apparences et le fait qu'elle impressionnait beaucoup c'était une femme abordable avec beaucoup d'humour...
 

Pouvez-vous nous parler de votre lien personnel avec  Delphine Seyrig ?

Je l'ai rencontré la première fois dans des manifestations féministes, comme je la connaissais en tant que comédienne de théâtre et de cinéma je l'ai tout de suite reconnu. Je l'ai vu ensuite dans une manifestation à la frontière espagnole au milieu des années 1970. Par la suite, elle m'a embauché et c'est ça qui est incroyable. J'ai vue tout à coup cette personne que je considérais comme une grande actrice et par laquelle j´étais très intimidée, vouloir travailler avec moi. C'était mon premier travail important avec une formation d'archiviste sur l'audiovisuel. Tout s'est réuni : cette femme que j'admirais comme actrice qui était militante féministe, m'embauchait : c'est une très belle histoire.
 

Delphine Seyrig est au coeur de cette 21ème édition de la Festa pour son apport dans le cinéma mais aussi son travail militant : pensez-vous que son militantisme fasse encore écho aujourd'hui ? En quoi est-ce important de revenir sur cela ?

Personnellement en France je travaille beaucoup avec des scolaires entre 10 et 16 ans ou même des étudiants plus âgés et cela fait encore écho aujourd'hui. Il y a beaucoup de jeunes producteurs et chercheurs hommes et femmes qui viennent chez nous (au Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir). On sait qu´elle a encore un impact aujourd'hui car les thèmes qu'elle abordait existent toujours : la liberté du corps de la femme, les luttes transnationales, son engagement dans des luttes politiques... Aujourd'hui encore, des jeunes qui viennent travailler chez nous sont marqués par son histoire et sont très enthousiastes à l'idée d'en savoir plus..
 

La nouvelle génération est de plus en plus confrontée à du contenu militant sur les réseaux sociaux ou même au cinéma. Qu'est-ce que vous pensez de ce militantisme moderne ? A-t-il toujours le même impact ?

Je pense qu'ils sont complémentaires et que l'un n'enlève rien à l'autre. Si on se base sur les mêmes choses on a tout intérêt à regarder ce qui se passe chez les plus jeunes et vice-versa. Et cela augmente la puissance du combat. Aujourd'hui, par exemple, en France un débat est en cours sur la tenue que doivent avoir les filles dans les collèges et dans les lycées. J´ai vécu cela au lycée dans les années 1970 et on constate que le problème est toujours présent. Nous n'avions pas le droit de mettre de pantalon car c'était trop moulant. Aujourd'hui le problème ce sont les jupes... Donc cela veut bien dire qu'il y a quelque chose sur le corps des femmes qui traversent les années.

 
Les combats et les droits que les femmes cherchent à revendiquer sont-ils les mêmes de partout ? Des différences entre la France et le Portugal ? En Europe et en dehors de l'Europe ?

Je pense qu'il a beaucoup de choses similaires. Je regarde l'actualité au Portugal et il y a beaucoup de luttes semblables même en Europe et au-delà. Il y a des connexions dans les mouvements féministes entre les françaises et les latino-américaines par exemple, en Iran où les femmes sont encore plus réprimées et à Taiwan où de grands mouvements féministes et LGBTQ ont vu le jour. C'est sûr que si l'on va dans un pays avec très peu de droits on va dire qu'on a plus de chance en France. Mais il y a tout de même de grandes similitudes. Le corps de la femme est un vrai enjeu et il ne s'arrête pas qu'a l'habillement : mais va jusqu'à l'avortement, la sexualité choisie, etc...
 

Quel est votre lien avec Lisbonne et le Portugal ?

J'ai appris le portugais il y a longtemps à l'université et j'ai travaillé ici en 2000 pour les premières rencontres du documentaire créées par Jose Manuel Costa le directeur de la cinémathèque de Lisbonne. J'ai dû coordonner l'ensemble des rencontres internationales. J'ai donc eu l'occasion de connaître rapidement le milieu du cinéma portugais plus petit que le milieu du cinéma français. J'ai vite connu tout le monde et j'ai pu garder des liens. Je suis donc très contente d'être de retour à au Portugal 20 ans après !

 

En savoir plus :
www.cinemateca.pt
http://festadocinemafrances.com/

Festa do cinema francês

 

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