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"L'Engloutie": Louise Hémon entre mystère et montagnes

Avec "L'Engloutie", son premier long-métrage, la réalisatrice française Louise Hémon signe un long métrage entre confrontation des mondes, sensualité et mystère. Présenté lors de la Fête du cinéma français à Lisbonne, qui s´est terminée le 30 novembre après des projections de film dans plusieurs villes au Portugal, "L'Engloutie" a donné au Lepetitjournal l'occasion de rencontrer sa réalisatrice, Louise Hémon.

Louise HemonLouise Hemon
Écrit par Camille Ponsard
Publié le 1 décembre 2025, mis à jour le 2 décembre 2025

Le film raconte l'arrivée d'Aimée, une jeune institutrice envoyée en 1899 dans un village isolé des Hautes-Alpes, où elle doit faire face à la méfiance des habitants et à la force des croyances anciennes. Entre nature, mystère et tensions silencieuses, l'histoire explore la place d'une femme animée par le savoir dans une communauté dominée par la tradition.


Lepetitjournal : Comment est née "L'Engloutie" ?

Louise Hémon : C'est mon premier long métrage, mais avant j'ai beaucoup travaillé sur des documentaires, des courts-métrages et du théâtre. Avec ce film, j'ai voulu mélanger ces deux univers : le réel, la rencontre et le travail avec les acteurs. L'idée me vient de l'adolescence, inspirée par des histoires familiales et des textes transmis par ma mère et son arrière-grand-tante sur des institutrices envoyées dans les Alpes isolées.


Pourquoi avoir choisi le titre "L'Engloutie" ?

Le titre est venu très tôt. Il évoque un conte, une légende, un mélange de rationnel et d'irrationnel. Le féminin dans le titre crée un suspense, va-t-elle se faire engloutir ? Et il reflète aussi la figure d'Aimée, envoyée représenter l'État avec ses valeurs, mais dans un monde qui engloutit l'autre.


Comment avez-vous choisi Galatea Bellugi pour le rôle principal ?

Je l'avais vue dans "L'Apparition" et elle m'a rappelé Catherine Mouchet. Elle a son accent propre, sa manière de parler, et on ressent immédiatement ce qu'elle vit. Elle est aussi aventurière et n'a peur ni de la neige ni des éléments, ce qui était crucial pour le rôle. Pour le reste du casting, nous avons fait un grand casting local dans les Hautes-Alpes pour mélanger acteurs professionnels et non professionnels et créer une vraie communauté.


Pourquoi avoir utilisé une lumière naturelle dans le film, est-ce un rappel à Barry Lyndon de Kubrick ?

J'adore "Barry Lyndon" de Kubrick. Dans les Hautes-Alpes au XIXᵉ siècle, on ne pouvait pas avoir de grandes sources lumineuses. Nous avons donc recréé la lumière naturelle avec des projecteurs et des bougies de cinéma, tout en captant les phénomènes lumineux uniques à la montagne.


Combien de temps a duré le tournage ?

Sept semaines et demi. Tout est ralenti dans la neige, déplacer la caméra prend du temps et il faut éviter de laisser des traces. Avant le tournage, nous avons passé deux mois en préparation et le scénario a été travaillé pendant deux à trois ans.


Avez-vous des anecdotes de tournage ?

Oui ! Par exemple, une scène où Aimée glisse sur la neige, c'était un imprévue, a été gardée au montage et provoque un rire spontané. Et parfois, les acteurs non montagnards ont dû apprendre à évoluer dans ce milieu, créant des situations cocasses mais authentiques. 


Que voulez-vous que le public ressente ?

J'ai voulu recréer des sensations comme le froid, la chaleur du feu, le vertige de la montagne, les peurs enfantines et la sensualité. C'est un film qui mélange observation, tension, mystère, humour subtil et vertige, et qui laisse la place à l'interprétation.


Quels sont vos projets à venir ?

Je termine un documentaire sur Anita Kuti qui est une femme scientifique dans les années 50, qui a exploré le Groenland. Il sera présenté aux César 2026 dans la catégorie court-métrage documentaire. Le lien avec "L'Engloutie" est la figure d'une femme seule dans un milieu hostile, confrontée à l'aventure et aux éléments. 


Si vous deviez résumer votre expérience avec ce premier long-métrage en un mot ?

Lâcher prise. Comme mon personnage, j'ai appris qu'on ne peut pas tout contrôler et qu'il faut accepter le mystère et se laisser engloutir par le film.


Comment vivez-vous l'accueil du film à l'international ?

À Lisbonne, c'était la première fois que je pouvais accompagner le film à l'étranger. Voir comment différentes cultures interprètent l'histoire est passionnant. L'histoire est universelle, elle parle de croyances, de ruralité, de rapports à l'État et aux légendes.

 

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