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Francophonie : "La langue est un puissant moteur culturel" nous dit Pascal Sanchez

Pendant tout le mois de mars et jusque mi-avril la Fête de la Francophonie se déroule dans plusieurs villes du Portugal,. Pascal Sanchez, Attaché de coopération éducative auprès de l´Institut français et de l´Ambassade de France au Portugal, a accordé une interview au Lepetitjournal.com/Lisbonne dans laquelle il s´exprime sur la francophonie et comment elle sera mise à l´ honneur cette année au Portugal.

Pascal Sanchez, IFPPascal Sanchez, IFP
@IFP
Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 10 mars 2025, mis à jour le 16 mars 2025


Tous les ans, un peu partout dans le monde, à l´occasion de la célébration de la Journée de la francophonie, le 20 mars, ont lieu de nombreux événements autour de la langue française et des cultures des pays francophones. Cette année, au Portugal, 10 pays participent à cette fête, les ambassades participantes sont l'Andorre, la Belgique, le Canada, la Côte d'Ivoire, la France, le Luxembourg, le Maroc, la Roumanie, la Suisse, la Tunisie, ainsi que le Bureau du Québec à Barcelone, la Délégation Wallonie-Bruxelles au Portugal et les instituts culturels français et roumain. L'évènement est soutenu par la Mairie de Benfica, l'Alliance Française de Lisbonne, l'Association Portugaise des Professeurs de Français (APPF), l'Association Portugaise d'Etudes Françaises (APEF) et le Lycée Français Charles Lepierre de Lisbonne.


Lepetitjournal.com : Pouvez- vous vous présenter à nos lecteurs ?

Pascal Sanchez : Je travaille dans le secteur de la coopération éducative depuis plus de 30 ans. Jeune professeur de Lettres, j'ai eu la chance d'être nommé en 1995, sur un poste de Lecteur à Hyderabad, en Inde, où j'ai séjourné deux années ; c'est là que j'ai attrapé le virus de la coopération ! J'ai ensuite dirigé le centre culturel français du Chouf au Liban. L'expérience libanaise s'est prolongée cinq années aux termes desquelles, en 2003, je vais intégrer la direction des Ressources Humaines du ministère des Affaires étrangères. En 2006, je pars en Amérique centrale, en résidence à San José au Costa Rica, sur les fonctions d'adjoint au conseiller culturel. En septembre 2008, je suis nommé en Espagne, au Service culturel de l'Ambassade de France où j'ai en charge le pilotage des actions de coopération dans le domaine de l'éducation et de la diffusion de la langue française. A l'issue de ce séjour, je suis nommé en septembre 2013, directeur du développement et de la communication au Centre international d'études pédagogiques qui deviendra durant mon mandat France Education international. Depuis novembre 2023, j'occupe les fonctions d'attaché de coopération éducative à l'ambassade de France/Institut français du Portugal.


Vous avez déjà préparé la fête de la Francophonie en 2024, cette année quelles sont les grandes nouveautés que vous avez tenus à apporter ? Avez-vous une préoccupation particulière ?

Tout d'abord je voudrais dire que cette fête c'est l'occasion de reconnaître à quel point la langue est un puissant moteur culturel qui engage le dialogue entre les cultures et favorise la cohésion sociale. Dans le monde d'aujourd'hui, ce n'est pas rien que de redire cela.

Le français est la cinquième langue la plus utilisée dans le monde. Environ 321 millions de personnes sont francophones, un chiffre qui augmente avec la population. La francophonie souhaite représenter aux yeux du monde d'aujourd'hui les valeurs qui lui sont chères, de paix, de démocratie, de droit de l'Homme, d'éducation, de formation, de développement durable, d'égalité homme-femme etc.

Et au Portugal, nous avons la chance d'avoir une francophonie active, on évalue à 25 % le nombre de francophones au Portugal ce qui en fait le pays d'Europe le plus francophone en dehors des pays où le français a le statut de langue officielle (France, Belgique, Luxembourg, Suisse). Il faut le souligner et cela nous engage en quelque sorte.

Cette année, nous avons vraiment essayé de toucher un nouveau public en essayant de sortir des lieux des rendez-vous traditionnels de ces rencontres qui sont souvent les centres culturels des ambassades partenaires. Cela ne veut pas dire que nous avons délaissé les centres culturels francophones mais c'était vraiment un objectif d'aller au contact d'un plus large public, pas nécessairement francophone, d'aller vers nos partenaires ici au Portugal en labellisant de nombreux événements que vous trouverez sur le site dans la rubrique « A francofonia em Portugal ». Je pense au théâtre bien sûr mais aussi au cinéma, à des conférences, des rencontres d'auteurs/d'autrices, un programme très riche en vérité. L'autre nouveauté, a été d'essayer d'être présent dans un maximum de villes au Portugal et pas seulement à Lisbonne et à Porto ce qui a été une critique souvent entendue dans un passé récent.


Pouvez-vous nous dire plus précisément quels sont les points fort de la fête de la Francophonie qui se déroule pendant tout le mois de mars et jusqu’au 13 avril ?

Nous avons déjà eu de très belles séquences à la médiathèque de l'IFP, la présentation du livre « Les Portugais en France : une immigration invisible ? » dirigé par Sonia Ferreira et Irène Dos Santos, deux anthropologues, l'une Portugaise, l'autre Française, qui explorent l'immigration portugaise depuis le début du XXe siècle, la présentation du livre La fin des nuages en présence de l'auteur Mathieu Simonet dans un dialogue avec Tiago Costa et puis la très belle exposition à voir jusqu'au 26 mars à l'AF de Lisbonne de Marc Raymond, plasticien Suisse et Pedro Guerra, artiste peintre.

Le 7 mars, il y a eu la présentation de la publication en portugais de « Apologie de l'histoire ou métier de l'historien » de Marc Bloc :
Marc Bloch s'interroge sur ce qu'est l'histoire, et plus particulièrement sur le rôle et les méthodes de l'historien dans la construction de cette science.
L'Apologie est souvent vu comme le « testament » historique de Marc Bloch, et a un écho mondial les années qui suivent sa sortie. Il est en cela emblématique de la pensée de l'école des Annales, que l'auteur a cofondée à la fin des années 1920 avec Lucien Febvre.

D'autres événements auront lieu tout au long du mois de mars et début avril.

Le 13 mars : Baloji au Maat. Ce sera une très belle séquence. Le MAAT présente une exposition collective très intéressante et dans ce cadre, l'ambassade de Belgique et la délégation de Wallonie Bruxelles, invitent l'artiste Baloji, un rappeur, chanteur et auteur-compositeur, né au Zaïre et qui a grandi à Liège. Ce sera une belle soirée avec la diffusion de son film Augure mais aussi ensuite une séquence musicale avec le dj DIDI.

Du 20 au 30 mars : Le Festival du film d'animation Monstra célèbre cette année ces 25 ans d'existence. Nous aurons une vingtaine de session, plus de 75 films en programmation, longs et courts métrages, de Belgique, de Suisse, du Luxembourg, du Canada et du Québec, de Roumanie. C'est la deuxième année consécutive que nous nous associons au festival Monstra et le nombre de films francophones et très importants.

Le 26 mars : Une Masterclass de Violette Horvat en lien avec l'université NOVA et l'APPF : réalisatrice française des films Fleuve noir, Celle que vous croyez ou encore Les Fausses Notes. Un événement avec l'une des meilleures jeunes réalisatrices françaises du moment.

Du 27 au 31 mars : Théâtre avec la pièce « La convivialité ou la faute d'orthographe » en tournée au Portugal (Lisbonne, Leira, Faro, Portimão) en lien avec l'ambassade de Belgique et le réseau des Alliances Françaises au Portugal.

Le 02 mars : Un Concert « Fado em Paris » à la résidence avec la voix d'une artiste française, Fiona, qui commence à se faire un nom dans le milieu du Fado à Lisbonne, elle interprètera des morceaux classiques de fado en portugais bien sûr mais également quelques classiques de la chanson française adaptée au fado ; elle sera accompagnée de Carlos Fonseca (guitarra clássica) e Mucio Sà (guitarra portuguesa).

Le 13 avril : Un Concert de l'orchestre et chœur des Lycées Français du monde au grand auditorium de la Fondation Gulbenkian :

J'ai beaucoup d'admiration pour le travail que mène la cheffe d'orchestre Adriana Tanus depuis 2015, j'étais en poste à Madrid lorsque ce projet a été lancé. L'Orchestre et chœur des lycées français du monde (OCLFM) est un projet de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), qui dépend du ministère des Affaires étrangères et qui gère le réseau des lycées français dans le monde.

Nous allons assister à un grand événement emblématique et fédérateur qui réunit élèves, instrumentistes et choristes à l'unisson dans un grand projet artistique international. Ce concert sera exceptionnel, je vous le garantis !

Composé d'élèves âgés de 11 à 18 ans, ce concert est une formidable aventure humaine et artistique, un savant mélange de travail et de passion qui va réunir à Lisbonne 110 jeunes musiciens venus de plus de 40 pays du monde : 70 instrumentistes issus de conservatoires et 40 chanteurs. Ils seront également rejoints par une chorale locale de 150 élèves.

En savoir plus ici sur le programme de la Fête de la Francophonie.

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