Cândida Conde Miranda : maître du "filigrane de papier" au Portugal

 
L´exposition intitulée « Pedaços » (Morceaux ou l'urgence de la beauté dans les petites choses) peut se visiter jusqu'au 23 septembre de 9h à 19h au 3e étage des installations de l'Alliance Française de Lisbonne. 
 
Actuellement, Cândida poursuit son travail en intégrant ses inspirations quotidiennes et ses voyages, transformant le papier en matière vivante, entre tradition et modernité. Lepetitjournal s´est entretenu avec elle sur son parcours et sa démarche artistique.
 

Lepetitjournal : Vous êtes diplômée en peinture. Comment en êtes-vous venue à travailler le papier ?

Cândida Conde Miranda  : Au début, même dans mes peintures, j'utilisais déjà du papier. J'en avais besoin pour créer des textures, des volumes. C'était ma première approche. Puis, peu à peu, j'ai exploré différentes techniques, l'origami, le papier mâché... Jusqu'au jour où j'ai découvert « la filigrana de papel ». C'était une révélation. Cette technique me rappelait le filigrane d'or portugais. Elle est différente dans sa réalisation mais elle produit un effet visuel proche, lumineux. J'ai trouvé intéressant de transposer ce savoir-faire dans une matière humble, le papier.

Quelles ont été vos premières œuvres dans cette technique ?

Je me suis d'abord inspirée d'icônes portugaises, les guitares, les caravelles, les coquillages. C'était une manière de faire dialoguer tradition et modernité. Ce travail a marqué le début d'une longue recherche qui m'accompagne encore aujourd'hui. Petit à petit, j'ai élargi mes thèmes, en travaillant sur des objets du quotidien, des scènes vues en voyage ou des souvenirs personnels.

Quelles sont vos principales sources d'inspiration aujourd'hui ?

Je m'inspire de ce que je vois chaque jour, un tramway, une façade de Lisbonne, des objets simples qui me rappellent mon quotidien. Mais aussi de mes voyages. Parfois, j'intègre des papiers particuliers, comme ceux que l'on m'offre en Asie au Tibet, censés porter bonheur. Les inclure dans mes créations, c'est une façon d'ajouter une dimension intime et symbolique à mes œuvres.

Vous avez aussi été enseignante pendant de longues années. Comment cela a-t-il influencé votre art ?

Pendant 25 ans, j'ai enseigné. Cela m'a appris la rigueur, mais aussi la nécessité de toujours chercher quelque chose de nouveau. Dans l'art, on ne peut pas répéter indéfiniment, il faut trouver une voie personnelle. Le papier m'a permis cela, parce qu'il est à la fois universel et très singulier selon la manière dont on l'utilise.

Existe-t-il des artistes que vous admirez particulièrement ?

Oui. Je pense par exemple à Yulia Brodskaya, qui fait du quilling et qui vit à Londres et dont le travail m'a beaucoup impressionnée. Mais même si j'aime ce que font d'autres artistes, j'ai toujours cherché une approche différente, vraiment à moi. C'est essentiel pour avancer.

Et aujourd'hui, sur quoi travaillez-vous ?

Cela fait depuis 10 ans que je travaille le quilling, j'ai une boutique à Lisbonne où je propose un autre genre de pièces, des icones de la ville. J´ai exposé dans plusieurs biennales artistiques mais les expositions sont très longues à organiser. Cette exposition, pour commémorer les 80 ans de l'Alliance Française, m'a demandé un an de préparation !

l'Alliance Française de Lisbonne :  Av. Conselheiro Fernando de Sousa nº 21 A, à Lisbonne.