Édition internationale

LILIANE BETTENCOURT – La milliardaire, la fille et le photographe

La femme la plus riche de France aurait-elle perdu la boule ? C'est ce que se demande la fille de Liliane Bettencourt, qui a peur que sa mère ne se soit fait abuser par un photographe à qui elle a versé près d'un milliard d'euros. Mais l'héritière du fondateur du groupe L'Oréal Eugène Schueller, ne souhaite en aucun cas à se soumettre à une expertise médicale

(Rédaction Internationale) - L'affaire remonte au 19 décembre 2007, jour où Françoise Bettencourt-Meyers porte plainte contre le photographe de la jet-set, François-Marie Banier, qu'elle accuse d'abuser des faiblesses de sa mère âgée de 86 ans (AFP), pour obtenir des avantages financiers. Et quels avantages ! Le photographe aurait reçu, sur plus de 10 ans, près d'un milliard d'euros de dons de la part de la troisième fortune de France sous formes de chèques bancaires, contrats d'assurance-vie ou encore tableaux de maîtres. La principale actionnaire du leader mondial de cosmétiques affirme cependant être en pleine possession de ses moyens et que ces dons ne sont finalement "pas très élevés en proportion" de sa fortune estimée, en 2008, à 23 milliards de dollars par le magazine Forbes.

Je vais bien ne t'en fais pas
Pour constater si oui ou non, comme sa fille l'affirme, l'état psychique de Liliane Bettencourt demande une mise sous tutelle, le parquet de Nanterre avait demandé à l'héritière de L'Oréal de se soumettre à un "examen de ses fonctions cérébrales". Après un premier refus, Liliane Bettencourt avait transmis aux instances judiciaires, en avril dernier, un rapport d'un neuropsychiatre choisi par ses soins, qui fait état de la parfaite santé mentale de la milliardaire. Le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, lui avait alors proposé de se présenter devant un collège de médecins auquel pourrait se joindre son neuropsychiatre. Mais la plus fortunée des Françaises a décliné l'offre cette semaine.    

Parce qu'elle le vaut bien
Bien au-delà des dépenses personnelles et de la condition psychologique de Liliane Bettencourt, c'est l'avenir du groupe L'Oréal qui est en jeu. L'octogénaire possède en effet près d'un tiers des actions et a donc droit de vote au sein du conseil d'administration du numéro Un mondial en produits de beauté. Et si Liliane Bettencourt a bien transmis 30.8% d'actions à sa fille, elle en a cependant gardé l'usufruit et en possède encore 1.26% en pleine propriété. Ce qui signifie que si François-Marie Banier, qui émet déjà l'hypothèse de faire un jour partie du conseil d'administration, mettait la main sur ces 1.26%, Nestlé, grâce à ses 29,6 % d'actions au sein du groupe, deviendrait l'actionnaire majoritaire aux dépens de la famille fondatrice. "Nous avons une responsabilité de famille. Cela fait cent ans que l'engagement de la famille et sa détermination à tenir sa place auprès de L'Oréal n'ont pas varié. Ma femme, née elle aussi dans le jus de cette entreprise, se veut dans la continuité de ce lien." a insisté le mari de Françoise, Jean-Pierre Meyers. Alors François-Marie Banier : homme "irraisonnable et inarrêtable" comme le suggère l'avocat de Françoise Bettencourt-Meyers ou "artiste""plein d'ingéniosité" comme l'affirme Liliane Bettencourt? La milliardaire n'en démord pas : "Il faudrait tout de même que ma fille se rende compte que je suis une femme libre", affirmait-elle dans une interview au JDD en décembre dernier.

Mais voilà, cette interminable histoire de famille n'est pas une bonne publicité pour la marque glamour qui vient de fêter ses 100 ans d'existence. Le directeur général de L'Oréal, Jean-Paul Agon assure que "l'unité de la famille Bettencourt est absolument totalement intacte". On a pourtant du mal à le croire. Surtout quand Liliane Bettencourt déclare : "ma fille, je ne la vois plus et je n'en ai pas envie".
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) lundi 15 juin 2009

En savoir plus
Article de Libération, Révélations sur l'affaire Bettencourt
Article de Challenges, Parce qu'elle vaut beaucoup

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