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Dans le rouge, au bord du burnout à l’étranger

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Écrit par Alhéna Domela
Publié le 7 mai 2019, mis à jour le 9 mai 2019

Comment gérer la pression face à des changements de vie radicaux ? Décrocher un nouveau poste, changer de continent, faire ses preuves, le tout en préparant l’arrivée d’un nouveau-né… Fin 2017, Rémy Genet échappe de justesse au burnout. Ce cadre exécutif décide du jour au lendemain de tout plaquer pour se dédier à sa famille mais aussi à l’écriture de son premier roman Dans le rouge.

« Beaucoup de gens m’ont dit ‘‘mais t’es malade, tu n’as pas la moindre idée de ce que tu vas faire ensuite !’’». Pourtant, c’est la tête pleine de rêves et d’idées que Rémy Genet quitte son poste. Fin 2017, il n’en peut plus. Directeur technico-commercial à Lisbonne, le Français ne supporte plus la pression : « Je devais montrer aux employeurs que j’avais ma place ici. Et je me mettais moi-même la pression parce que je voulais assurer à ma famille les moyens de s’installer au Portugal. Au bout de deux ans, après avoir fait mes preuves, j’ai commencé à me demander ce que je faisais là ».

Ce poste, symbole d’une « évolution de carrière importante », lui prend tout son temps. Ses nuits, ses weekends. « Lorsqu’on ne compte plus ses heures, on se demande si on veut vraiment faire ça dans la vie, indépendamment du fait que ça nous permet de vivre ou non. Quitte à travailler beaucoup, autant travailler pour ce qu’on aime. Cette surdose de travail m’a ouvert les yeux sur le fait que je n’étais pas à ma place » confie-t-il. Epuisé, Rémy Genet frôle le burnout : « J’ai arrêté juste à temps. Je n’en suis pas arrivé au point de laisser la situation me faire du mal physiquement ou psychologiquement. Pour éviter que quelque chose de grave n’advienne, qu’une dépression ne s’installe, j’ai arrêté sans me demander ce que j’allais faire après ». Cette remise en question concerne uniquement son avenir professionnel et en aucun cas son expatriation.

« J’ai tout de suite orienté mon parcours vers l’international »

Après un bac scientifique et une classe préparatoire HEC, Rémy Genet intègre une école de commerce à Montpellier et déjà, il pense à s’expatrier. « J’ai tout de suite orienté mon parcours à l’international. Une constante dans mon apprentissage puis dans ma vie professionnelle. J’ai de très bons souvenirs de mon parcours car j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour découvrir de nouveaux horizons plutôt que de me cantonner à un cursus simple », explique-t-il.

Rémy Genet dans le rouge expatrié écrivain Portugal

Le jeune étudiant effectue ses trimestres obligatoires en France avant de partir aux Etats-Unis pendant un an pour réaliser un bachelor. A la fin de cette expérience,  il décide de faire une année de césure et trouve son premier emploi…en Chine ! « Je voulais prolonger cette expérience. Les Etats-Unis ont amené la Chine et la Chine a amené la suite ». La suite, c’est un mastère en échange dans une université de Buenos Aires. « L’Argentine a été une expérience absolument formidable. Je n’avais que très peu d’impératifs d’études et pas d’impératifs de travail. Seulement des petits boulots pour vivre la vida loca ! ».

Pour lui, plus question de quitter l’Amérique du Sud. Sous le charme, le Français est embauché en Colombie par le groupe SAFRAN. Son emploi du temps se résume ainsi : « pas de vagues du lundi au vendredi, faire ce pour quoi on est payé, et le reste du temps voyager, s’évader, aller à droite à gauche, faire la fête, découvrir la culture et les mœurs du pays, s’abreuver de ça comme on s’abreuve d’une source de vitalité qu’on ne veut plus lâcher ! ».

Une reconversion inattendue

 

Rémy Genet écrivain expatrié dans le rouge

Seules cette opportunité exceptionnelle au Portugal et son envie de se rapprocher de l’Europe le pousseront à quitter le continent. Mais cette expatriation de trois ans en Amérique du Sud laisse de véritables marques dans l’esprit de Rémy Genet : « C’est l’expérience à l’étranger qui m’a le plus permis de me découvrir. Je commençais à me rendre compte de ce qui allait, de ce qui n’allait pas. Je ne m’étais jamais posé les questions clefs. Est-ce que ce que je fais me passionne ? Est-ce que je veux faire ça le reste de ma vie ? ». Cette prise de conscience va se concrétiser au Portugal, où après quelques années, il choisit de quitter son emploi et de se dédier à sa famille.

Le Français n’imagine pas pour autant son futur sans travail. Jeune papa, il souhaite créer sa propre entreprise ou trouver un autre emploi mais, « immergé dans le quotidien des changements de courses, des biberons de lait et des insomnies », ses projets n’aboutissent pas. L’envie d’écrire de ce fervent amateur de littérature est de plus en plus forte : « J’ai toujours aimé écrire et j’avais toujours aimé lire. J’avais toujours voulu m’exprimer par écrit. Au moment de mes études et de mes premiers emplois, je gardais quelques traces de mes voyages, j’écrivais parfois quelques pages ».

L’expatriation, source d’inspiration

Grandement inspiré par ses expatriations et ses expériences professionnelles, Rémy Genet se lance en 2018 dans l’écriture de son premier roman, Dans le rouge. L’auteur raconte l’histoire d’un homme victime d’un burnout à l’étranger. « Le livre n’est pas autobiographique. Par contre, c’est certain que la toile de fond est un environnement que je connais bien. Il a le même profil que moi, d’un point de vue professionnel. Ces 10 ans d’entreprise et d’expatriation m’ont servi énormément pour l’écriture du roman et m’ont inspiré le personnage principal ».

Dans le rouge Rémy Genet expatrié écrivain

Entre caricature et lyrisme, Rémy Genet tente de montrer à travers cette histoire que « nous sommes dans une société productiviste, on a tous nos responsabilités et nos devoirs de citoyens, de père, ainsi que notre carcan socioéconomique… Mais on doit être capable de s’en défaire si c’est comme ça qu’on trouve le bonheur. » Le Français, qui s’adresse aux communautés expatriés mais plus largement aux francophones, espère véhiculer un message à travers son roman : « Et vous, comment ça va dans la vie ? ».

Dans le rouge de Rémy Genet, Librinova 2019, 4.49 euros (ebook)

Photo Alhéna Domela (1)
Publié le 7 mai 2019, mis à jour le 9 mai 2019
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