Édition internationale

JUSTICE – Un homicide sans cadavre

Le procès de Jacques Viguier pour le meurtre de sa femme, Suzanne, s'est ouvert hier à la cour d'assises de Haute-Garonne. Suzanne Viguier a disparu il y a 9 ans, et son corps n'a jamais été retrouvé. Si de forts soupçons persistent quant à la culpabilité du professeur de droit toulousain, l'accusation ne dispose d'aucune preuve irréfutable dans cette affaire qui fait figure de "crime parfait"

(Rédaction Internationale) - Après un premier report pour cause de "difficultés psychologiques"de l'accusé la veille de l'audience en décembre dernier, le procès de Jacques Viguier (au centre, AFP/Pascal Pavani) pour le meurtre de sa femme s'est ouvert hier à la cour d'assises de Haute-Garonne. Le professeur de droit toulousain âgé de 51 ans est soupçonné d'avoir tué son épouse, Suzanne Viguier, qui a mystérieusement disparu le 27 février 2000.

Un couple brisé
C'est il y a 9 ans que Suzanne s'évapore dans la nature, un dimanche, entre 10h15 et 12h, sans rien emporter avec elle. L'affaire devient des plus rocambolesques lorsque l'on apprend qu'elle a disparu la veille d'un rendez-vous avec son avocat pour préparer son divorce. Rien n'allait plus entre les époux Viguier qui faisaient chambre à part depuis 1995. Suzanne s'était lassée des aventures extraconjugales de son mari en poste à l'université de Toulouse-I-l'Arsenal et elle avait retrouvé le bonheur dans les bras d'un VRP au chômage, avec qui elle écumait les concours de tarot. 

Un mobile, pas de preuve
"On ne quitte pas Jacques Viguier" : voilà ce qu'auraient entendu dire de la bouche de l'accusé certains de ses proches avant la disparition de sa femme. Le mobile du crime est donc tout trouvé pour les policiers de la SRPJ de Toulouse en charge de l'enquête. Jacques Viguier devient le principal accusé dans une affaire sans cadavre ni arme du crime. Les soupçons ont du mal à se matérialiser en preuves. Seuls quelques indices viennent étayer la théorie des enquêteurs : la réticence de Jacques Viguier à signaler la disparition, des traces de sang, un alibi bancal ou encore la destruction 3 jours après le "départ"de Suzanne du matelas où elle dormait. Cela ne permet pourtant pas de le garder derrière les barreaux. Après 9 mois en détention provisoire, le brillant toulousain sort de prison en février 2001 et peut reprendre le cours de sa vie (la faculté de droit, les maîtresses, sa passion pour la chasse ou les films d'Hitchcock).

Crime parfait ou parfait coupable ?
"Ce procès permettra enfin de démontrer mon innocence. Je ne doute pas du jugement puisque, dans le dossier, il n'y a rien qui démontre autre chose que mon innocence" espère le professeur de droit public. La décision du jury sera primordiale lors dans cette affaire où le doute doit toujours être profitable à l'accusé. Le code pénal français ne lie pas une condamnation pour meurtre à la découverte d'un corps ou de l'arme du crime. S'il est reconnu coupable, Jacques Viguier risque donc la prison à perpétuité. Pour Me Guy Debuisson, l'un des avocats des proches de Suzanne Viguier, "il est grand temps que cet homme rende enfin des comptes après un véritable parcours du combattant organisé par Jacques Viguier pour tenter, étrangement, d'éviter sa comparution". Crime parfait d'un meurtrier machiavélique ou fantasme populaire autour du parfait coupable ? La justice tranchera le 30 avril.   
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mardi 21 avril 2009

En savoir plus

Article de Libération, Neuf ans après, Jacques Viguier reste accusé du crime parfait
Article de l'Express, Le procès Viguier débute devant les assises de Toulouse
Article du Figaro, Un mari jugé pour homicide, mais sans cadavre