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JUSTICE - Marc Cécillon, colosse à tête d'argile

Agé de 49 ans, Marc Cécillon était jugé en deuxième instance par la Cour d'Assises de Nîmes pour le meurtre de sa femme en 2004. Ouvert depuis lundi, le procès a porté essentiellement sur le caractère prémédité de l'assassinat, finalement non retenu par les jurés. Récit de la descente aux enfers de l'ancienne gloire du rugby français condamné en appel à 14 ans de prison

Marc Cécillon lors d'une de ses dernières saisons à Bourgoin-Jailleu (photo AFP)

Marc Cécillon était le genre de rugbyman qu'on aimait avoir au c?ur de sa mêlée. Véritable force de la nature, 1m92 et 110 kilos, Cécillon était un meneur d'hommes, capable de se faire mal pour venir en aide à ses coéquipiers. Fidèle à sa région iséroise, ce troisième ligne centre n'a connu qu'un seul club de haut niveau qui est aussi celui de sa ville natale, le CS Bourgoin-Jailleu. Sa carrière en équipe de France a également été remarquable. Sélectionné à 46 reprises, auteur de dix essais, il a porté la tunique bleue durant sept saisons. Cécillon a eu également l'honneur d'être capitaine cinq fois du XV de France avec lequel il a remporté le Tournoi des 5 nations en 1993 et a atteint les demi-finale de la coupe du monde 1995.

Alcoolique et dépressif
Lors de sa retraite sportive en 1999, Marc Cécillon se sent inutile malgré le poste d'ambassadeur que lui a confié le club de son c?ur. Connu pour être un adepte de la troisième mi-temps, le Berjallien devient alcoolique et dépressif. Sa femme Chantal, partie travailler à Lyon, devenue distante, est l'autre centre de son tourment. Le 7 août 2004, lors d'une fête organisée en l'honneur des jeunes du CSBJ, Marc Cécillon commet l'irréparable. Econduit de la soirée pour son comportement déplacé, ivre, il va chercher chez lui un 357 Magnum. Puis de retour à la fête, il tire à cinq reprises sur sa femme qui refusait de rentrer avec lui.

La préméditation non retenue
Le fait que l'ex-international soit allé chercher son arme a conduit la Cour d'Assises de l'Isère à retenir la préméditation de l'acte lors du premier procès il y a deux ans. En novembre 2006, en première instance, l'avocat général avait requis 15 ans d'emprisonnement mais les jurés étaient allés plus loin en condamnant le meurtrier à 20 ans de prison. Reconnaissant l'horreur de ses agissements, Marc Cécillon réfute en revanche le caractère prémédité de son acte. Cette hypothèse, pouvant alléger sa peine, a été reprise par un psychologue devant la Cour d'Assises d'appel du Gard qui accueillait le procès Cécillon en deuxième instance depuis lundi. "C'était un geste fou, passionnel", a affirmé l'expert. Hier soir, l'ex-international a vu réduire sa peine à 14 ans de prison ferme. Comme le souhaitait la défense, la préméditation n'a pas été retenue.
Yann Fernandez (www.lepetitjournal.com) jeudi 4 décembre 2008

Lire aussi l'article du Figaro sur le premier procès Cécillon - Marc Cécillon condamné à vingt ans de réclusion criminelle




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