L’air qui tue en Afrique du Sud

Selon un rapport de Greenpeace sur les principaux pollueurs de l'air d'origine humaine en Afrique, L'Afrique du Sud abrite certaines des plus grandes sources de pollution atmosphérique du continent africain en raison de son secteur énergétique. En effet, première industrie du continent, l'Afrique du Sud tire 80% de son électricité du charbon or les poussières provenant des mines de charbon, ainsi que les cendres, les émissions de mercure et les PM2,5 provenant de la combustion du charbon ont un impact négatif important sur la qualité de l’air.

Air pollué : la justice s’en mêle

En 2019, les organisations environnementales GroundWork et Vukani assignaient en justice le gouvernement pour avoir "violé le droit" constitutionnel des citoyens à respirer un air sain, dans l'affaire dite de "l'air mortel". Dans cette affaire d’importance, la justice reconnaissait que la mauvaise qualité de l'air dans la région constitue une "violation du droit constitutionnel à un environnement qui ne nuise ni à la santé, ni au bien-être". Suite à cela, en 2022, le gouvernement était sommé d'agir contre la pollution de l'air liée à l'exploitation du charbon.

Air pollué et santé

L'exposition à des produits toxiques émis par les usines à charbon, comme le dioxyde de soufre, des métaux lourds comme le mercure et des particules fines, a conduit à une "épidémie" de maladies telles que l'asthme, les bronchites, les cancers du poumon, et contribue aussi aux AVC et aux naissances prématurées, selon les organisations.

Chaque année, dans le pays le plus industrialisé d’Afrique, au moins 20 000 décès sont enregistrés, causés par la pollution de l’air.

De récentes études ont également montré que la pollution atmosphérique a réduit l’espérance de vie dans la capitale de 3,2 ans, et particulièrement les enfants.

"La pollution irrite la réponse inflammatoire de vos tissus. Elle contribue à beaucoup de maladies, les maladies cardio-pulmonaires et les accidents vasculaires cérébraux, par exemple, les maladies pulmonaires obstructives chroniques, l'asthme et le cancer du poumon", énumérait Dafni Zisis, médecin généraliste au EXP Medical Center. "Nous constatons actuellement une augmentation de l'asthme chez les enfants, et à une recrudescence chez les adolescents et les adultes et une aggravation des symptômes dans cette population."

L’OMS estime qu’environ sept millions de décès prématurés principalement imputables à des maladies non transmissibles sont attribués aux effets conjoints de la pollution de l’air ambiant et des habitations.

Des plans d’actions ?

La pollution atmosphérique ne connaît pas de frontières. Pour atteindre le niveau de changement permettant d’empêcher les effets dévastateurs de la toxicité de l’air, il est crucial que les organismes régionaux, les gouvernements nationaux et les autorités municipales coordonnent leurs actions.

Dans son rapport intitulé « Pollution de l’air en Afrique : les principaux coupables démasqués », Greenpeace présente des recommandations et des actions pour résoudre le problème critique de la pollution de l’air en Afrique, en insistant sur la nécessité d’investir dans les technologies propres, en particulier dans le secteur de l’énergie. Spécifiquement pour l’Afrique du Sud, le rapport propose la mise en œuvre du plan de gestion de la qualité de l'air de la zone prioritaire du Highveld, en confirmant le jugement de la Haute Cour de Pretoria dans le cadre du litige "Deadly Air".

Bon nombre des causes de la pollution atmosphérique, telles que la combustion du pétrole, du charbon et du gaz, sont également des sources d’émissions de gaz à effet de serre. Les politiques visant à réduire la pollution atmosphérique offriraient donc une stratégie gagnant-gagnant pour le climat et la santé...