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JEAN-PAUL AGON – Le lauréat de L'Oréal


Jean-Paul Agon est le nouveau PDG du groupe L'Oréal, remplaçant ainsi son patron de 20 ans, Lindsay Owen-Jones. L'industriel hérite d'un géant du cosmétique en bonne santé et qui regarde l'avenir, les yeux fixés sur les pays émergents

Chose promise, chose due. Lindsay Owen-Jones quittera le 17 mars prochain, à l'aube de ses 65 ans, son poste de président de L'Oréal pour laisser son siège à son directeur général adjoint, depuis 2005, Jean-Paul Agon.

On tourne la page Bettencourt

Cette nomination conclut deux épisodes tragiques dans l'histoire du leader mondial des cosmétiques : la crise économique et l'affaire Liliane Bettencourt. Si la milliardaire et héritière du groupe devrait se voir proposer, contre toute attente, la reconduction de son mandat d'administrateur, le départ de Lindsay Owen-Jones, patron remarquable, mais très proche des Bettencourt, devrait permettre de tourner définitivement la page. Jean-Paul Agon a en effet une attitude beaucoup plus neutre vis-à-vis de l'octogénaire, actionnaire majoritaire (31 %), que son prédécesseur. Néanmoins, il s'est dit ravi du dénouement heureux du conflit entre mère et fille Bettencourt, qui avait vu le nom de L'Oréal dans les colonnes "justice" des médias. Il avait d'ailleurs adressé ce message aux salariés de l'entreprise : "Je suis très heureux que nos actionnaires, Mme Liliane Bettencourt et Mme Françoise Bettencourt Meyers, se soient rapprochées et je suis certain que vous partagerez cette joie avec moi".

On ouvre le chapitre universalisation de la beauté
Le groupe L'Oréal a cent ans mais n'a connu que cinq présidents. Lindsay Owen-Jones sera resté deux décennies. Jean-Paul Agon ne compte donc pas rompre totalement avec la glorieuse histoire de la multinationale. "Le leader de la beauté doit contribuer à construire un monde plus beau", insiste-t-il. Le nouveau président a les épaules pour assumer cette ambition. Ce diplômé d'HEC Paris est entré dans le groupe en 1978 et a eu en charge de nombreuses filiales de L'Oréal à l'étranger (Grèce, Allemagne, Asie, Etats-Unis). Pas étonnant donc que Jean-Paul Agon souhaite développer davantage le groupe et toutes ses marques (Garnier, Maybelline, Lancôme, Biotherm, Yves Saint Laurent, The Body Shop ?) à l'international et notamment dans les pays émergents. Un travail déjà bien entamé : "La filiale chinoise, que j'ai créée de zéro en 1997 quand j'étais patron de l'Asie, a franchi cette année le cap du milliard d'euros. C'est devenu notre troisième affaire mondiale, c'est une affaire magnifique qui est deuxième sur le marché chinois, en pleine croissance et très rentable.", explique-t-il.

On ouvre les livres de compte
Jean-Paul Agon a en tout cas les moyens de ses projets Le numéro un mondial du cosmétique a renoué en 2010 avec la croissance après plusieurs années moroses. Son chiffre d'affaires, en hausse de 11,6% (+5,6% en données comparables), a atteint 19,5 milliards d'euros. Le luxe et les nouveaux marchés ont porté à bout de bras le groupe, notamment en Amérique latine (17,5% de croissance) et en Asie (+ 11,2%). L'Oréal devrait investir davantage en Inde et en Chine, des marchés encore pleins de promesses. Certains analystes, comme Morgan Stanley, parlent encore d'un possible rachat des 30% des parts que détient Nestlé. Mais ce ne serait pas avant deux ou trois ans ? Le temps pour Jean-Paul Agon d'imposer sa patte sur le groupe centenaire.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mardi 15 février 2011

En savoir plus

Article de BFM TV, Jean-Paul Agon : "Ma mission pour les dix prochaines années sera de conquérir un milliard de nouveaux consommateurs"
Article du Figaro, «L'Oréal entre dans une nouvelle époque»

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