

Le pays du soleil levant s'apprête àdire adieu àson charismatique Premier ministre. Junichiro Koizumi laisse la place àson nº2, Shinzo Abe. Pas de véritable rupture àprévoir, même si les milieux d'affaires attendent fébrilement un rapprochement avec le voisin chinois
Le partant (àgauche) et l'arrivant (àdroite) sont globalement sur la même longueur d'onde (Photo : AFP)
Ses concitoyens le surnomment "homme atypique"("henjin") et ça lui va comme un gant. En cinq ans et demi au pouvoir, Junichiro Koizumi aura fait parléde lui sur la scène internationale comme peu de dirigeants nippon avant lui. A l'intérieur, il s'était mis une écrasante majoritéde la population dans la poche, mobilisant comme jamais l'intérêt des Japonais pour les questions politiques, grâce àune omniprésence très maîtrisée dans les médias.
Mardi prochain, le 26 septembre, Koizumi va céder sa place de Premier ministre du Japon. Il y a un an, quand 62% des électeurs l'avaient plébiscitélors de législatives anticipées, il avait annoncéqu'il s'agirait de sa dernière campagne. A 64 ans, alors que son mandat comme président du Parti libéral démocrate (PLD) ? poste qui vaut automatiquement celui de Premier ministre tant que le parti a la majoritéàla Diète ? touche àsa fin, il a laisséla succession se mettre en marche.
Hier, le PLD a élu son nouveau président : Shinzo Abe, 52 ans seulement et actuel nº2 du gouvernement, sera le nouvel homme fort de Tokyo.
Abe, toujours réformateur mais moins anti-Chinois
Shinzo Abe ne devrait pas rompre ni avec la vision ni avec les méthodes de son charismatique prédécesseur. Premier chef du gouvernement japonais àêtre néaprès la Seconde Guerre mondiale, Abe a promis hier "de porter le flambeau des réformes et d'en accélérer la vitesse". Comme Koizumi, c'est un nationaliste et un chantre de la modernisation du Japon, dans des secteurs aussi sensibles que la fonction publique, l'armée ou la banque.
Sur le plan diplomatique, les bases jetées par Junichiro Koizumi ? alliance presque inconditionnelle avec les Etats-Unis, fermetéenvers la Corée du nord, distance vis-à-vis de Pékin ? sont également appelées àdurer. Avec un bémol, toutefois, sur la question chinoise. LàoùKoizumi effectuait chaque année un très controversépèlerinage officiel au sanctuaire du Yasukuni*, s'attirant systématiquement et de façon presque voulue l'ire des Chinois, Shinzo Abe continuera de s'y rendre mais hors du cadre de ses fonctions et le plus discrètement possible.
Les milieux d'affaires nippons, qui rêvent d'un réchauffement du climat avec leur voisin si dynamique économiquement et courtisépar le monde entier, seraient alors comblés.
Camille VAYSSETTES. (www.lepetitjournal.com) 21 septembre 2006
*Lieu d'hommage aux millions de soldats japonais morts pour la patrie, honni par la Chine et la Corée oùle souvenir de confrontations militaires avec le Japon reste très vif et douloureux.
Lire aussi
Dans les archives du petitjournal.com, Le charme Koizumi opère (13/09/05)
Le Figaro, Les défis de l'après Koizumi
Le Monde, La tension Tokyo-Pékin après Koizumi
































