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Ilias "la gentillesse, la bienveillance des Indonésiens est une surprise continuelle"

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Écrit par Valérie Pivon
Publié le 21 février 2023, mis à jour le 15 juin 2023

Ces dernières années, de plus en plus d’étudiants français viennent faire des échanges universitaires en Indonésie. Nous avons rencontré trois étudiants de la prestigieuse école de Sciences Politiques Paris à Universitas Indonesia à Depok, université située dans la banlieue sud de Jakarta. C’est l’une des universités la plus renommée du pays. 60.000 jeunes étudient sur ce campus. Cette semaine, Ilias Touzani, en échange pour un an, répond à nos questions.

 

En quelques mots, quel est votre parcours ?

Je m’appelle Ilias TOUZANI, j’ai 20 ans et je suis originaire de la banlieue de Villejuif en Île-de-France, j’ai effectué mes années de lycée au sein de l’établissement Darius Milhaud. Là-bas, j'ai obtenu un baccalauréat scientifique avec mention, mais j'ai surtout eu l'opportunité de bénéficier de la convention d'éducation prioritaire (CEP) proposée par Sciences Po pour les lycées en zone d'éducation prioritaire. Après plusieurs épreuves rédactionnelles et d’entretiens, j'ai intégré les rangs de Sciences Po Paris en septembre 2020. De fait, mes deux premières années de licence se sont déroulées au sein du collège universitaire de Sciences Po avec des enseignements tels que l’histoire, la science politique, le droit constitutionnel... Finaliser mon bachelor à Sciences Po par une année d’échange en Indonésie me semblait être idéale. 

 

Pourquoi avoir choisi l’Indonésie pour votre échange universitaire ?

Pour saisir les raisons de mon choix, il vous faut savoir que Sciences Po met à disposition une liste d'universités partenaires sur tous les continents du monde: États-Unis, Kenya, Barbade, Kirghizstan... Ayant à cœur de faire de cette année universitaire une année de découverte, j'ai volontairement omis tout pays occidental. Très rapidement, l’Indonésie s’est présentée comme une évidence. Dans un premier temps, la culture traditionnelle et religieuse possède un charme qui laisse place à l’émerveillement. Iles, ethnies, langues, coutumes, tellement de facteurs qui animent mon choix. Éternel curieux, l’aventure indonésienne se dresse comme une source de satisfaction alliant également mon intérêt pour la découverte. Enfin, le facteur financier joue un rôle notable dans mon choix ; le niveau de vie en Indonésie reste plus accessible et le pays offre un cadre plaisant pour un européen.

 

Quels ont été les premiers chocs culturels à votre arrivée ?

Bien que le pays soit à très large majorité musulmane, il a été surprenant de constater le sécularisme indonésien.

Habitué à une laïcité où toutes formes d’expressions religieuses sont interdites dans l’espace public, l’Indonésie permet à tout le monde de témoigner de son attachement religieux.

De surcroit, la rencontre entre la religion et les institutions publiques me laissent toujours songeur.

 

Un second choc culturel qui m'a été donné de constater n’est autre que la proximité entre les habitants. Dans la capitale, à Bali, Bandung ou Lombok, les portes des maisons sont rarement fermées. Des maisons font en même temps office de lieux de travail (laverie, restaurant, épicerie). Cette proximité n’est pas mauvaise, au contraire, elle témoigne du rapport qu’ont les indonésiens entre eux. Aussi, tout le monde est amené à échanger avec son voisin ce qui favorise l’unité.

 

Dans la continuité de cette idée, le rapport aux gens est indescriptible, tant il est surprenant pour un occidental.

Étant originaire de région parisienne, la gentillesse et la bienveillance des Indonésiens est une surprise continuelle. Je pense ne jamais me lasser de voir des personnes me sourire sans raison et demander de mes nouvelles alors que je ne les connais pas.

 

Qu’est-ce que les premiers mois vous ont appris sur la vie en Indonésie et à l’université ?

Outre le choc culturel, mes premiers mois en Indonésie m’ont permis de me saisir de la culture indonésienne. La gastronomie à base de riz, les coutumes dans les transports ou encore les rapports entre hommes et femmes qui sont radicalement différents de la France. Il s’agit toujours d’une forme de respect bienveillante. La vie en Indonésie est agréable, notamment pour un occidental. Alors que je commence à m’habituer au trafic et aux voitures circulant à gauche, la vie à l’université est ponctuée d’événements hebdomadaires qui rythme mon quotidien. La vie en Indonésie se veut mouvementée, en particulier dans la capitale. Un mouvement qui s’apaise radicalement une fois en dehors de Jakarta.

 

Quelles sont les différences ou similitudes entre les cours à Science po et à l’université Indonesia ?

Pour ce qui est des similitudes, il s'avère que les cours de sociologie, de géopolitique ou encore de sciences politiques s’appuient principalement sur des références européennes, déjà étudiées à Sciences Po Paris. Triste est de constater qu’aucun auteur indonésien ou d’Asie du Sud-Est ne soit mentionné, d’autant plus quand il s’agit d’un cours sur la construction de l’État. Pareillement, les cours se basent sur un échange entre étudiants et professeurs où l'étudiant a le sentiment de délivrer une information au même titre que le professeur.

 

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Ilias Touzani lors d'une conférence sur l'égalité de chances

 

Pour ce qui relève des différences, la charge de travail ainsi que les attentes académiques sont considérablement plus faibles. Par ailleurs, l'organisation du calendrier académique est radicalement différente. Là où Sciences-Po fournit dès le début du semestre les exposés et examens planifiés, en Indonésie cela se fait au dernier moment.

Une autre différence notable est le rapport entre professeur et étudiant. Au contraire de Sciences Po et plus généralement du cadre académique français, les professeurs ne sont pas sacralisés. Aussi, il est courant pour un étudiant d’échanger avec son enseignent via WhatsApp. De plus, les retards en cours ne sont pas sanctionnés ni même mal vus. 

 

Qu’attendez-vous de votre année en Indonésie ?

De cette année, je souhaite revenir grandi. Cette année est une année de découverte de soi- même.

Seul et loin de tous mes proches, elle me permettra de murir ma personne ainsi que mes projets à venir. Cette année ponctuée par le voyage, l’échange culturel, et les rencontres humaines me permet de saisir pleinement l’importance de l’ouverture d’esprit. Par ailleurs, je souhaite faire de cette année en Indonésie, un moteur pour tous les jeunes d’issue de zone défavorisée, pour leur montrer que l'avenir ne se borne pas aux villes dans lesquelles ils grandissent.

 

Avez-vous créé des liens avec d’autres étudiants ? Indonésiens ou étrangers ?

La relation entre les étudiants est très forte, dès les premières semaines de cours tout le monde demande votre WhatsApp ou Instagram, et tout le monde vous invite à sortir pour découvrir la ville. Par ce lien avec les étudiants locaux, j’ai été amené à découvrir un club de jazz perdu dans le tumulte de la capitale, à nager dans les chutes d’eau de Bogor ou encore à gouter une gastronomie surprenante. Par ailleurs, étant dans un bâtiment réunissant tous les étudiants étrangers, j'ai également créé des amitiés avec des étudiants originaires de Belgique, du Mexique, d’Italie, des Pays-Bas, de Russie et du Soudan. Cette diversité fut aussi animée par des matchs de coupe du monde enflammés.

 

Avez-vous eu l’opportunité de découvrir l’Indonésie ?

Depuis mon arrivée, j'ai eu l'opportunité de découvrir l'Indonésie au travers des villes de Bogor, Bandung, Lombok, Bali, et bien sûr Jakarta. Toujours accompagné d’Arif Emre et Nicolas, il me tarde de profiter de Sumatra, Surabaya, des îles Komodo, du cratère d’Ijen et du volcan Bromo…