Suspendu à une épaule ou au front, il accompagne les femmes papoues dans chaque geste du quotidien. Léger, souple, tissé de fibres naturelles, le noken n’est pas un simple sac : c’est un symbole de vie, d’équilibre et d’identité.


Un sac, une histoire, un peuple
Dans les hautes terres de Papouasie, à Wamena, Jayapura ou Paniai, chaque noken raconte une histoire. Fabriqué à la main à partir de fibres d’écorce, de rotin ou d’orchidées forestières, il incarne un lien intime entre les femmes, la forêt et le temps. Les tisserandes papoues extraient les fibres des arbres, les font bouillir, les sèchent au soleil, puis les torsadent patiemment pour créer un fil résistant. Le tissage se fait à la main, sans métier, suivant un rythme ancestral transmis de mère en fille.
Classé au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO depuis 2012, le noken représente bien plus qu’un savoir-faire artisanal : c’est un symbole d’identité et de solidarité. Dans de nombreuses tribus, il sert à tout transporter — des légumes à un nouveau-né. Porté sur le front, il libère les mains et devient un prolongement du corps.
Un tissage de traditions et de liberté
Plus de 250 tribus pratiquent l’art du noken mais chacun d’entres eux est unique. Certains sont bruts, aux teintes naturelles de la fibre ; d’autres sont teints avec des pigments issus de racines, de feuilles ou de terre rouge. Les motifs varient selon les régions, les clans ou les occasions : naissance, mariage, fête rituelle. Le sac devient un marqueur social et spirituel, un objet identitaire autant qu’utilitaire.
Mais le noken n’est pas figé dans le passé. Aujourd’hui, une nouvelle génération d’artisanes papoues le réinvente. Dans les villes, on voit fleurir des modèles plus petits, plus colorés, parfois décorés de perles ou de fils modernes. Ces créations séduisent les touristes, mais aussi une jeunesse urbaine en quête d’authenticité.
« Quand je tisse un noken, je tisse ma vie », confie Yulce, tisserande de Wamena. « Chaque fibre vient d’un arbre que nous respectons. Ce sac, c’est un message : vivre avec la nature, pas contre elle. »
Un symbole de résilience et d’avenir
À l’heure où le plastique envahit les marchés et les forêts, le noken devient un emblème de durabilité et une alternative simple aux sacs plastiques à usage unique. Entièrement biodégradable, produit sans machine ni déchet, il rappelle un savoir-vivre oublié : celui d’un peuple qui puise dans la nature sans la blesser.
Mais pour les femmes papoues, le vrai combat se joue ailleurs : préserver les arbres, transmettre les gestes, maintenir le lien communautaire. Dans chaque village, les cercles de tissage deviennent des lieux d’échange et de résistance culturelle.
Sur le même sujet







