La padelmania déferle sur l’Indonésie !

Le padel, sport de raquette entre le squash et le tennis, connaît une ascension fulgurante en Indonésie. Initialement introduit par des expatriés à Bali en 2022, il s’est rapidement transformé en une tendance urbaine très en vue, portée par la multiplication des terrains disponibles, la facilité d’apprentissage, la formation de communautés dynamiques et un fort potentiel économique.

Écrit par Gaspard Mirrot

Publié le 24 septembre 2025, mis à jour le 4 novembre 2025

Des débuts confidentiels en 2022

C’est une tendance observée partout dans le monde qui a récemment gagné l’Indonésie: le padel. À Jakarta, la croissance de ce sport est exponentielle. De nombreux courts se construisent (essentiellement à Jakarta pour le moment), on compte de plus en plus d’adeptes aussi bien chez les expatriés que chez les Indonésiens et tout un écosystème se crée autour de cette activité: boucles WhatsApp, événements, influenceurs, merchandising… Un phénomène en pleine explosion à tel point que l’on peut parler de padelmania.

Le premier terrain de padel de l’archipel a vu le jour en mars 2022 à Bali sur l’initiative d’expatriés. En quelques mois, une dizaine de courts sont construits sur l’île des dieux. Un développement rapide porté par le fait que ce sport était déjà connu par la communauté expatriée vivant à Bali. À Jakarta, l’essor s’est fait plus progressivement. Les premiers courts sont sortis de terre à Cilandak dans le sud de la capitale en octobre 2022 après que le Suisse Dimitri Burge installé à Jakarta depuis 2019 a découvert ce sport lors d’un déplacement professionnel à Dubaï.

Avec Philippe Schäferdieck et leur ami indonésien Rendra, ces partenaires de tennis décident de s’associer pour lancer un club de padel : le Racquet Padel Club. Les début sont difficiles car cette discipline est méconnue chez les Indonésiens. « On a beaucoup cravaché. A cette époque, pour tout le monde, le padel, c’était le stand up paddle que l’on pratique sur l’eau avec une pagaie! Mais il y a un an, la deuxième vitesse a été passée. Et maintenant, c'est une cadence où chaque semaine tu as un club qui ouvre à Jakarta », souligne Dimitri qui est désormais à la tête de deux clubs dans la capitale. Celui de Cilandak qui compte quatre terrains (bientôt trois de plus) et cinq à BSD.

Un essor spectaculaire des infrastructures depuis un an

En septembre 2025, l’Indonésie dénombre désormais 133 courts, répartis à 40 % dans la région de Jakarta et 30 % à Bali. L’entreprise locale La Padel a récemment annoncé la construction de cinq complexes sportifs à Jakarta d’ici fin 2026, soit 45 courts supplémentaires, ce qui ferait d’elle le plus important exploitant de la discipline dans le pays. Le club House of Padel s’est lui installé sur le rooftop de l’Agora Mall, dans le centre de Jakarta, offrant une vue imprenable sur la ville. L’Atletiks airdome également situé dans le centre propose des courts couverts avec climatisation et air filtré… Couvert, non-couvert, au frais ou au chaud, il y en a pour tous les goûts. Et pour l’instant le succès est au RDV au regard des taux de remplissage des courts. « Depuis l’ouverture en février, nos terrains affichent constamment un taux d’occupation autour de 90 %, le plus bas ayant été de 87 % », déclarait récemment au Jakarta Post, Okie Imanto, cofondateur de WePadel à Pondok Indah.

En moyenne, il faut débourser autour de 400 000 IDR pour une heure jouée généralement en double bien que quelques courts de simple existent notamment au Racquet Padel Club. La plupart des clubs proposent par ailleurs des espaces avec une cafétéria où l’on peut chiller ou trouver du réconfort après l’effort et qui participent au succès de cette activité.

Un vecteur social qui plaît aux expatriés et à la population indonésienne branchée

La recette du padel repose sur deux ingrédients essentiels : son accessibilité (même si l’on n’est pas doué avec une raquette) et sa convivialité. « Moi à la base, je ne suis pas quelqu'un qui fait du sport. Mais le padel c’est très accessible et c’est une activité très sociable. Tu papotes en jouant, tu t’amuses. Je me suis fait des amis et j’ai appris à découvrir mes voisins de mon compound avec qui je joue », explique Rose Nehme qui pratique presque tous les jours le Padel après s’y être mise il y a un an. Installée à Jakarta depuis quinze ans, Rose ajoute que cela lui permet de prendre mieux soin de sa santé. « Désormais je fais aussi deux heures de Pilates par semaine! ».

Carine Durant qui vit depuis deux ans en Indonésie a tout de suite accroché avec le côté social de ce sport qui lui permet une vraie ouverture sur les autres. « C'est vraiment le côté social qui est sympa. C'est une autre façon de se rencontrer. Je trouve que cela favorise la mixité entre expats et Indonésiens », souligne Carine. Pour Dimitri Burge, ces valeurs sociales et communautaires correspondent parfaitement à ce que recherche la population urbaine, branchée et socialement privilégiée de Jakarta qui veut mixer sport et réseautage. Un sport par ailleurs facilement instagrammable qui fait le bonheur des Indonésiens très connectés!

Des communautés se créent sur les réseaux sociaux ou des boucles WhatsApp. Généralement, elles comptent 100 à 300 membres mais certaines peuvent en dénombrer deux à trois mille comme l’application Reclub! Interviewée par le Jakarta Post qui a récemment consacré une enquête à ce phénomène, Lala Karmela, 40 ans, actrice et musicienne, adepte du Padel, a une explication à cette mode : « Nous n’avons pas grand-chose à faire ici à part travailler, aller au centre commercial et faire la fête », dit-elle. « Ajoutez à cela l'obsession de Jakarta pour tout ce qui est ambitieux, coûteux et un peu exclusif, et vous obtenez la recette parfaite pour qu'un sport devienne viral », poursuit le journal.

Selon The Business Times, l’Indonésie se classe 6ᵉ en Asie du Sud-Est et 29ᵉ à l’échelle mondiale parmi les marchés à la croissance la plus rapide.