Saviez-vous que Napoléon Bonaparte avait fait envoyer 240 hommes à Java au début du 19e siècle ? C’est ce fait historique véridique qui est à l’origine du roman historique écrit par l’auteur vendéen Jean Marais.
L’aventure peu commune d’un soldat français à Java
Auguste Collibert nait peu de temps avant la Révolution française dans le Bas-Poitou, une région marécageuse au sud de Luçon connue aujourd’hui sous le nom de Marais Poitevin. Son père, paysan éclusier très pauvre, confie l’éducation de son fils au prêtre-citoyen du village récemment assermenté.
Celui-ci encourage le jeune Auguste à tenter sa chance à la ville : âgé de 17 ans, il s’engage dans une unité du 12e bataillon de la toute nouvelle République. Quelques semaines d’instruction militaire à Fontenay-le-Comte et le voilà parti pour la citadelle de Saint Martin de Ré.
Peu d’information sur le but final qu’on lui assigne mais un discours du commandant le met sur la voie : « Officiers, sous-officiers, soldats […] Vous allez porter la voix de la liberté au-delà des mers, vous allez parcourir les océans jusqu’à l’isle de France [Ile Maurice] où les émissaires de la République […] annonceront la fin de l’esclavage », suite logique du décret de 1794 mettant fin à l’esclavage dans toutes les colonies françaises.
Or l’ultime destination de l’escadre est secrète : il s’agit de rejoindre l’ile de Java afin d’aider les alliés hollandais menacés par les Anglais dans leur colonie. Les voiles des quatre frégates claquent au vent en ce 15 février 1796, le cœur d’Auguste palpite : l’aventure commence.
Le destin d’un homme qui rejoint la grande Histoire
Auguste Collibert fait alors partie des 240 hommes français, majoritairement officiers et sous-officiers qui débarquent à Batavia fin 1803-début 1804. Il découvre alors avec étonnement cette contrée tropicale, si différente de son pays d’origine.
Nous ne dévoilerons pas le reste de l’intrigue de ce roman passionnant et formidablement documenté, sinon que Auguste fera partie de la poignée de soldats français qui resteront sur l’ile jusqu’à leur mort, soit par choix, soit portés par les évènements.
Si le personnage d’Auguste est fictif, de nombreux personnages secondaires qu’on retrouve dans ce livre ont bel et bien existé, à commencer par Daendels, gouverneur général des Indes néerlandaises de 1808 à 1811 nommé par Napoléon Bonaparte.
Un roman riche en détails historiques
C’est d’ailleurs cette frontière invisible entre la réalité et la fiction qui séduira le lecteur, tout comme la riche documentation sur la vie quotidienne d’un paysan du Bas-Poitou juste après la Révolution française et celle des habitants de Batavia au début du 19e siècle. Le tout rédigé dans un style fluide, élégant et engageant.
Nous avons interrogé l’auteur :
Jean Marais, Comment vous est venue l’idée de ce roman ?
"Je suis arrivé à Jakarta au début des années 1990. J’y ai vécu une dizaine d’années, employé par un établissement financier français. En prenant mes fonctions j’ai découvert avec surprise que deux de mes collègues indonésiens portaient des noms de famille aux consonances françaises. En leur en demandant la raison, ceux-ci me répondirent que leurs « ancêtres étaient venus de France comme soldats ».
J’aime l’histoire depuis ma plus tendre enfance. Je me suis renseigné et effectivement j’ai reçu confirmation qu’une demi-brigade de Français était venue à Batavia pendant l’Empire. Beaucoup d’entre eux sont rentrés mais quelques-uns sont restés, se sont mariés et ont eu une descendance."
Comment s’est déroulée l’écriture ?
"De nombreuses années plus tard, lorsque j’étais à la retraite, un ami écrivain m’a suggéré de coucher sur papier cette épisode historique peu connu ; quasiment personne ne sait effectivement que la France a joué un rôle certain à Java. Au départ, je n’avais pas prévu d’en faire un roman. Mais les archives étant quasiment inexistantes, j’ai dû pallier aux manques grâce à la fiction. C’était également nécessaire pour donner de l’épaisseur aux personnages.
Les recherches, les lectures d’archives, la rédaction (à raison de une à deux pages chaque matin) m’ont pris à peu près deux années. J’ai réécrit le manuscrit à plusieurs reprises. Je l’ai soumis à quelques éditeurs : Les Editions L’Harmattan l’ont finalement retenu."
Avez-vous un lien avec Auguste Collibert ?
"Non pas directement mais comme lui je suis originaire de la région de Fontenay-le-Comte. J’ai également inclus mes souvenirs personnels de mon séjour en Indonésie, notamment pour les comportements et habitudes des Javanais. Je n’aurais jamais écrit ce livre de la même manière si l’intrigue s’était déroulée ailleurs."
Destination Tjikole, Jean Marais
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